EDITORIAL
Lundi 31 mars
Avec le passage à l'heure d'été, l'après-midi se rallonge et de retour d'une petite promenade bien agréable au soleil malgré un petit vent d'est plutôt frais, j'ai un peu de temps pour étaler sur le papier les impressions de mes dernières réflexions.
"On est bien chez nous" dis-je régulièrement et je suis un peu répétitif de ce côté-là. Mais n'ai-je point raison ? tant le monde part à vau l'eau de plus en plus rapidement au gré du temps qui passe. Chez nous, la perception est atténuée par un environnement naturel préservé, une vie calme et tranquille, sans faits divers ni catastrophes, sans violence extrême et pas trop de tensions dans la population. Certes, cela fait partie des conversations des bonnes âmes inquiètes des incertitudes montantes du moment, mais ça s'arrête là pour l'instant. Pourvu que ça dure !
La gouvernance du pays reste compliquée, avec des retombées au plus bas niveau. Les choix orientés vers la sécurité pour faire face aux tensions internationales qui veulent fragiliser et réduire la puissance européenne, donc nous soumettre à d'autres valeurs et pouvoirs qui remettent en question nos façons de vivre, vont demander des efforts exceptionnels faute d'avoir anticiper la chose. Les progrès des dernières décennies ont été réalisés sur cette fausse idée que la paix était acquise pour toujours. Maintenant que nous sommes au pied du mur, ou au bord du trou, il est plus que temps de réagir. Et tant mieux si nous arrivons collectivement à l'échelle européenne à réussir ce challenge existentiel, mais ce n'est pas gagné.
Des moyens colossaux ont été trouvés pour avancer dans ce sens : pourtant, quand il s'agit d'améliorer la vie quotidienne des citoyens, ça n'est pas possible. Question de priorité sans doute, ou d'intérêts sûrement. Car tout n'est question que d'intérêt, la morale n'a point de place dans cette affaire. Alors, la condamnation de Marine Le Pen et de ses acolytes du rassemblement national pour détournement de fonds à hauteur de 4 millions d'euros, tout de même, au parlement européen offre une vision des choses intéressante dans l'évolution actuelle du monde. La lourde peine infligée par des juges indépendants a vite été dénoncée par les partis d'extrême droite pour qui c'est une sanction politique qui va empêcher Mme Le Pen de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Peu importe la faute, de leur point de vue, une fraudeuse reste honnête puisque c'est de la politique. La loi qu'ont appliquée les juges a été votée par les députés à la suite de l'affaire Cahuzac, qui n'avait pas été très honnête dans ses déclarations de ressources pour être nommé ministre. Le déni de démocratie que dénonce la Russie à propos de ce procès, où les condamnés ont le soutien du président de la Hongrie, n'est pas franchement surprenant de la part d'autocrates qui bâillonnent au minimum l'opposition dans leurs pays, prônant la liberté de la justice si elle leur est soumise. Avec des soutiens comme ceux-ci, je n'arrive pas à comprendre pourquoi tant de gens arrivent à croire qu'ils sont défendus par des représentants populistes, qu'ils n'admettent pas des décisions de justice qu'ils applaudiraient si elles concernaient leurs opposants.
Tout est question d'intérêts. Les grandes entreprises, les grosses fortunes influencent les pouvoirs civils pour "libérer les capacités d'entreprendre, limiter les charges fiscales et sociales qui sont des freins au développement". Des arguments repris par les populistes pour dire qu'il faut "moins de ce social qui profite à ces miséreux profiteurs". Mais regardons-y de plus près. A qui profite le crime ? Les bénéfices sont privés, les pertes sont publiques : telle est la base du libéralisme. Prenons la Sécurité sociale : les remboursements des frais de santé, si ils allègent la dépense des malades, nourrissent beaucoup de monde et remplissent les poches des actionnaires des laboratoires pharmaceutiques, des cliniques privées, qui savent bien s'y prendre pour facturer leurs services. Regardons l'aide au logement : la baisse de l'allocation il y a quelques années avait été mal perçue des locataires précaires, mais surtout des propriétaires d'appartements qui n'ont jamais hésité à répercuter les hausses de cette aide dans le prix des loyers. Gagnant-gagnant. Pensons aux subventions pour les chantiers publics des collectivités : le surcoût des travaux engendrés par diverses obligations, règles et normes correspondant aux frais de bureaux d'études est souvent égal aux aides publiques, ce qui fournit de l'activité économique aux frais du contribuable sans valeur ajoutée aux dépenses des collectivités. De même, les gros investisseurs, qui n'aiment pas les impôts, exigent des collectivités de financer des infrastructures pour accepter de s'installer à un endroit, sans pour autant apporter des garanties d'emplois ou de développement local.
Réduire les prélèvements est une bonne idée, il faut d'abord savoir où couper dans les dépenses, mais souvent, il n'est pas question de fermer les robinets qui font la fortune de ceux qui en profitent réellement. Il ne faut pas se tromper de cible. La misère peut être une source de profit très rentable pour certains.
Réfléchissons bien sur ce que nous voulons, la mariée peut être trop belle pour être honnête. Demain, on ne rasera pas gratis, ça n'est jamais arrivé. Les idées simplistes cachent souvent des envies de pouvoir absolu, pas de pouvoir du peuple. Les dictateurs se revendiquent toujours du peuple, parlant en son nom sans jamais lui accorder la parole. Pire, en le privant de parole. Je me dis que je suis en danger si jamais nous devions subir un changement de pouvoir politique.
Mais comme nous sommes bien chez nous, je suis rassuré. Je vais profiter de ce beau pays de Giat encore quelques temps, et longtemps si ensemble nous le voulons bien.
Samedi 15 mars
Hier, une lectrice me disait qu'il faudrait écrire tous les jours et moins long. J'ai répondu que l'idée était bien la bonne au départ mais ce n'est pas évident d'avoir cet exercice quotidiennement. Le texte est long, et peut être lu en plusieurs fois bien sûr pour prolonger le plaisir de me lire si tel est le cas. Ce matin, la neige est de retour et la météo chamboule pas mal l'emploi du temps prévu. Bien au chaud, je prends le temps d'écrire ces quelques mots, étant moins bousculé que prévu, sans aller sur les routes. Mes pensées vont vers des proches qui auront une journée bien triste pour dire adieu à une belle personne.
Tandis que les tensions mondiales ne s'apaisent pas plus que ça, même si les curseurs redescendent un peu, les débats citoyens de France reflètent bien la désunion du pays. Aux extrêmes, toujours enclins à défendre la souveraineté et la gloire de la République, la volonté de paix s'affiche dans une drôle de soumission aux idées peu démocratiques répandues par des influences extérieures qui ne nous veulent pas que du bien. Comment peut-on soutenir d'un côté la pleine souveraineté d'un pays tout en le livrant à des puissances impérialistes ? J'ai du mal à comprendre. Les démocrates qui nous gouvernent penchent pour le réarmement de l'Europe dans une union originale pour faire face aux appétits russes et aux dénigrements américains. Cela va coûter et déjà l'inquiétude de devoir payer pour rester libre se ressent : l'individualisme de la société est incompatible avec l'intérêt général. On veut que rien ne change sans participer au pot commun pour que cela soit. De braves manipulateurs d'opinions sont à la manœuvre : l'Etat va piquer notre épargne, ponctionner les livrets ! Voilà une idée qui se répand à la vitesse grand V mais qui n'est à priori pas au programme. En effet, l'appel à l'épargne pour financer l'effort pour garantir la sécurité et la liberté des européens dont nous sommes est d'actualité. Mais la forme, les formes prévues sont moins radicales pour le moment : par exemple et c'est arrivé d'autres fois, le lancement d'un emprunt d'Etat auprès des particuliers semble être une solution envisagé, plutôt que de faire appel au système bancaire qui serait fragilisé par une crise mondiale. Là, on pourrait perdre beaucoup plus d'épargne.
Oui, on aimerait que le monde ne change pas, continuer à vivre en paix et dans le confort de nos sociétés occidentales alors que beaucoup d'hommes et de femmes sur cette Terre, la majorité, sont dans une relative pauvreté, vivant dans la crainte du lendemain où une crise climatique, une guerre, des attentats, peuvent générer une famine, des épidémies, des déportations, des mouvements de population qui causent l'émigration. Souvent les causes de ces problèmes qui nous sont lointains ont pour origine l'enrichissement et la puissance de quelques pouvoirs financiers, militaires ou politiques rarement sensibles à l'humanité. La loi du plus fort est à la mode.
Pourtant, nous sommes tous sur la même planète. Et la volonté de dominer le monde a une limite que la nature fixe : la Terre a tourné sans les hommes pendant des milliards d'années, et elle tournera encore longtemps sans eux s'ils se condamnent eux-mêmes à disparaître. Il faut regarder la lune, pas le doigt qui l'indique et voir un peu plus loin que le jour qui vient.
Au pays de Giat, comme partout en France, la prochaine échéance électorale doit être l'élection municipale en 2026. Beaucoup de maires en place depuis plusieurs mandats vont laisser leur fauteuil. Dans nos campagnes, trouver un successeur n'est pas évident car s'engager à ce niveau demande beaucoup d'abnégation, de volonté, de disponibilité pour un travail exigeant, avec des contraintes difficiles, de la diplomatie et du tempérament, pour gérer des dossiers, des personnels, des citoyens qui ont plus de droits que de devoirs mais qui ne prennent pas part à la vie collective. De nouveaux habitants vont peut-être participer et s'engager, ils pourront même devenir maire et les autochtones critiqueront une personne qui n'est pas d'ici prendre en main leur territoire. Il est possible d'éviter cela : se présenter à l'élection. La critique est aisée, et prendre des fonctions l'est un peu moins, les assumer est encore d'un autre niveau : ceux qui ont le courage d'y aller doivent être remerciés et encouragés plutôt que des les dénigrés depuis son canapé. Question d'efforts.
Ce week-end sera un peu à la calée, cela donne du temps à la réflexion. Ce qui ne change pas, c'est que la vie au Pays de Giat se poursuit tranquillement, au gré des saisons : le printemps arrive, les jardiniers s'impatientent, mais il faut se précipiter lentement pour laisser la nature nous donner des raisons de bien vivre. Profitons de chaque instant, et ça ira mieux.
Mardi 4 mars
Le monde va mal : je crois qu'on ne peut pas mieux résumer l'époque que nous traversons. Il n'y a pas de quoi être surpris, c'était annoncé. Ne pas vouloir y croire n'a pas suffi à ce que ça n'arrive pas. Depuis une quinzaine d'années que je m'essaie à partager mes réflexions, je me rappelle avoir évoqué le changement de civilisation mais je pensais plus aux conséquences du progrès technologique et de l'installation de l'ère numérique succédant à l'ère industrielle. Je n'avais pas imaginé une seconde que le monde allait basculé, et aussi rapidement, dans l'obscurantisme et la régression démocratique : la force physique a pris le pas sur l'humanisme, la puissance financière a pris le dessus du pouvoir politique. Seuls les intérêts matériels comptent, peu importe la dignité humaine.
Depuis le 20 janvier, et la prise de pouvoir légitime de Donald Trump aux Etats-Unis, chaque jour réserve une surprise de mauvais goût. La rencontre à Washington avec le président ukrainien s'est soldée par une défaite cinglante du monde libre : l'administration américaine renie 80 ans de collaboration d'un seul coup en devenant l'allié de la Russie contre les démocraties européenne, lâchant l'Ukraine agressée en soutenant les thèses de l'agresseur russe, pour récupérer des terres rares nécessaires aux intérêts particuliers de capitalistes qui ont pour seule patrie leur fortune.
La majorité des dirigeants du vieux continent sont abasourdis et ils prennent enfin conscience du besoin d'unité au-delà du marché unique qui a favorisé l'économie sans que cela serve à la sécurité. Cette prise de conscience est bien tardive, mais mieux vaut tard que jamais, s'il est encore temps. Cela ne convient pas aux nationalistes et populistes qui ne rêvent que d'indépendance et d'autonomie pour chaque pays. Il faut comprendre derrière ces belles idées qu'il n'est pas question de libertés individuelles. Leur volonté est la prise de pouvoir pour dominer les citoyens, les assouvir pour mieux les contrôler, les soumettre pour mieux les utiliser. Le vice-président américain a fait la leçon aux démocrates européens à Munich en défendant la liberté d'expression bafouée par des règles trop restrictives à son goût. En effet, ces dernières posent des barrières pour favoriser le pluralisme et le respect des idées et des pensées, c'est-à-dire protéger les individus de la diffamation, de l'humiliation publique, d'éviter la propagande des fausses informations et des idées liberticides, de ne pas laisser le champ libre à ceux qui ont les moyens de faire taire les plus faibles.
On a bien vu la polémique bien entretenue au sujet de l'affectation des canaux de télévision par l'ARCOM, agence indépendante du pouvoir politique qui agit selon des critères du droit fixés par la loi votée par le Parlement. La suppression de la chaîne C8, affiliée au groupe de Canal Plus dont le milliardaire qui le gère ne cache pas sa volonté d'influencer les téléspectateurs en faveur d'idéologie autoritaire et sectaire, a soulevé un certain tollé chez les partisans de la liberté d'expression qui ne va que dans leur sens. La crédulité de certains fans pour l'émission "Touche pas à mon poste" est affligeante, mais sans vouloir empêcher les amateurs de buzz d'apprécier les pugilats médiatiques, il faut admettre que les mises en demeure, les amendes relatives aux écarts de conduite de l'animateur et de son entourage, des condamnations appliquées au regard de l'infraction des lois et des règles, ne pouvaient pas laisser indifférents pour prendre la décision l'attribution des fréquences de télévision auxquelles ont pu prétendre d'autres opérateurs qui ont été retenus. Il ne faut pas confondre les désirs et les réalités, mais c'est vrai qu'avec un pouvoir autocratique ou dictatorial, ces questions ne se posent pas. Et vive la matraquage de masse, comme si les réseaux sociaux ne suffisaient pas.
L'éducation de la jeunesse est à surveiller afin qu'elle puisse garder sa liberté de conscience mais elle est en danger, les ingérences des pouvoirs extérieurs sont à la manœuvre, notre naïveté collective sert des intérêts contraires aux nôtres. Il est plus que temps de s'en rendre compte et de travailler à lutter, de résister aux facilités idéologiques présentées sous de beaux atours, mais derrière lesquels se cachent bien des désillusions souvent définitives et brutales. Prenons garde : le besoin d'autorité et d'ordre qu'on nous attribue n'est que l'envie de pouvoir absolu de ceux qui prêchent une soi-disant bonne parole. Rester libre demande des efforts de chaque instant, de la curiosité de tous les instants, pour aller voir derrière les choses, pour comprendre ce qui pourrait se passer si nous ne sommes pas vigilants. L'avenir de la démocratie, donc de la liberté de penser et d'agir, n'a jamais été aussi fragile que maintenant. C'est un mur qui menace ruine parque que les pierres qui en forment la maçonnerie, ce sont nous et le ciment qui les tient, c'est l'unité qui nous rassemble : le respect, la solidarité , la laïcité, la citoyenneté, la liberté, l'humanisme, la protection de la vie et de la planète, le partage, l'égalité des droits...
Tout cela est remis en cause parce qu'on le veut bien, l'histoire s'écrit sous nos yeux, et nous devons en être acteur si nous voulons garder nos modes de vie, si nous voulons que les jeunes aient un futur moins sombre que ce qui pourrait arriver. Le 18ème siècle a été celui des Lumières, le 21ème risque d'être celui des Ténèbres si nous n'y prenons garde.
Je sens que certains fidèles lecteurs vont trouver que je suis pessimiste : franchement, j'ai du mal à être optimiste ces jours-ci, malgré le beau temps, la quiétude du Pays de Giat, et la relative douceur de vivre que j'apprécie pleinement. Peut-être plus que jamais, car j'y tiens beaucoup et je ne voudrais pas que ça se détériore à cause des fous qui nous gouvernent ou qui veulent accéder au pouvoir avec des idées simples mais qui feront mal à tous. Des américains commencent à comprendre, mais c'est trop tard. On n'a plus besoin de choisir entre Trump et Poutine, les chinois regardent patiemment l'évolution qui joue en leur faveur. En 1816, Napoléon avait raison : "quand la Chine s'éveillera...", une citation reprise en 1973 par Alain Peyreffite comme titre d'un essai que j'avais lu adolescent. Déjà, je m'intéressais au monde !
Et il bouge bien, ce monde ! il tangue sérieusement, mais après la pluie, le beau temps. Si ça peut rassurer.
Lundi 24 février
"L'Occident va laisser l'Ukraine se faire bouffer par la Russie pour se faire croire qu'il va conserver son rayonnement déjà bien terni" écrivais-je le 24 février 2022. Je m'étais trompé : il y a eu une réaction et les ukrainiens ont montré une capacité de résistance qu'on n'aurait pas deviné à ce moment-là. Trois ans plus tard, on repose les mêmes inquiétudes mais il faut faire une mise à jour : Les États-Unis de Donald Trump vont laisser tomber l'Ukraine, mais en se réservant une partie de la curée. Les richesses minières ne pourraient être laissés à d'autres, Vladimir Poutine peut prendre le pays, à condition qu'il laisse les terres rares aux américains. Ne parlons pas des européens, tant qu'ils restent des clients. Seul l'intérêt financier est un point de négociation pour Donald Trump, le reste est une perte de temps.
Alors, quel avenir se dessine ? Les divisions européennes, bien entretenues par les influenceurs nationalistes et populistes au service des autocrates russes, américains, turques ou chinois, au travers des réseaux sociaux, sources de propagande solide face à la naïveté des certitudes ancrées dans les esprits pacifiques, montrent la fragilité du vieux continent. Il est temps d'arrêter les palabres, et d'agir en commun parce qu'il y va de la survie de notre modèle de civilisation. Ceux qui n'arrêtent pas de dire que c'était mieux avant pour promouvoir des pouvoirs autoritaires et des frontières imperméables sont des fossoyeurs avérés de notre façon de vivre. Ils ont de belles paroles, savent manier la communication, pour rendre responsables de tous nos malheurs des boucs-émissaires étrangers ou différents. C'est tellement facile, et si pratique pour faire plaisir aux esprits qui ne cherchent pas à comprendre le fond des choses. Pourtant, nous sommes collectivement responsables de ce qui nous arrive, et nous le seront tous ensemble de ce qui va arriver. Il faut arrêter de laisser d'autres gérer notre destinée. Cela passe par l'engagement : la critique est aisée mais l'observateur n'a pas le droit de se plaindre s'il n'est pas acteur. Attendre que les solutions arriveront d'en haut est une utopie qui a la vie dure, les révolutions sont vite récupérées par ceux qui n'ont d'intérêts que leur domination. Les saints sont au paradis, ils n'ont pas d'influence sur des dirigeants qui peuvent se recommander de Dieu mais qui se prennent finalement pour Dieu.
Depuis un mois, Donald Trump multiplie les initiatives pour mettre en place une politique régressive dans son pays et dans le monde. Les citoyens américains commencent à prendre la mesure des décrets signés et appliqués : l'inflation n'a pas ralentie, des pans entiers de l'économie sont affaiblies du manque de main d'œuvre émigrée qui ne peuvent pas s'en passer, la solidarité se réduit comme peau de chagrin, les institutions s'écroulent sous les coups de butoir d'Elon Musk au point que la sécurité intérieure du pays est menacée (l'agence de sécurité nucléaire par exemple n'a plus assez de personnels pour mener à bien ses missions de surveillance des centrales ; les parcs nationaux vont être à l'abandon cet été avec des visiteurs lâchés dans la nature). L'objectif est la privatisation de l’État au seul profit de quelques-uns, comme en Russie notamment. Et la mise en coupe de l'Europe pour la soumettre.
Les réunions et les actions d'Emmanuel Macron et d'autres responsables en Europe montrent une certaine fébrilité pour faire comprendre à tous le besoin d'unité, mais les populistes sont devenus puissants : ils rêvent de pouvoirs nationaux indépendants, mais pour quoi faire ? Rendre service à Trump pour mieux lui servir la soupe ! Être dans la main de Poutine pour assurer à quelques-uns les moyens de leur ego !
Les manœuvres militaires à la Courtine se multiplient, les exercices de l'armée de l'air au-dessus de nos têtes sont plus fréquents : si ce n'est que du spectacle pour le moment, il faut rester vigilant pour que ça reste ainsi. La récréation tire à sa fin, malgré nous. Être résigné ne solutionnera pas le problème. Le monde change, ne pas le voir est déjà de l'insouciance.
Le temps est gris ce soir, la pluie attendue demain. Mais profitons de cette douceur de vivre au pays de Giat, en restant conscient que c'est très fragile.
Lundi 10 janvier
Cette semaine l'Intelligence Artificielle (IA) est en vedette sur l'ensemble des médias en raison de la conférence internationale sur le sujet ouverte à Paris ce lundi. La veille, le Président de la République, Emmanuel Macron, s'est mis en avant pour prendre fait et cause pour cette technologie qui prend de l'ampleur depuis quelques années. De l'autre côté de l'Atlantique, Elon Musk et ses pairs des multinationales de la Tech, plus que soutenus par Donald Trump, sont à fond pour développer les applications liées à l'IA, sans vouloir accepter des régulations, des freins à tout cela. En Chine, l'IA est déjà passée dans la vie quotidienne, au service de l’État pour mieux surveiller ses citoyens.
Alors l'intelligence artificielle fait peur comme toute avancée : déjà l'invention de l'imprimerie avait secoué le monde au 15ème siècle, jusqu'à bouleverser son évolution dont nous subissons encore les conséquences, et l'IA n'en est qu'une des formes d'aboutissement. Mais au 21ème siècle, la vitesse du progrès est si rapide qu'une génération a du mal à l'intégrer et là se pose le problème. On peut être pour ou contre l'IA, cela ne changera pas grand chose, elle est là et va modifier durablement notre conception des choses.
Il y a deux faces à l'IA comme dans toute chose : une bonne et une mauvaise. Et elle est entre les mains de puissants personnages dont les idéaux ne sont pas toujours clairs, mais il est évident que la soif de richesses, de pouvoir semble supérieure à l'envie de servir l'intérêt général de l'humanité. Certes, il y a des promesses, des arguments pour nous dire que ce sera mieux avec l'IA. Mais mieux que quoi ? Nos ancêtres n'ont peut être pas été malheureux dans leur vie, sans progrès techniques, au plus près de la nature. Une chose est sûre, ils n'étaient pas stressés par le surmenage intellectuel, bombardés que nous sommes par des multitudes d'informations à engranger pour ne pas être éjectés de la société. Leur souci était celui d'avoir un toit, un repas d'abord, de vivre simplement : la société de consommation, de communication nous fait croire que l'essentiel est le superflu. Une belle supercherie !
Des bons côtés de l'IA, il y a l'amélioration des diagnostics de santé, l'optimisation de certaines tâches difficiles, l'aide à la recherche... D'un autre côté, il y a les moyens nécessaires à son fonctionnement, car elle est gourmande en énergie électrique la drôle ! et bien sûr, son utilisation sans filtres qui peut aider des personnes bien intentionnées à vouloir plus d'ingérence dans les vies personnelles, dans les actions sociétales, pour mieux contrôler, soumettre, et diriger un monde asservi, réduit en esclavage comme jamais. L'IA peut être une arme redoutable contre la liberté et la culture, deux piliers fondateurs de l'humanité.
J'écris sans son aide, alors ce n'est peut-être pas très bien construit, mais ça reste original : la création de l'esprit est comme la cuisine, il y a du goût dans le fait maison qu'on ne trouve pas dans les plats cuisinés industriels. A nous de vouloir rester libres et conscients, bons vivants ou préférer s'attarder devant des écrans à s'épuiser le cerveau en mangeant de la malbouffe. Nous avons le choix. Mais il ne faut pas se plaindre si on ne fait rien pour changer.
Samedi 8 février
Une fine pellicule de neige nous rappelle que l'hiver n'est pas fini, et on se souvient qu'il y a 20 ans, la neige tombait tous les jours, ralentissant la vie dans les campagnes sans jamais la paralyser. On imagine si cela devait se reproduire avec la réduction des moyens de déneigement, l'évolution de l'individualisme, la fragilité des équipements des réseaux...la catastrophe comme le décriraient les médias nationaux, alors que ce ne serait qu'un épisode intense de neige, jadis normal. On le voit, comparaison n'est pas raison, et pourtant, tous les jours un bruit de fond nous dit que c'était mieux avant.
Alors, des responsables ou supposés comme tel, des influenceurs à la solde des mouvements nationalistes, populistes, extrémistes, sans qu'ils s'en rendent forcément compte, nous incitent à passer la marche arrière de l'évolution sociale et environnementale. Pour retrouver quoi ? moins de liberté assurément, des richesses encore moins bien partagées, des mouvements de foule pour diviser le peuple et créer des tensions qui font le lit des autocrates, des dictatures. On ne sera pas plus riches en prenant ces directions, on ne sera pas aussi heureux qu'avant.
Ceux qui admirent, qui félicitent, la nouvelle administration américaine, les décrets insensés de Donald Trump, ne se rendent pas compte qu'ils risquent d'en être les victimes dans un avenir proche. Il n'y aura pas que les conséquences économiques de l'évolution des droits de douanes sur les produits français et européens, il n'y aura pas que l'augmentation des risques pour la paix ici et dans le monde, c'est tout une vision d'un monde qui va à sa perte que créée le président américain, allié conscient des gouvernants autoritaires de Russie, de Chine, de Turquie, et de quelques autres pays où le mot démocratie n'a pas de sens. Oh ! il va vider les États-Unis des émigrés clandestins, il va résoudre les problèmes de géopolitique au Moyen-Orient ou en Ukraine, il va partager le monde avec son rival chinois. Peut-être, car Donald Trump est d'abord une personne qui n'a d'autres intérêts que les siens. Il se sert d'Elon Musk pour fonder les bases d'un système économique sans garde-fous, sans autres règles que celles du plus fort. Les deux hommes jouent dangereusement la survie de la planète, mais ça plaît à ceux qui ont perdu la confiance dans un avenir qui ne fait pas rêver.
Dans leur stratégie libertarienne, qui exclut ceux qui ne pensent pas comme eux, bien qu'ils usent et abusent du droit à la liberté d'expression en mettant en place tous les moyens de faire taire les oppositions, ils cherchent à diviser l'Europe, avec leurs chevaux de Troie que sont les dirigeants populistes au pouvoir ou proches d'y accéder. Ces derniers prêchent pour que le nationalisme soit la norme, redonner un semblant de pouvoir aux États, comme c'était le cas quand l'Europe était en guerre permanente. En 2025, les européens doivent choisir leur destin : abandonner cette idée de vivre ensemble qui a permis le progrès, l'augmentation du niveau de vie, la liberté de circuler sur le continent, d'avoir la sécurité quotidienne alimentaire, sanitaire... pour être des citoyens de seconde zone dans son pays, soumis aux bons vouloirs des alliés de ceux qui seront au pouvoir, à ne pas avoir le choix de ses loisirs, de sa façon de vivre, de son émancipation, de ses rêves. C'est de cela qu'il s'agit, pas de définir qui est le bon français, pas de jeter l'opprobre sur une communauté, pas de croire aux illusions perdues. Veux-t-on vivre dans un grand pays au sein de l'Union européenne, ou veux-t-on habiter un pays indépendant du tiers-monde en devenir ? Parce que croire qu'en fermant les frontières pour empêcher d'entrer personnes et marchandises va donner de la force est une belle supercherie : une porte fermée l'ait autant de l'intérieur que de l'extérieur. Si on ne rentre pas, on ne sort pas. La France est encore une grande puissance, parce qu'elle fait partie de l'Europe, mais seule, elle ne sera qu'un petit pays à l'ombre des américains, des chinois et peut-être à terme une colonie des russes : ce ne sera pas le grand envahissement, mais une occupation bien plus douloureuse. Il faudrait peut-être regarder les vraies priorités plutôt que de s'attarder sur des sujets de façades qui font causer mais qui ne sont pas ceux qui vont peser sur notre avenir.
Profitons d'être au pays de Giat, nous sommes loin de tout cela, mais attention aux éclaboussures. Nous sommes biens, regardons les bonnes nouvelles : il y en a, et c'est bon pour le moral.
Mercredi 22 janvier
Comme il y a 232 ans, le monde s'apprête à prendre un virage à destination inconnue : la décapitation de Louis XVI avait donné un nouveau sens à la gouvernance de la France, avec des conséquences dépassant les frontières et aux répercussions tangibles. Sans cela, l'histoire aurait pu être différente, Napoléon n'aurait peut-être pas eu le destin qu'on sait, et il n'aurait pas vendu l'Arcadie aux américains : les États-Unis ne seraient pas ce qu'ils sont devenus. Et donc nous ne vivrions pas ce nouveau bouleversement mondial qu'est en train de créer Donald Trump et sa clique, à nos risques et périls.
Depuis deux jours, le monde a les yeux rivés sur Washington, sidéré, consterné par le 47ème président des États-Unis qui n'a d'autre politique que ses intérêts, sans aucune compassion pour le reste du monde, avec condescendance pour tout ce qui n'est pas américain, avec dédain pour qui préfère le débat à la négociation musclée. A son investiture, le gratin des milliardaires du monde, qui s'épaissit chaque année un peu plus, côtoyait celui des réactionnaires populistes mêlé aux courtisans alléchés par les miettes du pouvoir.
Vu d'Europe, certains rêvent de voir la même chose arrivée sur le vieux continent, mais chacun pour soi. Alors que la puissance décuplée de l'économie outre-Atlantique grâce au libéralisme sans limite va mettre la pression sur l'économie mondiale, croire que chaque état peut se renforcer sans union forte de tous les pays européens relève du déni et de l'inconscience pure, voir du suicide collectif. L'Europe est au pied du mur, les bisounours doivent se réveiller pour sortir de leur innocence béate qui pensaient à un monde idéal de justice, d'équité, d'humanité. Le réveil ne suffira pas, il va falloir s'activer vite et fort pour ne pas se faire avaler, pour se défendre dans un premier temps contre le reste du monde qui lorgne sur le marché de 450 millions de consommateurs pour en faire une terre soumise. Les temps vont être durs, très durs : affaiblie par les divisions entre les pays, et dans les pays, entretenues et développées par les puissances étrangères qui veulent dominer le monde, l'Europe de survivra que par l'union à tous points de vue : économique, politique et défensive. Le retour aux états pleinement souverains n'entraînerait que le chaos, la misère, la violence.
La loi du plus fort que préconise Donald Trump, l'abolition des règles que souhaite Elon Musk, la soumission que veut Vladimir Poutine, l'aspiration des richesses que prône Xi Ping, pour ne citer que ceux-là peuvent , doivent nous inquiéter et ce n'est pas en regardant l'évolution du monde sur son canapé, derrière des écrans, que nous nous en échapperons. Veux-t-on être des esclaves des technologies numériques et de leurs maîtres, veux-t-on être dépendant du bon vouloir des gouvernants autocrates, veux-t-on perdre sa liberté contre une sécurité immersive....Chacun de nous a le pouvoir d'agir et de choisir, quoi qu'on dise. Encore faut-il le vouloir !
Qu'on se rassure, nous avons du bon temps à prendre pour le moment, chassons les idées noires et profitons de ce qu'il y a de mieux : le pays de Giat où les tensions du monde sont encore loin, coupons les écrans et passons du temps ensemble, ce sera bien plus intéressant et on dormira beaucoup mieux. Mais restons vigilants, car ce monde là est très fragile, sa solidité est faite du ciment de notre union, de notre intelligence collective, de la force de notre solidarité.
On est bien au pays de Giat, parce que nous le voulons bien.
Mercredi 8 janvier
Les frimas de l'hiver restent faibles pour l'instant, mais la grisaille humide persiste après quelques jours de temps beau et sec autour de Noël. Alors ça tousse pas mal dans les chaumières du pays de Giat, c'est de saison. Autrement, les vicissitudes du monde qui nous entoure et sur la planète ne troublent pas outre mesure la vie locale, tranquille et calme. Les cérémonies de vœux des maires, les assemblées générales des associations donnent le tempo à la partition du territoire. La foire à Giat du 7 janvier était bien représentative du climat local : peu de marchands et peu de clients, mais chacun a trouvé son compte à la veille des soldes.
Alors, si c'est bien calme par chez nous, ça bouge un peu plus ailleurs. Le nouveau gouvernement prend ses marques tant bien que mal, cherchant une direction pour éviter de tomber et donner une direction au pays, tandis que le trouble-fête de ces dernières décennies, Jean-Marie le Pen, levait l'ancre définitivement pour un voyage sans retour après avoir bien changé le paysage politique national. L'économie patine, les agriculteurs doivent élire leurs représentants dans les institutions, et choisir entre la gouvernance partagée avec les gouvernants ou défendre leurs intérêts réels d'indépendance vis-à-vis des structures multinationales tout en renforçant la sécurité alimentaire du pays. Les élus locaux préparent les budgets des collectivités, dans l'incertitude des dotations, dans l'inquiétude du renouvellement des conseils en 2026.
La chaos mondial se précise chaque jour un peu plus : la ligne d'horizon se rétrécit en Ukraine, menaçant l'intégrité d'un pays et au-delà fragilisant celle de l'Union européenne, seul rempart, à consolider, pour résister aux hégémonies de puissances autocratiques. La Russie est affaiblie, mais la Chine est en appui pour mieux prendre le contrôle du monde, prête à affronter les Etats-Unis de Trump, dont le futur président se soucie peu de ce qui n'a pas d'intérêt pour lui, et pour son pays accessoirement, tant que ça lui va. Au moyen-Orient, les nouveaux gouvernants de la Syrie tentent de se donner une image acceptable en Occident pour remettre le pays en état de marche, mais la religion n'est pas loin pour la marche arrière.
La religion, aux principes de paix et d'amour des uns les autres, est prise en otage par des représentants qui s'arrogent des interprétations autoritaires et criminelles pour asseoir des pouvoirs et des soumissions sur les peuples. Le dixième anniversaire des attentats de Charlie le rappellent : la liberté de croire n'est qu'une liberté parmi d'autres, la tolérance exige d'accepter les différences, le respect n'interdit pas la contestation. Nous habitons encore dans un pays où cela a du sens, malgré les influences, les injonctions distillées par les réseaux sociaux manipulés par des puissances ou des individus qui n'ont que faire des idéaux humanistes, démocratiques, sociaux. Toujours un problème de domination et d'intérêts particuliers.
Ce n'est pourtant pas très compliqué de se parler, de regarder dans la même direction, mais c'est tellement plus simple de se laisser guider, de se soumettre : réfléchir, penser par soi-même, être libre demandent de l'énergie et du travail personnel, du temps qu'on ne se donne pas pour préférer le perdre en scrollant sur un écran de téléphone et donner son âme au diable. Ce n'est pas une question d'âge, c'est un problème de lucidité, de volonté, de courage.
Nul doute qu'il y aura des bons moments cette année, et avant d'aller dire un dernier adieu à une bonne personne pour qui j'étais quelqu'un de cher, je me dis qu'il nous faut profiter de la vie et ne se souvenir que des bons moments. Sans chercher à atteindre des sommets inaccessibles, juste à être en paix et rester en bonne santé. Tant qu'on a à manger, un toit sur la tête et des personnes bienveillantes autour de nous, on sera bien chez nous.
Mercredi 25 décembre
Dans ce matin calme de Noël, j'ai un peu de temps pour me pencher sur d'autres écritures que celles des articles qui m'ont bien occupé ces derniers temps et j'ai encore à faire, mais je fais relâche aujourd'hui. Plus d'un mois sans éditorial est un record que j'assume facilement, car j'ai l'impression que le temps avance mais rien ne bouge vraiment.
Il s'en est passé des choses dans l'actualité pourtant, qui ont bien occupé les médias sans forcément intéresser des citoyens lassés, dépités, désœuvrés. En attendant l'installation de Donald Trump à la Maison blanche dans quelques semaines, le monde attend de voir ce qu'il va advenir.
Plus en détail, en France, les députés ont fait tomber le gouvernement Barnier, sans voter de budget malgré une situation financière déplorable. Mais les égos ont plus d'intérêts que celui du pays qu'ils sont censés servir. La difficulté à constituer un autre gouvernement montre à quel point la classe politique est stupide, rivée sur les échéances électorales sans se soucier de la vie quotidienne des français, défendant des dogmes dépassés par l'évolution du monde, plus nombrilistes qu'inquiets de l'avenir. Nous avons les représentants qu'on mérite puisqu'on ne se présente pas : la critique est aisée, je le reconnais. Mais que diable ces gens-là ne comprennent-ils pas ? Enfermés dans des convictions d'un autre âge, incapables de surmonter leurs concepts inefficaces et leurs rivalités de bas niveau, les personnels politiques sont devenus inaudibles, repoussants, désespérants.
François Bayrou a pris le pouvoir de Matignon, nommé malgré lui par Emmanuel Macron. Le premier ministre voit son rêve de toujours réalisé : il a toujours travaillé pour cet objectif personnel, plus que pour satisfaire les besoins de la nation. Ce n'est pas tout d'arriver au sommet, encore faut-il s'y installer ! Cahin-caha, un gouvernement est né avant Noël. Son annonce m'a fait l'effet de l'arrivée d'un train fantôme dans une gare déserte, au crépuscule. Il démontre malgré tout la force de la ténacité puisque des revenants, et pas des moindres, ont repris des fonctions de haut niveau, sans avoir fait la preuve qu'ils étaient bons précédemment. Le droit à une seconde chance ne doit pas être refusé à quiconque, mais pour certains, c'est une prime d'endurance à la médiocrité morale. L'avenir nous dira la durée de vie de ce gouvernement, mais il a une santé bien fragile, et ce n'est pas rassurant dans un monde chaotique. La réouverture de Notre-Dame de Paris aura été la bonne nouvelle du moment, tandis que le désastre à Mayotte ajoute du malheur au pays, à près de 8 000 km : ce petit bout de France délaissé se rappelle aux bons sentiments d'un État qui ne regarde que ses métropoles.
Dans le Monde, le Moyen-Orient reste à feu et à sang, Israël bombarde, la Syrie a fait tombé son dictateur mais n'est pas encore redevenu un pays souverain, le Liban est au fond du trou, l'Iran a perdu un peu de sa puissance. La Chine avance toujours ses pions sur la planète, forte de la puissance que lui a conférée la mondialisation libérale organisée par les États-Unis, pris au piège de leur conception économique instaurée dans les années 1980. Nous vivons un changement de société auquel nous n'étions pas prêts, et il est rapide, donc plein de dangers, plein de risques que vont subir les populations les plus faibles comme toujours. Ceux qui font croire que le repli sur soi pour retrouver une puissance qui fut est une solution ne fait qu'aggraver la situation.
Mais c'est Noël, réjouissons-nous d'être en bonne santé, de se retrouver en famille, de ne pas oublier les personnes seules, de se repaître de bonnes choses, de voir des enfants trop gâtés. Profitons de ces bons moments, parce qu'on est bien chez nous, loin des conflits de tous ordres. Soyons bons envers les autres, ça aide à bien digérer et à bien dormir.
Jeudi 21 novembre
C'est le jour du Beaujolais nouveau ce jeudi, et aussi celui de la première neige : une fine pellicule recouvre la campagne autour de chez moi, à 800 mètres. Ainsi va la vie, intemporelle et évolutive à la fois. Parce que s'il reste des marqueurs fixes, des repères qui rassurent, il y a beaucoup de mouvements dans l'humanité qui inquiètent à la fin de ce premier quart du 21ème siècle.
Dans deux mois, Donald Trump et sa clique prendront les rênes des Etats-Unis, pour appliquer leurs règles et au reste du monde de s'adapter. On ne sait pas de quoi sera fait l'avenir de l'Amérique, mais il y aura des conséquences dans nos vies personnelles directement et rapidement. D'un autre côté, cela va aussi impacter la suite de la guerre en Ukraine et là aussi, nous en subirons les effets. Il peut y avoir la paix, mais quelle paix et à quel prix ? Stopper le conflit demande l'accord des belligérants , qui ne peut exister sans la défaite de l'un d'eux. Sur le papier, l'Ukraine va devoir céder, car il est probable que ce pays sera sacrifié par la volonté, ou l'absence de soutien, des pays occidentaux désunis. L'Europe va couler et sa puissance décliner encore plus, minée de l'intérieur pas la montée des nationalismes et du populisme produite par la désespérance de citoyens à laquelle ne savent pas répondre les dirigeants des pays, trop endoctrinés par les concepts mondialistes et libéraux qui ont menés le monde depuis les années 1980, pourtant causes des problèmes d'aujourd'hui après une euphorie économique glorieuse qui a permis l'émancipation de la Chine, devenue l'usine du monde, mais aussi une puissance qui dame le pion à la suprématie américaine.
Donald Trump n'a d'intérêts que les siens, et quels que soient les accords qui interviendront avec lui, ils ne seront pas équilibrés, tout au plus peut-on espérer qu'ils ne soient pas destructeurs. Mais l'Europe n'y gagnera rien, et la France encore moins. Doit-on se résigner à devenir un petit pays ? Pourquoi pas ? Le Costa Rica s'en sort très bien, c'est un pays où il fait bon vivre, où les libertés sont respectées, où il n'y'a plus d'armée depuis 1948. Le Costa Rica peut ainsi affecter son budget à la qualité de vie de ses citoyens , à l’ensemble de ses universités et à ses trois principaux hôpitaux. L’espérance de vie est élevée, le taux de mortalité a chuté et l’éducation a fait un bon en avant. Le pays présente aujourd'hui un taux d’alphabétisation proche de 100% et et s’appuie sur une sécurité sociale relativement efficace. Bien sûr, avec des voisins militarisés et parfois agressifs, il faut avoir des alliés puissants (les USA et le Brésil).
Dans notre pays, on retrouve les agriculteurs agacés sur les routes comme en début d'année : leurs revendications de l'époque n'ont pas changées parce qu'il n'en a été fait aucun cas au sommet de l'Etat. Il y a eu des promesses qui n'ont pas été tenues : les bouleversements politiques avec la dissolution de l'Assemblée nationale ne l'auraient pas permis. C'est en partie vrai, mais il faudra bien qu'un jour, on arrête de prendre les citoyens pour des gogos, c'est d'abord une question de volonté et un choix de priorités, une vision du monde. Malgré tous les signes qui démontrent que la politique libérale suivie nous emmène dans le mur, rien n'y fait, les dirigeants n'ont aucune imagination pour proposer de nouvelles idées. Pas mieux avec les opposants qui ressortent sans cesse des vieilles recettes qui n'ont pas mieux marché, pas plus capables de trouver des idées nouvelles ! C'est vrai qu'ils ont les mêmes cursus de formation, fréquenté les mêmes écoles supérieures où la diversité des idées n'est pas la chose la plus remarquée ! On n'a les élites qu'on mérite, parce que nous sommes complices de tout cela, volontairement ou pas, mais nous avons collectivement une responsabilité dans la gestion du pays. Soyons-en conscients, avant de critiquer sans agir.
Le monde va mal, et ça n'a pas l'air de s'arranger. Mais au pays de Giat, on ne devrait pas trop se plaindre, surtout au chaud, avec un toit sur la tête, une assiette bien garnie, des gens qui se parlent, et qui écoutent encore, mais qui regardent trop loin parfois pour ne pas remarquer les belles choses à côté d'eux. On est bien chez nous.
Mercredi 6 novembre
Après le mardi noir de l'économie française qui voit Auchan supprimer près de 2 400 emplois et fermer des magasins dont Auchan Nord à Clermont-Ferrand, et Michelin fermer deux usines dans l'Ouest de la France, ce mercredi n'est pas plus réjouissant pour l'avenir avec l'élection de Donald Trump aux États-Unis. Si des français de premier rang, comme Eric Ciotti, s'en réjouissent, il est probable qu'ils ne riront pas très longtemps. Les eurosceptiques peuvent avoir le sentiment que leurs idées ont le vent en poupe avec la déferlante du populisme dans les démocraties occidentales, ils pourraient bien comprendre rapidement que l'isolationnisme américain aura des répercussions sur leur quotidien rapidement.
Les États-Unis vus par Donald Trump peuvent se permettre de verrouiller leurs frontières pour limiter les importations et l'immigration car ils en ont les moyens, forts de leur indépendance énergétique, de leur monnaie, de leurs puissance numérique. Tandis que les jérémiades nationalistes européennes démontrent l'impuissance de notre continent, qui n'est que somme des impuissances de chaque pays obnubilé par un orgueil patriotique dépassé qui au final affaiblit les uns et les autres. Le président hongrois Viktor Orban dont certains applaudissent ses positions anti-européennes, est aux anges : avec ses amis Poutine et Trump, il triomphe en mettant son pays dans leurs mains. Il peut être fier de l'indépendance qu'il défend, éloignée des règles de la communauté européenne en matière de liberté, de justice, de défense mais totalement soumis à son voisin russe, tel un vassal qui n'a d'yeux que pour le pouvoir et reste aveugle du quotidien de son peuple.
Bien sûr, les tenants du populisme et du nationalisme se vantent de servir les peuples au nom de la défense des traditions, des frontières, d'une certaine histoire quitte à la réécrire, au nom d'une puissance révolue qui ne reviendra pas, bien au contraire. Mais leurs enjeux ne sont que la mainmise sur le pouvoir, rien d'autre. Croire que ces vociférateurs veulent le bien des populations est une chimère comme le démontrent les faits du passé, l'intérêt collectif n'est pas dans leur programme. Et tous les moyens sont bons pour y arriver : Viktor Orban a muselé la presse libre, et la propagande est diffusée à grande échelle grâce aux réseaux sociaux américains ou chinois. Les fausses informations pullulent, les vraies informations ne sont pas aussi bien relayées, et on ne croit que ce qu'on veut croire, sans chercher à comprendre.
Les prochains mois seront intéressants pour voir si le désenchantement gagne les esprits gangrénés par les promesses de solutions rapides et sans douleur pour que tout s'arrange, ou si la Résistance des bonnes volontés pour un monde plus juste, plus sain arrive à se coordonner pour faire face au chaos.
Depuis 15 ans et le premier éditorial qui parlait de l'exode rural, et de la métropolisation en marche, il y a eu une évolution du monde inquiétante, mais au pays de Giat, on ne se rend pas toujours compte du changement parce qu'on est bien chez nous, veillons à ce que cela dure.
Mardi 29 octobre
Il semblerait qu'enfin une période de beau temps assez longue s'installe sur le pays de Giat et cela fera du bien au moral dans un temps où la durée du jour raccourcit et qu'il fait nuit plus tôt à cause du passage à l'heure d'hiver. Et pour un peu qu'on évite de trop s'intéresser à l'actualité du monde et de la France, on sera de bonne humeur, loin des bruits de bombes, loin des éclats de voix. La nature est si belle pendant cet été indien qu'il serait bête de ne pas en profiter.
Mais si on regarde un peu l'actualité, force est de constater que ça va de mal en pis. Il faut reconnaître que les gouvernants y mettent du leur pour que ça ne s'arrange pas, et que les citoyens les aident bien en restant spectateurs de leur avenir. Dans quelques jours, on commémorera la fin de la première guerre mondiale, la fameuse "der des der" qui a enfanté beaucoup d'autres conflits depuis jusqu'à nos jours. Les hommes aiment la bagarre jusqu'à s'entretuer allègrement, c'est ainsi depuis des millénaires, mais les moyens de tuer se sont améliorer si bien que les civils sont plus en danger que les soldats, même loin des lignes de front. Et ceux qui commandent sont bien au chaud dans leurs palais, souvent coupés des réalités qui leur font prendre de mauvaises décisions, conseillés par des orgueilleux sans foi ni loi que leur soif de pouvoir, de richesses rendent plus bêtes que les animaux, inconscients de la souffrance du monde et de sa fragilité.
Au niveau du monde, les canons sont en action sur beaucoup de terrains : l'Ukraine est la plus proche, mais la poudrière du Proche-Orient est en train de sauter brillamment. La mer de Chine est un endroit de tensions extrêmes, les tiraillements ethniques ou religieux d'Asie ou d'Afrique sont causes de conflits locaux pas moins meurtriers. Les grands pays, États-Unis, Chine, Russie, Turquie, Iran, producteurs de pétrole ou d'armes (comme la France) redoublent d'efforts pour sauver la paix à condition qu'elle leur rapporte, mais pour le moment, la guerre est plus profitable, et l'ingérence, l'influence sont plus destinés à soumettre qu'à libérer. Sans vouloir être pessimiste, il y a fort à craindre pour notre qualité de vie dans un futur pas si lointain. Comme si le changement climatique ne suffisait pas à fragiliser nos existences, à remettre en cause toute une façon de vivre. Mais pour s'adapter à ces évolutions, les moyens à mettre en œuvre demandent des investissements plus complexes à trouver que pour détruire des pays entiers. Dans une semaine, les résultats de l'élection américaine donneront le la pour les quatre ans suivants : l'Europe doit se consolider et se renforcer, quoiqu'en disent les nationalistes qui revendiquent des indépendances impossible à sauver sans une Europe encore plus forte. Ce n'est pas une question de choix, c'est une évidence pour ne pas devenir des vassaux de ceux qui veulent avoir la mainmise sur la planète. La liberté en Europe ou la soumission dont certains rêvent, au nom de la patrie.
En effet, des dirigeants de partis politiques veulent redonner de la grandeur au pays, sauver la civilisation, et bien d'autres choses qui avaient du sens en d'autres temps, mais à force de regarder le passé, ils oublient l'avenir réel. En idéalisant ce qui n'est plus, ils font croire que cela peut à nouveau exister, et des gens pensent qu'ils ont raison. Nous sommes en 2024, la France est devenu un pays qui pèse peu sur la balance mondiale mais sa parole a encore du sens, à condition qu'elle soit associée à celle de l'Europe qui est une réelle puissance économique mais dont les divisions nationalistes l'empêchent de devenir une vraie puissance politique. En voulant garder leurs prérogatives et ne pas renforcer l'union, les états risquent leur survie : il suffit de voir les élections en Géorgie. L'indépendance de ce pays dont les citoyens rêvent d'être européens, pourrait se réduire à être le jouet de la Russie. On ne peut être un pays fort en Europe que si on joue la carte de l'union européenne.
Et la situation en France, me direz-vous ? Les débats au parlement montrent qu'on n'est pas sorti de nos tracas pour un bon temps. Le compromis n'est toujours pas un mot du vocabulaire politique et chacun reste bien enfermé dans des convictions surannées. Un gouvernement hétéroclite propose des solutions alambiquées pour redresser des comptes plombés, des députés s'opposent en ne proposant pas grand chose de concret : l'innovation n'est pas au pouvoir c'est sûr. Alors qu'il faudrait imaginer des solutions durables, qu'il faudrait tenir compte des avis d'experts comme des avis de citoyens sensés, on nous ressort des recettes de grand-mère qui n'ont jamais marché, qui ne sont plus adaptées à l'époque. On impose des choix sans concertation comme si on voulait faire un peu plus de grabuge qu'il n'y en ait. La proposition de réduction du nombre de fonctionnaires, à laquelle on ajoute une reconsidération des droits d'être malade, sont complètement absurdes car elles ne résolvent pas le problème, ni même une partie du problème, mais vu d'en haut et les yeux rivés sur un tableau excel, comment comprendre la marche du pays ? C'est le statut même de la fonction publique qu'il faut remettre à plat ! et j'entends déjà les syndicats vent debout face à cette idée révolutionnaire ! Mais comment peut-on continuer à gérer la fonction publique avec des méthodes d'un autre temps, comment peut-on continuer à payer les agents avec des grilles indiciaires, liées à des grades, des échelons qui ne riment plus à grand chose. Si cela avait du sens dans les années 1950-1960, au nom de l'équité quand les tâches étaient similaires par niveau, il n'en est plus rien. Chaque poste est différent selon la collectivité, l'institution, l'organisme public où l'agent exerce ses fonctions mais son traitement est le même, et dans les fonctions de base, il n'est pas très élevé même à grade et échelon supérieurs. Il y a des fonctionnaires qui se la coulent douce certainement, mais ce n'est pas forcément ceux de la base, comme d'ailleurs dans l'ensemble des métiers de la première ligne. Rendez-vous compte : le salaire de base d'un fonctionnaire est fixé en dessous du SMIC, il existe un indice de compensation pour être aligné sur la règle, une ligne de plus sur un bulletin de paie qui n'a pas de raison d'être par exemple. Mais on va continuer de mettre des emplâtres sur des jambes de bois pour remettre le pays à flot. Je ne suis pas certain qu'on réussisse, mais on le veut bien. Il faut du courage parfois pour faire avancer les choses et les gens, c'est ce qui manque le plus dans ce pays qui se croit fort, qui veut donner des leçons au reste du monde. Mais pour la marche arrière, il y a pléthore de volontaires.
Voilà quinze ans que je m'exerce à donner des pistes de réflexions, à dire une façon de voir le monde, à rappeler l'histoire qui nous a amenés là où nous en sommes, sans aucune arrière-pensée, parce que je place la liberté au-dessus de tout, et que je m'affranchis des discours bien-pensants, des avis bien tranchés, des convictions sans appel et du qu'en-dira-t-on. Chacun pense ce qu'il veut, mais qu'il laisse penser les autres en toute bonne foi. Et je le rappelle, pour être libre, il faut être curieux et faire sa propre opinion avec l'ensemble des idées, des réflexions, des informations données, pas en s'abreuvant à une seule source. Le goût unique n'est pas toujours bon, ou parfois trop bon, c'est de la diversité qu'on se forge le caractère, l'esprit, l'intelligence.
En ces temps de Toussaint, l'esprit des morts est en nous, pas au cimetière, c'est aussi une manière de se rappeler que nous sommes faits de ce qu'on nous a appris, de ce qu'on nous a fait voir.
Jeudi 17 octobre
Il y a un an débutait une saison des pluies qui ne semble pas s'achever : ce 17 octobre 2024 est encore bien arrosé ! et enfin, je retrouve un rythme de vie plus calme après quelques mois intensifs. Mais en ce premier jour allégé, je me plonge dans l'écriture, alors que j'aurais dû ne rien faire, pour me reposer le cerveau qui est bien fatigué. Il ne faut pas s'arrêter trop brusquement, paraît-il...Une citation sur l'écran me donne des idées :
"La liberté commence où l'ignorance finit" a écrit Victor Hugo tant il est vrai que savoir permet d'être moins soumis , à condition de connaître les bonnes sources d'apprentissage et d'information. L'école devrait être le lieu idéal pour le premier et elle devrait être sanctuarisée dans ses moyens qui ne sauraient souffrir de cures d'austérité. Le budget présenté par le gouvernement, même s'il a été concocté dans l'urgence et face à une situation financière inédite par son déficit et sa dette, ne répond pas à cette évidence. La suppression de 4 000 postes d'enseignants dans le primaire et le secondaire est une annonce complètement incompréhensible. Certes, l'embauche de 2 000 personnes pour répondre aux besoins d'aide aux enfants en situation de handicap est un bon point mais ce ne doit pas être ce qui doit faire passer la pilule. Parce que, du point de vue rural, il y a à craindre pour les écoles de campagne. Qu'on réduise les effectifs de l’Éducation nationale, cela doit être nécessaire : "il faut dégraisser le mammouth" comme disait M. Allègre, mais certainement pas au niveau des enseignants. Dans les services des inspections, des rectorats, et du ministère, des serre-à-rien, des branle-manettes trop payés encombrent des bureaux pour faire quoi ? pondre des directives, des circulaires, faire des statistiques inutiles, écrire des rapports qui ne sont pas lus, faire de la communication à deux balles en inondant les établissements et les collectivités de prospectus qui finissent à la poubelle, de messages qui inondent les messageries, de vidéos sur les réseaux qui rapportent plus à ceux qui en font des parodies. Et c'est valable pour tous les ministères, tous les organes qui en dépendent, tous les comités et commissions créés à chaque fois qu'il y a un problème ou une tension sans pour autant apporter des solutions. Que diable ! avoir le courage de réduire la bureaucratie, d'alléger la charge administrative des citoyens et des entreprises procurerait certainement plus d'économies pour longtemps que de réduire l'accès à l'école.
D'autres représentants de la nation bien à droite diront qu'il n'y a qu'une seule solution pour ramener de l'ordre dans les finances de l’État : supprimer l'immigration parce que les immigrés coûtent cher au pays, et sans rire, ils ajoutent que c'est la source de tous les maux qui gangrènent la société. Et de braves citoyens qui n'ont jamais vu d'immigrer, qui n'ont jamais eu de problème de violence ou d'insécurité, boivent ces paroles bien diffusées par des médias qui s'érigent en défenseur de la liberté d'expression, sous-entendu que ceux qui ne pensent pas comme il faut, les empêcheraient de parler. Rien que de dire cela montre qu'ils sont dans un pays où il est libre de s'exprimer, mais il y a des règles de respect, de démocratie, d'honnêteté intellectuelle, de contradiction à suivre. Il est insupportable de faire croire que la liberté d'expression est en danger parce qu'on est pas d'accord, surtout de la part de gens qui sont d'accord avec le président hongrois ou d'autres autocrates qui réduisent au silence les médias qui ne leur sont pas acquis. Les promesses que tout peut s'arranger par la fermeture des frontières aux immigrés, par la préférence nationale sont une arnaque magistrale. Ce n'est pas qu'à droite, mais ceux qui parlent au nom des français, n'ont d'autre ambition que de prendre le pouvoir, sans se soucier plus que ça du bonheur des citoyens. On promet de raser gratis, de faire payer les riches pour réduire la pauvreté, de rester entre nous pour que ça aille mieux.
Mais dans quel monde croient-ils que nous vivons ? Ils sont sur leur planète sans trop de contrainte et on a l'impression qu'il y a beaucoup de planètes dans notre pays. L'Italie montre qu'elle réduit l'immigration en délocalisant en Albanie l'accueil des personnes qui traversent la Méditerranée, au péril de leur vie, fuyant les misères et les violences de leurs pays d'origine. Misères et violences créées par les tensions mondiales entre les dictateurs d'Asie, de Russie, et les démocraties occidentales sur fond d'influence économique et militaire qui nous permettent encore de vivre richement et en paix relative. 35 000 étrangers en moins pour l'Italie, mis à l'écart en Albanie : le gouvernement de Giorgia Meloni peut afficher sa satisfaction au grand jour, mais il ne dit pas combien cela coûte, car ce n'est pas la généreuse Albanie qui finance cette solution au problème migratoire, c'est le contribuable italien et européen. Nos grands théoriciens de la France rêvée, sans étrangers, exigent une énième loi sur l'immigration, incluant plus de contrôles aux frontières, moins de générosité sociale envers les travailleurs non français. Ce qui se traduit par plus de moyens sécuritaires, plus de travailleurs clandestins : augmenter le budget du ministère de l'intérieur, avoir moins de recettes sociales. Sans compter le rapatriement forcé qui a un coût aussi. Sans compter les répercussions sur les contrats commerciaux avec des pays qui déjà lorgnent vers la Chine par exemple. Ce pays, comme la Russie ou la Turquie, exploite les gisements de matière première des pays africains au profit d'une mafia locale complice des gouvernements sans aucun scrupule à piller des richesses, réduisant les habitants en main d'œuvre corvéable et soumise, coincés dans la misère : une façon d'affaiblir l'Occident en favorisant l'émigration, car ces peuples ne sont pas accueillis en Chine, en Russie ou en Turquie, ni en Hongrie d'ailleurs.
Voilà quelques réflexions sur l'état du monde pour comprendre que les solutions simples qui nous sont proposées pour un avenir meilleur n'existent pas, et surtout qu'elles ne viendront pas d'en haut : c'est à nous de nous prendre en main, collectivement. Individuellement, ce ne sera que pour se battre à un moment ou à un autre, ça ne marchera pas et ça fera le jeu de ceux qui ont le pouvoir : mieux diviser pour mieux régner. Encore, faut-il se bouger, sortir d'un relatif confort qui risque de ne pas être éternel, s'engager pour le bien vivre ensemble. Mais c'est tellement plus facile de regarder les réseaux sociaux, de parler à des personnes éloignées qu'à ses voisins, de croire aux fausses informations qu'à chercher la vérité, d'avoir des illusions que de vivre dans le monde réel.
Dimanche 22 septembre
C'est l'automne et le premier jour du nouveau gouvernement dont la composition a été dévoilée hier : le premier ministre, Michel Barnier, nommé deux mois après les élections législatives a mis deux semaines pour former son équipe, non sans mal. Un jeu d'équilibre entre diverses formations politiques qui, ensemble, ne font pas une majorité absolue. Un jeu d'équilibre pour satisfaire les prérogatives présidentielles à l'origine du problème démocratique de la période.
Heureusement, après l'arrivée en tête de la gauche modérée aux élections européennes, devançant l'extrême droite et laissant le camp macroniste en troisième position, déclenchant la décision historique de la dissolution de l'assemblée nationale et après les élections législatives amenant une coalition bancale de gauche en première position, mais ne représentant qu'un tiers de l'assemblée, laissant une situation avec moins de marges de manœuvre que précédemment, il y a eu les jeux olympiques. L'organisation, les cérémonies, les compétitions, les victoires et les médailles pour la France, ont enchanté le pays et le peuple, mettant en place une communion, une cohésion comme on n'avait pas vues depuis plusieurs décennies. Chacun a pu s'en féliciter, mais les habitudes ont repris le dessus et les gouvernants, comme leurs opposants, n'ont de ligne d'horizon que la prochaine élection présidentielle dont la limite est mouvante.
Alors que la guerre en Ukraine perdure avec toujours autant de dégâts et d'incertitudes sur l'avenir de l'Europe, alors qu'Israël joue avec le feu sur la pétaudière du Moyen-Orient, montrant ses forces technologiques pour réduire des ennemis immortels, alors que la position de la France en mode flottement devient inaudible sur la scène mondiale et au niveau européen en perdant un commissaire de première ligne, voici le gouvernement prêt à prendre des fonctions temporaires tant il est certain qu'il ne peut gouverner, tellement éloigné des préoccupations des populations, le regard rivé sur le déficit de l’État qui lui est transmis par des donneurs de leçons qui n'assument pas leur rôle dans la dérive des comptes publics, et rejettent la faute sur les collectivités locales à qui l’État transfère sans vergogne des charges sans compensation, et qui demande des efforts d'investissement qui lui seront profitables. Gérer avec l'argent des autres mérite plus de rigueur et d'honnêteté que ce mépris affiché et cette condescendance d'un pouvoir déchu.
Sans être devin, il est sûr qu'il faudra passer à la caisse dans un temps futur plus ou moins proche, la réduction des dépenses ne compensera pas l'absence de recettes nouvelles autres que fiscales. Il y a du potentiel à récupérer dans des niches fiscales obsolètes, dans les droits de succession, dans l'imposition des plus riches comme dans la diminution de la bureaucratie, de l'organigramme des services d’État et leur organisation verticale riche de strates trop nombreuses. La loi NOTRe était sensée réduire le millefeuille administratif avec des fusions locales et régionales : pour l'instant, s'il y a moins d'intermédiaires, l'efficacité n'est pas visible et on ne peut que constater un foisonnement de personnels là où il devrait y avoir moins de fonctionnaires territoriaux. Ceci s'explique par le transfert de compétences, de charges, sans pour autant donner de l'autonomie dans l'organisation du service public de proximité dirigée depuis les capitales régionales ou Paris mais gérée par les municipalités et les communautés de communes. Et vu d'en haut, les particularités locales s'estompent singulièrement, notamment si elles sont rurales alors que tout est décidé en fonction des métropoles.
Le gouvernement va devoir plancher sur un budget qui ne devra pas fâcher les différentes tendances du parlement qui peut le soutenir, et qui devra plaire aux institutions européennes appelant à réduire un déficit trop creusé par facilité de ne pas trop déplaire afin de garder le pouvoir. En vain. Mais le courage n'est pas à la mode en politique, l'opportunité est la règle, le court-terme électoral la limite. La Terre tourne, les catastrophes sont annoncées, mais le principe de précaution ne prévaut pas à ce niveau : démerdez-vous ! pourvu qu'on puisse rester en place ! ou la prendre...L'intérêt général à long terme est une vue de l'esprit pour les naïfs qui veulent y croire. La solution reste entre nos mains, à nous de travailler ensemble pour surpasser les problèmes qu'on nous impose, à notre hauteur pour s'élever vers un futur plus heureux.
C'est dimanche, c'est l'automne, il fait gris. Les champignons poussent, il reste de la joie de vivre en magasin, profitons-en. Parce qu'on est bien chez nous...
Samedi 7 septembre
Au regard de la météo du moment, il pleut des trombes d'eau en ce début de samedi après-midi, il n'y a rien d'autre à faire que de patienter pour attendre une éclaircie. Autant passer ce temps à réfléchir pour produire une nouvelle chronique qui semble attendue depuis le déblocage de la situation politique estivale avec la nomination d'un premier ministre le 5 septembre.
Reprenons l'ordre des choses de ce fol été français que les jeux olympiques ont enchanté avec un beau prolongement des jeux paralympiques extraordinaires pour faire évoluer le regard de chacun sur le handicap. Le Président de la République n'a pas du passer des vacances tranquilles embourbé dans le marécage qu'il a contribué à créer. Le résultat des élections européennes auront été volcaniques en France avec des conséquences inimaginables : le camp présidentiel a perdu ces élections qui ne devaient pas changer le calendrier de la gouvernance nationale déjà bien complexe sans majorité absolue à l'Assemblée nationale. Certainement vexé, le Président a-t-il eu un coup de sang pour décider la dissolution de l'Assemblée ? Il faut croire que oui parce qu'après les élections législatives, le brouillard est en place pour naviguer en politique française pour quelques temps encore. Déjà que ce n'était pas simple, c'est devenu impossible.
L'union électorale des partis de gauche est arrivée première à ces élections, bénéficiant du front républicain dans les triangulaires pour réduire le score du Rassemblement National. Des députés de gauche ont ainsi été élus, non pour leur programme, mais pour faire barrage à l'extrême droite. Mais ce n'est pas la lecture des responsables de la France Insoumise qui vocifèrent avoir remporté une élection sur le programme du Nouveau Front Populaire, et qui ont exigé l'application de celui-ci avec un premier ministre choisi par eux. La Constitution, qu'ils combattent, comme tout les mauvais perdants, quand elle ne leur convient pas, donne le pouvoir de nomination au Président. Celui-ci, aussi imbu de ses prérogatives que ses opposants sont persuadés d'être maîtres du jeu, joue un jeu pervers et risqué, avec une stratégie incertaine, pour tenter de maîtriser l'avenir du pays selon ses idées.
Le roi de la concertation et du dialogue qui ne tient pas compte des avis des autres continue comme si de rien n'était. Il tente le tout pour le tout et sort de son chapeau Michel Barnier, un homme politique expérimenté, ayant le mérite de savoir discuter, droit sans ses bottes, mais qui est le représentant d'un des plus petits groupes parlementaires de l'Assemblée, celui des Républicains. L'homme sera-t-il le messie pour enclencher un consensus qui fera avancer le pays, contre l'avis des gens de gauche-gauche et sans l'aval de ceux de droite-droite ? On verra à l'usage des voltes-faces des députés les moins acharnés à suivre les dogmes, les présidentiables et tous les égos démagogiques à la tête des partis politiques. Tout ça n'est qu'une question de personnes de bonne volonté, privilégiant l'intérêt général plutôt que les intérêts, aussi louables soient-ils, de groupes de population défavorisés comme très riches. L'équation est à plusieurs inconnus : réduire les inégalités sans compromettre l'action économique ; améliorer les services publics de l’Éducation, de la Santé et de la Sécurité sans ignorer les défis environnementaux ; remettre la cohésion au centre du jeu sans augmenter les rivalités des territoires, des campagnes contre les villes, des régions puissantes contre les plus faibles ; garder la culture partout dans le pays sans réduire les investissements ; garder l'agriculture industrielle exportatrice sans détruire l'agriculture familiale vivrière et gardienne des paysages ; ...etc..Les enjeux ne manquent pas.
Pour cela, il faut aussi remettre de l'ordre dans les comptes de la nation, ce qui semble la base nécessaire sur le long terme. Peut-être que le prochain ministre de l'économie et du budget saura mieux compter que celui qui s'en va et qui a osé pointer du doigt les collectivités locales pour trop dépenser, alors que l’État leur serre la ceinture en les contraignant à des dépenses obligatoires qu'il leur a transférées sans les compenser : elles n'ont pas le droit d'être en déficit contrairement à un État et ses gouvernements qui ne montrent pas l'exemple et qui se plaignent. L'austérité va arriver, il n'est pas possible de faire autrement, quel que soit ceux qui vont gouverner les prochaines années. Pas la peine de faire des promesses que tout ira mieux...on ne rasera pas gratis d'ici longtemps.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, je dois aller voir ailleurs. Il fait bon vivre au pays de Giat, et c'est bien ce qui compte le plus.
Vendredi 23 août
Ce soir démarre la fête de Giat, une manifestation qui marque la fin des vacances dans les esprits depuis des lustres, encore plus depuis que la rentrée scolaire est au début septembre. La saison estivale aura été partagée entre un mois de juillet humide et frais et un mois d'août de saison ponctué de petites périodes caniculaires, mais rien de grave pour la région. Pas de sécheresse en vue cette année, la nature est verte à souhait, la végétation bien consistante. On est bien chez nous.
Cet été a été marqué par les jeux olympiques de Paris. J'avoue n'avoir suivi que la cérémonie d'ouverture, et constaté les résultats des athlètes à distance. Cette grandiose célébration des jeux et de l'histoire de Paris, mêlant l'accueil des sportifs du monde entier à des temps artistiques autant osés que féériques, montrant le génie français et une ouverture d'esprit rallumée en ces temps d'obscurantisme rétrograde bien promu sur les réseaux sociaux par des influenceurs radicaux de toutes obédiences. La fête a été libre et cela lui est reproché par les fanatiques de tout bord, qui n'aiment pas la joie et le plaisir. La parodie du Festin des Dieux a choqué les bons chrétiens obnubilés par le premier degré, souffrant d'un manque d'humour certain, cherchant les poux dans des têtes innocentes. La démonstration du luxe à la française n'a pas été appréciée des pleureuses de la gauche radicale qui ne peut comprendre les subtilités d'un libéralisme décomplexé mis en avant pour valoriser un esprit créatif envié dans le monde entier. Ramener la religion et la politique dans tout jusqu'au plus petit détail est un signe inquiétant de volonté de mettre sous tutelle les esprits indépendants, le principe de la démocratie, le débat pour aboutir à l'asservissement des peuples à la gloire des autocrates, des dictateurs, des potentats religieux, sans que ça fasse avancer l'humanité. La régression de ces progressistes fait le pendant au développement encadré des conservateurs, c'est un paradoxe qui mène le monde depuis sa création.
Cette parenthèse enchantée des jeux olympiques a fait oublier la politique à tous les niveaux. Depuis les résultats des élections européennes ayant entraîné le séisme de la dissolution de l'Assemblée nationale et l'arrivée d'une nouvelle chambre des députés sans majorité claire, un gouvernement démissionnaire resté en place depuis plus d'un mois, un président de la République qui prend son temps, la vie politique était en vacances et ça fait du bien à l'esprit. Cette semaine, le réveil des jamais contents a été brutal. Le Président les laisse mariner encore un peu, histoire de mieux fissurer des alliances électorales montées trop vite entre gens qui ne se supportent pas à gauche, incapables de pouvoir gouverner avec des compromis, autant dire empêcheurs de bien vivre ensemble, rêveurs de révolution prolétarienne pour purger le pays de ceux qui pensent autrement, défenseurs d'une démocrature plutôt que de la démocratie. Ah ! ils font les fanfarons parce qu'ils sont arrivés premiers, avec des exigences et des vociférations inutiles, des lectures constitutionnelles qu'ils ne tolèreraient pas s'ils étaient au pouvoir, des velléités dangereuses pour la liberté individuelle. Alors que l'extrême droite, plus perverse sans doute, regarde avec jubilation le spectacle de ceux d'en face qui les place en bonne position pour atteindre le pouvoir sans avoir besoin de programme : on en est arrivé au point où le Rassemblement National rassure plus qu'il n'inquiète, tout l'inverse de ce que voulait dire le Front républicain des élections depuis 25 ans.
Les gens de bonne volonté qui aimeraient s'engager dans des chemins consensuelles ne seront pas assez fous pour rejoindre le panier de crabes des politicards qui préfèrent le chaos à l'efficacité, et pendant ce temps, l'Administration qui a le réel pouvoir dans le pays, va accroître son autorité sur la vie quotidienne des français, pour un peu plus de bureaucratie et de complexité : tout ce qui faut pour donner du grain à moudre aux râleurs que nous sommes collectivement.
Nous entrons dans une période d'incertitudes, sans doute nécessaire pour mettre les responsables face à leurs incapacités, à leurs inefficacités, à leur bêtise, eux qui se croient au-dessus de la moyenne, bardés de diplômes qui ne les rendent pas intelligents pour autant, et certainement plus imbus de leur personne que les invisibles qui font tourner le pays, souvent emplis de ce bon sens et de cette sagesse qui manquent tant dans les palais dorés de la République.
Il fait beau en cette fin de période de vacances, profitons encore de notre beau pays de Giat où il fait si bon vivre, à condition de ne pas vouloir décrocher la superbe lune qui éclaire les nuits de ces jours-ci.
Vendredi 26 juillet
Très occupé ces derniers temps par le travail et les reportages causés par les nombreuses manifestations locales, et si on ajoute quelques péripéties techniques, j'ai eu du mal à trouver du temps pour écrire quelques impressions sur ce temps qui passe, riche en rebondissements politiques depuis le 3 juillet.
Commençons par le pays de Giat qui n'a pas été bouleversé par les élections et qui a voté majoritairement pour renouveler sa confiance à Christine Pirès-Beaune, députée depuis 2022, et qui est devenue à la suite de cette réélection questeure à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire trésorière pour faire court. Cette élue de terrain a la confiance de ses pairs sur le territoire malgré les différences de tendance politique, ici on est plutôt à droite, surtout à Fernoël, où la plus grande partie des électeurs semble craindre l'émigration et l'insécurité plus qu'ailleurs bien qu'il n'y ait pas de problèmes de ce genre localement. Ils ont leurs raisons et c'est très bien ainsi.
En Creuse, à côté, le département a désormais un député bien à droite, jeune et inexpérimenté, arrivé d'on ne sait où pour remplacer une députée bien à gauche, radicale et si peu présente sur le terrain. La présidente du Conseil départemental n'a pas gagné la triangulaire et réussi son pari d'attirer les creusois pour les représenter à Paris.
Au niveau national, c'est "tendance bordel". Aucune majorité absolue et trois grandes tendances se partagent l'hémicycle : chacun garde ses prérogatives et le pays n'est plus gouverné, n'est plus gouvernable. Tant qu'une grande partie des députés préfèreront représenter leur parti, ou eux-mêmes, plutôt que les électeurs de leur circonscription, les choses ne bougeront guère. Il serait temps que la classe politique murisse et arrête de regarder dans le rétroviseur, d'évoluer comme la population lui demande pour grandir la fonction, aller vers un consensus acceptable pour aller de l'avant. Face à un président tout aussi immature, qui ne comprend pas que le pays puisse être gouverner sans qu'il s'en occupe exclusivement, ça n'arrange pas la situation. Tout continue comme avant, alors que tout a changé. Chaque parti critique l'autre, alors qu'il ferait pareil dans la même situation, voir pire. Tous ont critiqué le 49-3, ceux qui vont gouverner s'en serviront allègrement bientôt.
Heureusement, aujourd'hui débutent les Jeux Olympiques à Paris : une trêve bienvenue pour apporter un peu de détente, et même l'été semble arriver...
Mercredi 3 juillet
Ce début d'été est extraordinaire, je crois qu'il restera dans les mémoires autant par la météo exécrable que par l'actualité nationale rebondissant de jour en jour depuis le 9 juin dernier, quand le Président de la République a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale.
Depuis le pays de Giat, où je reste très occupé par l'actualité locale très riche de manifestations diverses et variées et par des engagements associatifs et personnels prenants, l'ambiance n'est pas des plus euphoriques qu'il soit. La fraîcheur et l'humidité de la période, qui se répètent depuis la mi-octobre de l'an dernier sans quasiment discontinuer minent le moral des plus optimistes des personnes rencontrées. On essaye bien de trouver de quoi ne pas être trop triste, ça n'est pas facile.
Depuis ma dernière prose, rien ne semble avoir changé et mes réflexions restent identiques. J'ai plus été chagriné par la disparition de personnes qui m'étaient proches que par les évènements politiques. Il n'y a pas tant de gens intéressants dans nos entourages, et quand il en manque deux, tout notre monde est vraiment dépeuplé pour reprendre ce que dit le poète. Mais la vie continue. Les visites des villages fleuris en Haute Combrailles auxquelles j'ai participé trois jours durant et que je suis depuis plus de vingt ans montrent bien l'évolution de la société : moins de collectif, moins d'engagement, notamment des plus jeunes, dans l'intérêt général. Les personnes qui œuvrent bénévolement à la valorisation du cadre de vie vieillissent et leur remplacement ne semble pas évident. Elles entretiennent ce qui a été entrepris il y quelques décennies, mais rares sont les nouvelles places des hameaux, les éléments du petit patrimoine à être intégrés dans la démarche. Le citoyen de notre époque demande beaucoup, mais propose peu.
Les communes, le département sont critiqués parce que les bords des routes ne sont pas fauchés assez tôt, parce que les gravillons gênent la circulation après les travaux d'entretien de la voirie, et tant d'autres remontrances exagérées : je le vois ici et là, des agriculteurs, des habitants prennent le temps de faire ces travaux sans rien réclamer, juste pour le bien commun et ils n'ont pas toujours la reconnaissance des râleurs. Ces derniers ont acquis de la puissance avec les réseaux sociaux et ils n'hésitent pas à donner leurs points de vue, avec des arguments qu'eux seuls comprennent souvent, ou en reprenant la petite chanson du moment qui veut que tout va mal à cause des autres.
Ah ! qu'il est facile de ne pas se remettre en cause en faisant porter le fardeau par les plus faibles : tel semble le credo de ceux qui voient le pouvoir changer de main pour mettre en place des mesures miraculeuses pour redresser une situation qui n'est pourtant pas si affaiblie que ce qu'ils veulent faire croire. Dans l'opposition, on exagère beaucoup. Aux affaires, ce sera autrement. Il faudra tenir compte du monde tel qu'il est, comprendre que le pays est interdépendant de beaucoup d'autres, et qu'intérieurement la paix et la sécurité ne se décrètent pas en claquant des doigts.
Les mesures économiques annoncées en faveur du pouvoir d'achat, d'un côté comme de l'autre, ont-elles des chances d'améliorer la situation des ménages ? A court terme, peut-être. Mais si on regarde les choses d'un peu plus près, la hausse de consommation que cela peut engendrer va-t-elle servir à celle du PIB ? ou ne va-t-elle pas profiter aux importations, et donc fragiliser les entreprises du pays, notamment les moins importantes ? Parce que les consommateurs les moins fortunés, qui ont du mal à joindre les deux bouts, n'ont pas d'autres choix que d'acheter au meilleur prix, et force est de constater que les produits français sont mal placés. De plus, la concurrence des commerces en ligne ne favorise pas le développement des commerces physiques des petites villes de chez nous.
De même, la fermeture des frontières aux "étrangers non désirés" ne résoudra pas le problème de l'immigration. Les études sérieuses, dont on ne parle jamais, montrent que le coût de l'immigration est absorbé par la recette produit par les travailleurs immigrés, qui, déclarés, participent au financement de la solidarité dont certains veulent les priver. Construire des murs, renforcer les contrôles, demandent des moyens et donc une participation du contribuable qui trouve qu'il pait assez d'impôts et de taxes. Faire croire qu'avec les économies réalisées en restreignant l'assistanat aux plus pauvres qui ne sont pas français, on va améliorer le sort de ceux qui travaillent comme il faut est une promesse qui n'engage que ceux qui y croient. Il est bon de rappeler que les apparences sont trompeuses, Les gens "assistés" sont en majorité de nationalité française, même s'ils ne sont pas blancs et s'ils n'habitent pas dans des banlieues où sévit la violence.
Tout ça pour dire que le problème, ce n'est pas la couleur de peau, la religion de l'autre, la nationalité : c'est la misère. En ne voulant plus aider ceux qui en ont le plus besoin, quelque soit le cas de figure, on ne va qu'accroître cette misère, et par enchaînement logique, la délinquance, la violence. La paix sociale a un coût, le réduire a un prix. Et au final, on y perd de la sécurité et de la liberté, sans gagner plus de pouvoir d'achat.
Les futurs gouvernants, qu'ils soient de la droite radicale et nationaliste, ou qu'ils soient d'un mélange de genres qui va du centre à la gauche modérée, ou encore qu'ils soient de cette gauche qui fait peur, vont avoir du travail, mais certainement pas pour redresser le pays, mais pour qu'il reste un pays respecté dans le concert des nations, pour que ses habitants soient rassemblés. La situation clivante du moment est dangereuse, il appartient à chacun de vouloir faire nation plutôt que de se taper dessus, notre destin est d'abord entre nos mains. Arrêtons de suivre bêtement ceux qui ne rêvent que de pouvoir, pour mieux nous manipuler, nous soumettre ensuite. C'est cela l'enjeu, le seul. Il ne faut pas se plaindre, il faut agir.
Tous parlent au nom des français, mais aucun ne représente la majorité. Il est notable que ceux qui peuvent gagner le 7 juillet ne parlent plus d'élections législatives à la proportionnelle maintenant qu'ils sont au bord de la majorité absolue grâce au type d'élection en vigueur. Et que n'entendons pas encore les récriminations au sujet de la dérive du pouvoir qui favorise ses amis : attendons le changement de majorité et ce qui a été dit hier, tant sur le 49.3 que sur la volonté de ne pas entendre le "peuple" risque fort de faire un effet boomerang. Et si ça ne marche pas, ce sera la faute de l'héritage, de l'Europe, et des autres qui ne comprennent pas...mais on aura tout fait bien !
Voilà, maintenant votez pour qui vous voulez, je ne donne pas de consigne, et je n'en demande pas non plus. Quant au front républicain, il faudrait que ceux qui en bénéficient n'oublient pas qu'ils doivent leur place à des électeurs qui ne pensent pas comme eux, et que ce n'est pas un blanc-seing pour faire la politique qu'ils représentent, et qu'ils doivent en tenir compte. Ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent et ce qui explique en partie la situation...Comme je dis souvent à qui veut l'entendre : "il ne fait pas prendre les gens pour des c..., ils s'en aperçoivent toujours !". Le respect.
N'oubliez pas qu'il y a des fêtes dans le pays, organisées par des bénévoles : allez-y, ça fera du bien au moral, ça montrera l'intérêt porté au territoire, l'envie d'en faire partie.
Mercredi 19 juin
Au lendemain de l'anniversaire de l'appel du Général de Gaulle le 18 juin 1940 pour refuser la soumission du pays à l'Allemagne nazie, dix jours après l'annonce de la dissolution de l'assemblée nationale par le Président de la République, et autant avant le premier tour de ces élections législatives, je m'essaie à mettre de l'ordre dans mes réflexions bien tourmentées par cette accélération précipitée de l'histoire.
Le résultat des élections européennes était attendu : une majorité d'électeurs français ont fait de ce scrutin une élection nationale et un referendum contre le pouvoir en place, se souciant bien peu de l'intérêt de cette élection, qui, pourtant a autant d'influence sur notre vie quotidienne que la vie politique franco-française. Mais voilà, il faudra réécrire la chanson de Sardou "J'habite en France" car si "la France c'est aussi un pays Où y a quand même pas cinquante millions d'abrutis", on peut douter de l'affirmation de 1970.
Déjà, personne ne le dis très fort, il y a la moitié de la population qui ne s'exprime pas dans les urnes, ce qui relativise les exploits des élus, et les élucubrations des ténors de la politique dans les médias sont plus proches du coup de vent que du coup de génie. Les analystes pérorent pour expliquer la déshérence des électeurs qui "se sentent abandonnés, rejetés, déclassés" pour se réfugier chez ceux qui leur font croire aux lendemains enchanteurs, ou de ceux qui "ont peur de l'avenir face à des changements sociétaux qu'ils ne comprennent pas, des bouleversements géo-politiques et climatiques incertains" pour se renfermer avec ceux qui croient les frontières potentiellement hermétiques aux dangers de l'extérieur. Il y a du vrai là dedans, forcément, mais chacun résonne à sa façon et il y aurait autant d'explications que d'individus à fournir.
Tous les électeurs qui ont voté Bardella ne sont pas des fachos, des anti-démocrates, tout comme ceux qui votent LFI ou pour les écolos ne sont pas des radicaux profonds qui veulent faire la révolution. Beaucoup votent pour protester, par pour approuver des idées extrêmes. Nous connaissons tous des personnes comme cela, et je l'ai déjà écrit, depuis 2002, aucun président n'a été élu pour son programme, mais pour refuser celui du Front National. Mais aucun président n'a tenu compte de cela, répétant inlassablement que la majorité des français (enfin ceux qui se sont exprimés dans les urnes) ont adhéré à leurs idées. Terrible erreur et Emmanuel Macron, malgré les alertes puissantes, n'a cessé de s'enfermer dans ses certitudes qui n'ont souvent même pas été en accord avec les plus modérés. Que n'a-t-il pas dit après chaque épisode qu'il allait changer, que n'a-t-il pas fait en ne reprenant pas les conclusions des diverses et nombreuses concertations, conférences, commission citoyennes qui lui ont été présentées ! Pourquoi les cahiers de doléances rédigés au moment de la crise des gilets jaunes n'ont même pas été lus ? Il ne faut pas s'étonner de voir le pays fracturé comme jamais tant on a pris les citoyens pour des abrutis, tant les gouvernants, même chez ceux qui aspirent à gouverner, quels qu'ils soient, sont enfermés dans leurs bulles, hors sols, loin des préoccupations quotidiennes des petites gens comme des entrepreneurs.
Quels que soient les programmes proposés, aucun ne tiendra la route car tous usent de méthodes, de modes, d'idées qu'ils recyclent et qui n'ont jamais marché. On est en 2024, la planète subit les conséquences du réchauffement climatique, le monde est au bord d'un conflit mondial, on sait tous qu'on va dans le mur. Et que nous propose-t-on ? Continuer comme si de rien n'était, poursuivre les délires économiques du libéralisme, s'enfoncer chaque jour un peu plus dans le totalitarisme des autocrates, perdre ses libertés individuelles et collectives pour être les esclaves des manipulateurs numériques... De grâce, cherchons ensemble des idées nouvelles, il y a un besoin viscéral de révolution qui fait avancer le monde vers plus d'humanité, plus de solidarité, plus de mieux vivre ensemble. On en est loin, très loin.
Le 8 juillet, il y aura des manifestations euphoriques dans les camps gagnants mais il est à craindre un désenchantement rapide parce que nous le voulons bien, en attendant que nos vies soient gérées depuis là haut, alors qu'il serait grand temps de se prendre en main, d'arrêter de grogner, de se plaindre, de se bouger pour œuvrer ensemble au plus petit niveau." Aide-toi, le ciel t'aidera" est un proverbe à méditer.
C'est vrai que la météo n'aide pas, et ceci est aussi une explication de la morosité ambiante. Le beau temps est annoncé dans les premiers jours de l'été : ça va aller mieux.
Jeudi 6 juin
Il y a 80 ans, le débarquement des alliés en marquait le commencement de la fin de la seconde guerre mondiale. Cette mobilisation de milliers de soldats de plusieurs nations comme jamais cela n'avait existé pour défendre la démocratie et la liberté des peuples a été décisive dans la quête de victoire. Mais cela aurait pu ne pas marcher. Il s'en est fallu de peu, et alors qu'aurait-il été de l'avenir de l'Europe ?
Les cérémonies de commémoration organisées ce jour sont grandioses et émouvantes, en raison de la présence des derniers vétérans qui combattaient en 1944 et qui ne seront plus là bientôt. Les chefs d'état ou de gouvernement des pays alliés de l'époque sont là, à l'exception du chef de la Russie, exclu pour des raisons de guerre injustifiées. L'agresseur de l'Ukraine n'est pas là, l'ancienne Union soviétique est représenté en quelque sorte par le président du pays envahi, l'Ukraine. L'histoire est un perpétuel mouvement de balancier, on l'oublie trop souvent. Les puissants d'une époque sont les petits d'une autre. Seuls les temps des périodes fluctuent.
Un vétéran du débarquement déclarait ces derniers jours que l'atmosphère de l'époque ressemblait beaucoup à celle d'il y a plus de 80 ans, quand les puissances occidentales ont laissé monter le nazisme, se sont couchées devant Hitler après ses premières agressions territoriales. Leurs dirigeants voulaient sauver la paix à tout prix, la note aura été finalement très élevée, au prix de millions de morts, de dégâts incommensurables, de crises sanitaires et humanitaires à l'échelle de la planète. Le monde qui en est ressorti s'est lancé à corps perdu dans une course effrénée à la productivité, la consommation pour aboutir à ce qu'il est devenu aujourd'hui. Tout est à refaire tant tout est redevenu pareil, avec des moyens de destructions plus performants, des moyens de propagande très efficaces, et une perte colossale du sens collectif qui reste la seule valeur pour assurer l'avenir de l'humanité.
Ce sens de la collectivité, de la communauté a été essentiel pour la réussite du débarquement en juin 1944, une valeur partagée par les soldats bien sûr, et elle l'est encore dans les armées du monde entier par raison d'être, mais aussi par les nations engagées et leurs citoyens solidaires derrière leurs dirigeants, conscients des enjeux, et encore par la majorité des habitants des pays occupés. Les partisans de la collaboration ont joui de privilèges à court terme, sûrs de leur pouvoir de nuisance aux profits malhonnêtes, certains auront su retourner leur veste assez tôt, d'autres auront su se faire oublier, quelques-uns vivront mal l'après-guerre, parfois à en mourir.
A la veille des élections européennes, les partis nationalistes dont les ancêtres n'ont pas toujours apprécié l'arrivée des alliés en Normandie, ont le vent en poupe parce que les dernières crises ont causé des tensions que les partis traditionnels n'arrivent pas à calmer. Les idées simples, les manières de faire croire que ce qui arrive est toujours de la faute des autres, la volonté de fracturer l'union des citoyens, l'affaiblissement des institutions sont autant d'armes verbales qui fragilisent le pays pour qu'il tombe dans les bras de personnes plus soucieuses des intérêts de leurs idées que de la grandeur du pays contrairement à ce qu'ils affirment. Ils évoquent la défense des libertés, sous-entendues celles qui les concernent. Ils crient aux grands dieux l'interview du président de la République à la télévision à trois jours des élections, comme une ingérence dans la campagne électorale. Cela a toujours exister, d'une manière ou d'une autre : on se souvient du bon choix de Valéry Giscard d'Estaing pour les législatives de 1978 il me semble, par exemple. Et on ne me fera pas croire que les opposants, s'ils étaient au pouvoir en difficulté, n'utiliseraient pas les mêmes méthodes, voire pire encore. Le consensus n'est peut-être pas la meilleure façon d'avancer en démocratie car ça prend du temps, mais les majorités fortes ne sont pas non plus le plus sûr moyen de réduire les inégalités, de produire de l'unité.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, le devoir électoral de dimanche n'est pas anodin. Il donne le choix aux citoyens de s'exprimer et de participer à la construction européenne, sauf que des partis politiques veulent s'en servir comme une élection nationale, sachant bien pourtant que cela ne peut avoir d'incidence sur la gouvernance directe du pays à court terme. Alors que le parlement européen agit pour l'avenir du continent et de ses habitants, dans sa globalité, démocratiquement. Accuser l'Europe de tous les maux, c'est oublier que les décisions européennes sont d'abord des décisions nationales de chaque pays, mais c'est tellement plus facile. On le voit bien dans les pays de la communauté européenne où les extrêmes sont au pouvoir, ils sont beaucoup moins eurosceptiques que lorsqu'ils étaient dans l'opposition, parce que sans l'Europe, leur pays ne serait plus qu'un petit pays sans influence, sans pouvoir.
Souvenons-nous qu'en 1944, la liberté était un espoir retrouvé. Il serait idiot que 80 ans après, au nom de l'individualisme de nos sociétés, la liberté collective ne soit plus la valeur absolue, celle qui garantit une paix vertueuse.
Jeudi 30 mai
Ce 29 mai 2024 marquera la fin d'un temps : le poulailler de la maison Pruny est vide ! cela n'était jamais arrivé de mémoire d'hommes. Maître Goupil aura eu raison de la chose : depuis un mois, il sévit dans le village, ayant contraint les jeunes voisins à abandonner l'élevage de volailles qu'ils avaient, et une autre voisine à séquestrer le peu de poules qu'il lui reste pour ne pas les voir disparaître. Seul subsiste la basse-cour de la dernière ferme du village où le renard n'est pas encore allé voir. Cet évènement, aussi naturel soit-il mais tellement brutal, ne me laisse pas indifférent : s'il m'ajoute un supplément de liberté relative, il marque réellement la fin d'un époque, la fin d'un attachement au passé fermier de la maison. C'est triste, et la vie continue.
Je ne vais pas m'apitoyer, il y a tant de mauvaises nouvelles dans le monde et par chez nous, tant de gens qui ne vont pas bien, soumis aux maladies ou aux violences de la nature ou des hommes, parfois des deux, que je suis bien heureux d'être chez moi, à l'abri, avec de quoi bien manger, sans souci du lendemain. Je fais parti des privilégiés en quelque sorte, même s'il y a plus heureux ou plus riche, les deux n'étant pas forcément compatibles.
Hier matin, alors que mes poules vivaient paisiblement leurs dernières heures, mon déplacement au chef-lieu de la commune m'a amené dans un bourg que j'ai trouvé bien désert à cette heure-là : où sont passés les gens ? Telle est la question. En repassant en fin de journée, j'ai constaté plus de mouvement, le temps s'était donc arrêté en milieu de matinée, comme pour marquer l'isolement des campagnes, le sentiment d'abandon des campagnards.
Et je repense au documentaire diffusé mardi soir sur TMC : "campagnards et fiers de l'être" dans lequel des jeunes ruraux parlaient de leur bonheur de ne pas vivre en ville, se contentant des petits plaisirs (gratuits) de la nature, des moments de rassemblement pas assez nombreux, de la solidarité rurale, de l'acceptation des autres plus assumée qu'ailleurs... Cette émission était vivifiante et me confortait sur la jeunesse locale qui ressemble à celle présentée : tout n'est pas foutu, oserais-je écrire, il faut avoir confiance dans les générations suivantes. De toute façon, nous n'avons pas le choix : l'avenir, c'est eux !
En même temps, l'émission" Bienvenue en terre inconnue" montrait le bon côté de l'humanité sur des iles de la côte ouest d'Afrique : des peuplades face au dérèglement climatique, résignées, et dignes, mettant l'homme au centre du village, et non l'argent comme dans nos pays, cause de nos malheurs, mais ça ne change pas.
En conclusion, il y a du brave monde partout, dommage que ce soient pas des braves gens qui commandent.
Jeudi 23 mai
Voilà bien longtemps que je n'avais eu de temps à prendre pour mettre en prose mes réflexions sur l'actualité du moment. Le dernier édito ne date que de trois jours, rédigé à la hâte dans un temps, ou un ton, presque philosophique parce que je pense qu'il ne faut pas causer un manque trop fort aux rares lecteurs impatients de me lire. Je disais alors que l'époque était plutôt calme, mais tout est relatif.
Le monde ne va toujours pas bien. Le pays n'est pas au mieux non plus. Faisons un tour d'horizon en commençant aux antipodes : un projet de loi a mis le feu à la Nouvelle-Calédonie, territoire français coincé dans le Pacifique sous la pression australienne et chinoise. Territoire sur lequel les autochtones descendants des mélanésiens qui y habitaient avant l'arrivée des colons rêvent d'indépendance. On se rappelle la fin des années 1980, quand les émeutes avaient tragiquement ensanglanté le caillou, quand il avait fallu des trésors d'ingéniosité diplomatique pour ouvrir le dialogue entre kanaks et caldoches, entre indigènes et résidants blancs, descendants parfois des déportés français dont les communards de Paris. La paix était revenue, une autonomie relative installée, des referenda organisés qui n'ont pas validé le désir d'indépendance des plus radicaux. Le corps électoral est limité aux habitants de long temps pour les élections territoriales, les nouveaux venus étant exclu du vote. Le projet de loi visait à inclure ces derniers s'ils habitaient depuis plus de 10 ans la Nouvelle-Calédonie : une raison d'égalité démocratique théorique qui n'a pas été présentée, négociée avec les calédoniens de tous bords. L'arrogance du pouvoir métropolitain dans toute sa splendeur ou comment allumer un feu sur un champ de mines. Nos gouvernants sont très intelligents mais manquent singulièrement de sagesse, pour ne pas dire combien leurs certitudes les enferment dans un monde virtuel qu'ils visionnent sur un petit écran. Que d'erreurs de stratégie politique depuis l'arrivée de cette nouvelle génération de personnalités politiques, centrée sur leur égo plus que sur une vision d'avenir du pays, ignares des réalités de terrains, incapables d'écouter les sons de la base et d'entendre les conseils avisés de ceux qui en savent un peu mieux. Quand les décisions sont prises sans tenir compte des conclusions des concertations uniquement organisées pour habiller un semblant de dialogue citoyen, quand les lois issus des fameuses conférences citoyennes sont écrites sans tenir compte des propositions formulées, quand les consultations des corps intermédiaires ne servent que pour la communication ou leur donner des leçons, et j'en passe, comment peut-on diriger un pays sans créer de clivages ? La fracture sociale que pourfendait Jacques Chirac en son temps n'est pas prête d'être soignée, ni par les uns, ni par les autres, puisqu'aucun groupe politique ne propose de faire consensus. Les dirigeants qui ont le vent en poupe parlent au nom des français, disent ce que pensent les français, comme si leurs idées étaient partagées par tout un peuple. Quelle erreur monumentale au pays des gaulois réfractaires !
Eloignons-nous un peu des terres australes pour remonter vers l'Asie. Dans les environs du pays au matin calme, un bouillonnement permanent semble plus dangereux que d'éventuels tremblements de terre ou d'éruptions volcaniques de forte densité, pourtant réguliers dans ce coin. L'économie chinoise butte sur la démondialisation en cours : la complication et le coût de franchissement des frontières américaines aux produits made in China entraînent une surproduction de biens qui vont inonder par ricochet une Europe encore trop naïve et pas assez unie. La fermeture des frontières nationales aux émigrés (africains et musulmans) prônée par certains partis extrémistes en ces temps électoraux pour résoudre tous les problèmes ne semble pas la mesure la plus efficace pour consolider l'économie de pays européens d'autant plus fragile quand elle reste nationale face à la puissance chinoise. Quand je vous dis qu'il n'y a pas de vision d'avenir à long terme, seule compte l'accession au pouvoir pour des politiques à court terme, à tous les niveaux.
En Russie, Vladimir Poutine, à l'image de son homologue chinois qu'il est allée voir récemment, n'a pas ce souci : il n'a qu'un objectif et il se donne les moyens de l'atteindre. Sans demander l'avis de ces citoyens, il ne prend pas de gants ni il ne propose de conventions de concertations : il rêve de rétablir l'empire des tsars, c'est son unique programme, sans concessions, sans tergiversations. Il sait qu'une Europe forte et unie contrarie ses projets, il sait manœuvrer et influencer les pseudos nationalistes et populistes pour mieux asservir le continent, avec la complicité involontaire de ceux qui croient aux lendemains qui chantent, aux lessives qui lavent plus blancs, aux paradis enchanteurs des dieux associés aux dictatures. Plus d'ordre, plus d'autorité, rien qui ne dépasse, tous dans le rang et fermez vos gueules : voilà notre avenir si nous n'y prenons garde. Mais ça peut plaire à quelques-uns qui pensent qu'en étant du bon côté du manche, ils s'en sortiront mieux. L'histoire nous apprend que chacun reste finalement à sa place, à quelques individus près, et que ce sont toujours les mêmes qui paient la note des dérives et des aventures politiques, alléchantes mais de mauvais goût. En Ukraine, l'avenir du pays est entre les mains des alliés occidentaux et la fourniture d'armements : il est plus que temps, l'armée russe a repris du poil de la bête et l'offensive avance.
Aux Etats-Unis, la liberté d'expression sans limite cause bien des dégâts dans la démocratie : le pays est scindé en deux blocs difficilement compatibles. Les élucubrations de Donald Trump qui fait un show sans avoir honte d'être devant des juges, plaisent à des braves gens enfermés dans leurs croyances d'une Amérique rêvée qui n'existe pas, qui n'existera pas. Le président Joe Biden est bon gestionnaire, mais le rouleau compresseur de la communication de son adversaire, sans limite, empêche de le faire savoir comme il faudrait. Pour le moment, il a permis d'éviter le chaos, même en Orient, quoiqu'on en dise. La guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza est une horreur, une tragédie : la folie des dirigeants de Jérusalem ou de Gaza tend dans la même direction, le malheur des civils dans chacun des pays. L'orgueil des uns et des autres, l'exacerbation religieuse incompatible par dessus, ne permettent pas de trouver de solutions de paix durable : cela dure depuis si longtemps, et il n'y a aucune volonté d'y arriver.
La mort accidentelle du président iranien est une conséquence du blocus de son pays qui préfère la course à l'arme nucléaire qu'à la bonne marche du pays : les équipements de mobilité sont vétustes et obsolètes, l'hélicoptère qui s'est crashé était en bout de course, la compagnie aérienne nationale, dont la flotte d'avions est hors d'âge, est rebaptisée par les passagers des vols intérieurs "inch allah airlines" tellement c'est incertain de prendre l'avion.
Voilà un tour d'horizon succinct, car il y aurait tant à écrire. Tant à réfléchir. Tant à étudier, analyser, en recoupant plusieurs sources d'informations, car je le répète, une opinion ne se construit pas qu'avec un seul matériau, et le ciment pour lier les différentes pierres, pour la bâtir est un mélange de connaissances et de conscience.
Lundi 20 mai
Je ne sais pas si la saison des pluies qui se prolonge depuis la mi-octobre y est pour quelque chose , ou si l'ambiance globale du monde rendue anxiogène par l'accumulation des mauvaises nouvelles mises à la une des médias et des réseaux sociaux, alors que les bonnes annonces existent bien pourtant, mais je trouve l'époque bien morne. La lassitude et le manque de motivations semblent prendre le dessus. En suis-je une victime collatérale ? Je ne fais pas d'efforts supplémentaires pour satisfaire mes fidèles visiteurs du pays de Giat virtuel qui ne font pas de réclamations, et ça me va bien.
La vie n'est toujours pas un long fleuve tranquille, mais chez nous, il n'y a pas d'inondations malgré les cumuls de précipitations importants. La vie s'écoule tranquillement au Pays de Giat, il n'y a pas de révolutions, ni d'évènements remarquables qui bousculent une certaine douceur de vivre comme s'il fallait engranger des souvenirs de bon temps pour faire face aux incertitudes d'un monde en mouvement tempétueux. Ce monde est fou ! L'humanité perd la tête. Tous les indicateurs sont au rouge, ou presque, et on regarde ailleurs, on refuse d'admettre la nécessaire obligation de changer les choses. C'est tellement plus facile. Le chacun pour soi a gagné mais ne résoudra pas les problèmes.
Enfin, rien n'est perdu. Soyons optimistes. Il y a des signes pour le croire, nous ne sommes pas encore complètement abrutis et on arrive à faire de belles choses ensemble. La vie associative reste forte, la solidarité reste présente, la générosité se voit encore. Tout cela n'est pas inné, chacun doit prendre part à la vie du pays, à la collectivité, comme si on appartenait à une tribu. Il ne faut pas non plus s'enfermer sur soi, croire que mettre des barrières pour rester entre nous, protègerons une façon de vivre. Rien n'est figé, l'ouverture d'esprit va de paire avec l'ouverture des portes, car les échanges en toute réciprocité et respect ne peuvent qu'apporter des bienfaits. Il faut apprendre des autres et ne pas imposer ses idées, et réciproquement. Les périodes de paix ont fait progresser le monde. Les guerres auxquelles sont tant attachées les pouvoirs autoritaires, les tensions au sein des populations pour les diviser en laissant croire qu'elles apportent finalement la solution aux problèmes sont des messages qui pullulent sur les réseaux pour mieux asservir. Ne soyons pas dupes, les solutions simples, les promesses des lendemains qui chantent, le rasage gratis pour les bons citoyens, ne sont que des chimères pour réduite les libertés et construire des chapes de plomb sur les pays au profit de quelques-uns seulement.
Les grands experts de l'économie nous promettent toujours un monde meilleur si on suit leurs idées libérales, les mêmes qui nous ont amené à la situation complexe actuelle, qui ont servi les intérêts financiers et donner des bénéfices, des dividendes exponentiels à des actionnaires aveuglés par les profits faciles sans voir qu'ils participaient à consolider des puissances qui ne pensent qu'à les détruire. L'exemple des investissements occidentaux en Chine au siècle dernier et la puissance du pays aujourd'hui le démontre. On se souviendra que les chinois sont très patients et qu'ils attendent leur heure : ils construisent leur main-mise sur le monde depuis des siècles. Quand les anglais bâtissaient leur empire colonial en s'enrichissant avec la vente du thé, les chinois vendaient le thé brut, mais n'achetaient rien aux anglais. C'était il y a plusieurs centaines d'années...
L'occident a dominé le monde en le pillant, maintenant que les réserves s'amenuisent, sa faiblesse apparaît au grand jour et les dominés d'hier présentent la note. La négociation ne va pas être facile par manque de réalisme, de complexe de supériorité qui n'est plus, de volonté partagée de ne pas réussir cette négociation.
Mais tant que la source n'est pas tarie, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. On est bien au Pays de Giat, sachons garder notre quiétude et ne pas être influencé par les idées venues d'ailleurs pour nous diviser, et on sera bien encore longtemps.
Mercredi 17 avril
Voilà un mois écoulé depuis le dernier édito dont l'introduction a suscité quelques émotions chez certains lecteurs qui m'ont fait part de leur inquiétude en prenant des nouvelles de ma santé : ils ont été rassurés, j'ai surmonté la période bronchitique avec succès. Pour autant, ces dernières semaines n'ont pas été reposantes : diverses tâches professionnelles et pas mal de manifestations à couvrir au pays de Giat m'ont bien occupé. Me voilà plus tranquille actuellement, avec du temps disponible faute de fréquentation dans une agence postale locale où j'effectue un remplacement. C'est donc depuis ce bureau que je m'épanche sur l'actualité du pays de Giat et du monde.
Localement, il n'y a rien de bouleversifiant. Les municipalités et autres organismes ou collectivités ont bouclé leurs budgets avec des contraintes complexes du fait de l'inflation, des taux d'emprunt, des baisses de dotation, et tant d'autres futilités administratives qui font la France et compliquent la vie du pays. En Creuse, la communauté de communes de Marche et Combraille en Aquitaine (Auzances-Bellegarde-Crocq) n'arrive toujours pas à créer son unité, et ses élus n'ont pas réussi à voter le budget : leur territoire prend du retard et perd des moyens. Dans notre communauté, il faut bien reconnaître que la gestion, certes imparfaite, n'est pas si mal faite, même si les investissements pourraient être un peu mieux orientés dans une dynamique territoriale plutôt qu'en poursuivant un saupoudrage de réalisations locales. L'ouverture de l'espace de travail partagé à Giat semble être une réalisation répondant à une demande, notamment de jeunes et nouveaux habitants du secteur, professionnels engagés à haut niveau dont le télé-travail est une nécessité pour résider à la campagne. C'est une voie de développement intéressante, importante et nécessaire.
Nous sommes à 100 jours des jeux olympiques de Paris, à six semaines des élections au parlement européen : deux évènements qui semblent ne pas avoir beaucoup d'engouement en dehors des médias et du monde politique. Les citoyens ne s'impliquent plus dans la vie collective, par dégoût peut-être, par individualisme exacerbé certainement. Il est vrai qu'ils n'ont pas d'exemple montré en haut lieu où les candidats aux plus hautes fonctions ne s'intéressent qu'au pouvoir proprement dit et guère à la vie du français moyen ou pas. Ils parlent en son nom mais ne le connaissent pas autrement que sous forme statistique : une valeur électorale ou économique. Le libéralisme qui est en place depuis les années 1980 a réduit l'humanité à une variable financière, faisant peu de cas des êtres humains. On le voit avec la rémunération du PDG de Stellantis (Peugeot) validée à plus de 36 millions d'euros : selon les critères libéraux, elle est justifiée par le succès économique de la gestion du patron, au prix de la réduction des acquis sociaux, d'une gestion salariale rigoureuse, de marges remarquables payées par les consommateurs. Certes, il y avait une situation périlleuse en prenant la direction d'une société au bord de la faillite mais le redressement phénoménal enregistré vaut-il une prime exorbitante ? Quelle valeur donner au travail manuel car sans lui le résultat financier, pas plus que la firme n'existerait pas ? Le PDG a arbitré des décisions qui se sont avérées positives, il a pris des responsabilités et c'est logique, juste qu'il soit récompensé. Mais un tel niveau de reconnaissance ne peut être compris par ceux qui le construisent et qui n'y sont pas associés pleinement, même s'il faut admettre que des primes conséquentes ont été versées aux salariés du groupe, certainement pas avec l'équité souhaitable. La société dans laquelle on vit est ainsi faite, ce ne sont pas ceux qui nourrissent, éduquent, soignent, sauvent les gens qui sont les mieux vus, ces engagés de la première ligne qui agissent dans l'ombre pour si peu. Il faut faire du fric, à n'importe quel prix, pour être en vu.
Le gouvernement de la France est à la peine : il doit justement trouver du pognon parce que le pays dépense plus qu'il ne gagne. Le ministre de l'économie, en place depuis sept ans, n'a pas les mêmes résultats que le patron de Stellantis, il n'aura pas de prime exorbitante. Il tente d'expliquer la situation dans un livre qu'il a écrit entre deux réunions, comme pour se donner une importance d'homme de la situation ayant la solution pour redresser des comptes dont il a contribuer à la dégradation : le contexte n'explique pas tout, pas plus que les crises. Alors, il explique devoir réduire la dépense car il ne peux augmenter la recette. Ce n'est pas faux, mais sa méthode interpelle car il propose un plan de petites économies qui mises bout à bout devraient faire des dizaines de milliards en moins dans le déficit du pays. Des petites économies puisées dans les poches de ceux qui n'ont pas le plus : moins rembourser la santé, taxer un peu plus ici et là en toute discrétion sur les charges contraintes des ménages. Par exemple, en doublant la taxe sur les activités polluantes, l'Etat oblige les organismes de collecte des ordures ménagères à augmenter les redevances des usagers, ces derniers incriminent des élus locaux qui sont à porter de baffes pour des prélèvements déguisés de l'Etat. Comme ce ministre a été biberonné au libéralisme, il ne peut pas toucher aux soi-disant créateurs de richesses que sont les grosses entreprises, les banques et les actionnaires des multinationales, parce que cela serait contre-productif. Il a un peu raison, mais est-ce plus productif que d'augmenter la misère et la pauvreté pour le pays.
A l'aune des élections européennes, le Rassemblement national a le vent en poupe : il a réussi à faire de cette élection un enjeu franco-français dans le pays, alors que le résultat n'impactera pas directement et rapidement la vie quotidienne des français. Beaucoup de nos concitoyens voudraient retrouver la grandeur de la France, ce pays que certains disent ne pas reconnaître comme celui que leurs grands-parents ont connu. Le monde change, la France change. Les parents de ces mêmes grands-parents disaient déjà la même chose quand les yé-yés sont apparus, quand Mai 68 a bouleversé la société. Un programme nostalgique d'une époque perdue et qui ne reviendra pas. Aujourd'hui, un rapport démontre que l'Europe a perdu beaucoup en trente ans de politique libérale et mondialiste, qui se voulait vertueuse : le commerce avec les pays tiers sans contraintes a plus enrichi la Chine et les Etats-Unis que le vieux continent dont les dirigeants croyaient à la loyauté de leurs partenaires. Le consommateur européen a bénéficié longtemps de produits bon marché venus d'ailleurs pendant qu'il condamnait les productions locales : au final, l'américain et le chinois ont vu leur pouvoir d'achat croître plus fortement que celui de l'européen qui a pu acheter plus en payant moins, sans gagner guère plus. Faute d'intégration des nations dans une seule entité qui serait mieux armée pour se défendre, pour produire ce qu'elle a besoin, pour ne pas dépendre des autres puissances. Un pays comme la France est trop petit face aux géants qui font face, la grandeur du pays ne se mesure pas à ce qu'il a été mais à ce qu'il va devenir. Vaut-il mieux être un citoyen d'un petit pays intégré dans une communauté continentale ou habité dans un "grand" pays qui sera de plus en plus petit sur la scène mondiale ? Cela est un des enjeux de l'élection du 9 juin. Ceux qui veulent la grandeur du pays lorgnent davantage sur les émoluments des députés européens pour leur service personnel et partisan que sur la volonté de garantir un avenir commun pour vivre ensemble en paix.
Maintenant, vous avez de la matière à réflexion pour quelques jours, mais n'oubliez pas de prendre du bon temps.
Lundi 18 mars
A la calée depuis trois jours à cause d'un méchant microbe, je suis en mode ralenti dans mes activités médiatiques, ayant du annuler des invitations sympathiques et des sorties sur le terrain pour des compte-rendu que je ne pourraient faire. Ce matin est donc calme pour un lundi, alors, malgré la fièvre qui me tanne, je me mets à l'ouvrage ou plutôt à la rédaction d'un nouvel éditorial, attendu par des lecteurs qui apprécient peut-être plus le style que l'analyse, mais le but n'est pas d'influencer, c'est de faire réfléchir.
Depuis presqu'un mois, le monde, comme le pays de Giat, n'a pas beaucoup changé : il y a bien quelques évènements qui font l'actualité mais qui n'ont rien de "bouleversifiants" comme dirait l'autre. Tous les jours, la une des médias fait la part belle à telle ou telle information, chassant celle de la veille dont on aurait pu croire qu'elle allait changer notre vie. C'est qu'à force de nous abreuver de scoops qui n'en sont pas, de mettre l'accent sur des détails, on banalise l'information au point de la rendre invisible. Un simple fait divers devient une affaire d'Etat, une affaire d'Etat un simple fait divers. La hiérarchie des nouvelles dépend de leur niveau de présence sur les réseaux sociaux, plus que de leurs raisons d'être.
Ainsi, une petite phrase sortie d'une interview est mise en exergue pour affoler les rédactions, mettant en branle la machine à vociférations des contradicteurs qui ne sont là que pour occuper l'espace médiatique et afficher leur orgueil malfaisant, créant le buzz (rumeur propagée instantanément et relayée exponentiellement sur Internet et les réseaux sociaux, sans vérification) avec l'appui d'influenceurs qui travaillent dans l'intérêt de puissances qui veulent déstabiliser une entreprise, un pays, une personne. La façon de dire que la France pourrait envoyer des troupes en Ukraine a mis Emmanuel Macron dans un sacré embarras : cela a créer un vent de panique qui n'avait pas lieu d'être. Mais la course à l'audience grâce à l'affolement des populations, là aussi bien instrumentalisée par ceux qui rêvent de pouvoir, bien orientée en sous-main par ceux qui n'attendent que le foutoir pour prendre les rênes, est plus forte que la raison. Et c'est tout le temps comme ça. Dire une vérité n'est pas toujours bon pour sa cause, mais ne pas la dire ?
Souvent, ces derniers temps, des chroniqueurs, des journalistes, des diplomates, des personnalités font le parallèle entre la situation en Ukraine et celle de 1938 quand les accords de paix de Munich donnaient blanc-seing à Hitler pour annexer des territoires germanophones d'Europe centrale, pour qu'il n'aille pas plus loin. On connait la suite. Les choses peuvent se ressembler, mais elles ne sont pas pareilles. Comparer ces deux temps historiques est une facilité qui ne répond pas aux questions du moment : comment sauver la paix en Europe sans se mettre à genou devant Poutine ?
Le dictateur russe a été réélu triomphalement président avec 88 % des suffrages, un score qui l'oblige à progresser dans sa mission de restituer la grandeur de la Russie, telle qu'il l'imagine et non telle que l'histoire l'a faite. Certains parlent de négocier l'arrêt de la guerre en Ukraine, mais du point de vue de Poutine, il n'y a qu'une opération spéciale, et que la seule négociation valable est l'anéantissement de l'Ukraine. Les pacifistes sont sensibles à leur propre sort, un peu moins à ceux des ukrainiens et des russes soumis, sûrs qu'ils échapperaient à une extension de conflit si on laissait tomber l'Ukraine. Rien n'est moins sûr, pas plus que les nationalismes mis en évidence dans la campagne électorale du parlement européen vont redonner leur grandeur soi-disant perdue aux pays qui composent l'union européenne.
Les élections européennes sont une opération nationale pour les partis politiques en général, et plus particulièrement les partis populistes et nationalistes. En France, le Rassemblement national et la France insoumise en font un enjeu exclusif de lutte contre la politique d'Emmanuel Macron sur le plan intérieur : ils sont contre l'Europe et l'élection d'élus de leurs partis au parlement de Strasbourg n'a que d'intérêt partisan. Ces partis se servent de l'institution pour la détruire de l'intérieur car ils sont contre l'union européenne qui serait une des causes majeures de tous nos problèmes, mais ils ne détestent pas les émoluments versés aux députés et toutes autres subsides qui facilitent la vie. Comme Poutine, ils aiment croire que la caisse commune est à usage personnel. La notion d'intérêt général de ces gens-là est souvent limitée à celle de leurs partisans.
Comme la notion de liberté d'expression : ils savent la brandir pour affirmer leurs idées mais ne la supportent pas quand elle va à leur encontre. J'aime à dire que cette liberté est de permettre aux autres de dire ce qu'on n'aimerait pas entendre, il y a un principe de tolérance et de respect à prendre en compte.
L'union européenne n'est pas parfaite car elle est en construction, et ses fondateurs n'ont pas toujours eu des successeurs aussi bon qu'eux dans les fondations. Il a été privilégié l'économie et la finance, on a laissé de côté le social, la santé, la défense : autant de points qui affaiblissent le vieux continent aujourd'hui et redresser la barre ne va pas être aisé avec des peuples qui n'ont pas été associés à la construction, qu'on a pas suffisamment intégrés à celle-ci, d'où les relents nationalistes portés par des gens qui parlent au nom des peuples mais qui ne les servent pas car seule la nation a de valeur à leurs yeux. Histoire de nuance : les dictateurs agissent pour leur pays, au nom d'un peuple qu'ils n'hésitent pas à sacrifier pour leur grandeur et accessoirement leur confort. Nonobstant cela, l'Europe depuis plus de 50 ans a montré que l'Union était un facteur de développement, de paix, de démocratie. N'est-ce-pas ce qu'il faut en retenir plutôt que de lui reprocher nos insuffisances à gérer notre pays, qui ne changeront pas après le 9 juin, quoiqu'on en dise ?
Vendredi 23 février
L'actualité commande d'écrire un nouvel éditorial : le deuxième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe en Ukraine en est la principale raison, mais la colère des agriculteurs, les hommages nationaux de la République, sont aussi importants pour de la matière à réflexion du moment.
La guerre en Ukraine n'est pas une source d'inquiétude majeure pour le français moyen, et la petite musique qui se joue en cette période, orchestrée par les manipulateurs de tout bord qui rêvent plus de pouvoir que d'améliorer la vie du peuple comme ils se vantent, tend à mettre dans les têtes que ce conflit n'est pas notre affaire, que les milliards dépensés pour aider l'Ukraine seraient mieux affectés à la lutte contre l'immigration qui gangrènerait notre société. J'écoute d'ici les grognements de ceux qui sont convaincus par les thèses populistes bien développées et relayées par les réseaux sociaux et médias soi-disant libres, mais en réalité bien verrouillés, et sous influence de puissances étrangères dirigées par des autocrates, des dictateurs. Le pluralisme défendu par ses organismes de communication est limité à une pensée unique qui n'a d'autres buts que la domination des esprits et la soumission des citoyens. Que ceux qui me lisent aient bien conscience que je peux encore l'écrire, même si cela heurte quelques esprits endoctrinés.
Oui, je suis persuadé qu'il faille aider l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie, ou plutôt contre les dirigeants de ce grand pays, des mafieux plein d'orgueil, puissants parce qu'ils ont pillés les richesses du pays, qu'ils participent au pillage d'autres pays, qu'ils n'ont que deux arguments : la force et la terreur. La mort de leur opposant, Alexeï Navalny dans les geôles de Sibérie, signe leur impuissance à faire taire la liberté. Cela ne fait qu'augmenter leur degré de violence envers leur propre peuple, qui résiste silencieusement, soumis pour ne pas mourir. Sous leurs masques de démocrates bienveillants envers les petites gens, les candidats des partis, dits populaires, populistes, extrémistes, aux pouvoirs de l'Occident, ne sont que des candidats contre les libertés individuelles, dans leur seul intérêt de bande, de gang, de mainmise sur les richesses des pays.
Les élections européennes vont certainement renforcer les proportions de ces partis au parlement européen. Ils se serviront de leur pouvoir de nuisance pour empêcher la construction de l'Europe, persuadés que la Nation soit la seule entité pour garantir un mode de vie, une sécurité, une "civilisation" pour les habitants de chaque pays. Cela pouvait s'entendre, se comprendre à une autre époque, bien révolue, quand il y avait les moyens d'être indépendants. Mais en 2024, ce discours est impossible dans une Europe qui dépend tant de l'extérieur. Rester entre soi ne résoudra pas les problèmes. Regardons la Grande-Bretagne depuis le Brexit : le pays s'enfonce dans la crise, prêt à revenir dans l'Europe sans qui il n'existe presque plus, et bien que ce soit une île, et malgré des mesures fortes, il n'arrive pas à juguler l'immigration. En Italie, l'extrême droite est au pouvoir : quels résultats ! A part appeler à l'aide l'Europe, on ne peut pas dire que les solutions nationales aient du succès. Pendant ce temps, Poutine applaudi, préparant son pays à dominer une Europe affaiblie, parce que construite sur l'idée de paix sans penser que pour l'avoir, il faut préparer la guerre. D'autant plus que le parapluie américain est de moins en moins protecteur.
Oui, l'Europe n'est pas parfaite parce qu'au fil du temps et des gouvernements libéraux du continent, on s'est contenté de faire l'Europe des marchands, préférant la liberté de commerce et de finance à la souveraineté et à la sécurité de la communauté. Les institutions européennes ont engagé la protection des citoyens dans ses directives, ses normes qui leur sont reprochées actuellement. Ce ne sont pas tant ces contraintes qui sont le problème, mais plutôt l'absence de contraintes pour les importateurs à qui on a facilité l'entrée sur le continent, au nom du libre échange, de la mondialisation vertueuse qui n'existe pas. La paix, comme la liberté, ont des coûts qu'il faut assumer. Il serait donc temps de remettre de l'huile dans les rouages de la construction européenne, de faire des actions sociales, fiscales, culturelles qui parlent aux citoyens, qui les rassemblent. La crise sanitaire de 2020, la guerre en Ukraine ont fait avancer des programmes européens en matière de santé, de défense, mais on est encore loin de programmes solides et communs.
Dernièrement, le Président de la République a officié dans des cérémonies d'hommage à des personnes convaincues de l'intérêt général : il y a eu l'hommage national rendu à Robert Badinter, puis l'entrée au Panthéon des époux Manouchian, symboles de la Résistance à l'oppression, des étrangers attirés par les valeurs de la République française si remises en cause ces jours-ci par les mêmes évoqués plus haut. Nous avons là des exemples de conviction, comparables à celle de Navalny. Nous voyons des manières de combattre pour faire triompher le bien, jusqu'au sacrifice suprême. Ceux qui dirigent le mal ne prennent pas de risques, ils sont enfermés dans leurs tours de défense, entourés de petits chefs en mal de reconnaissance qui savent envoyer tant de gens à la mort pour leur unique soif de pouvoir qu'ils n'ont réellement pas au regard de l'Histoire et de la conscience de l'humanité. Ce sont de petits esprits, couards, mais dangereux parce qu'on les laisse faire un temps, et après c'est trop tard. Pourtant, l'Histoire est pleine d'exemples qu'on ne retient pas.
Revenons plus près du sol : les agriculteurs ne sont toujours pas satisfaits des réponses des gouvernements dans les pays où ils manifestent, tant les revendications peuvent être contradictoires. Les partis nationalistes se frottent les mains pour accuser l'Europe de tous les maux qui pénalisent les exploitants agricoles. Dans la diversité des productions et de leur manière d'être mises en œuvre, il est impossible de résoudre le problème à coup de prime, de subvention. Il va falloir innover pour garantir des revenus aux producteurs qui ne s'en sortent pas sans trop en donner à ceux qui s'en sortent bien, parce qu'il y a des cultivateurs qui n'ont pas trop de souci, il faut le dire. Ce n'est pas le cas des petits éleveurs de nos campagnes. Mais tant qu'on fera croire au consommateur que le coût de l'alimentation de doit pas beaucoup peser dans le budget des ménages, et que la priorité doit être donnée aux loisirs, aux connexions, aux déplacements, il y aura des problèmes. Il est temps de remettre l'église au milieu du village, d'arrêter de raisonner uniquement dans l'intérêt des financiers, car tout n'est qu'une question de moyens et de volontés, pas d'argent.
Réfléchissons librement, diversifions nos sources d'informations, limitons l'usage des réseaux sociaux contaminés.
Samedi 10 février
La une de l'actualité met en bonne place la disparition de Robert Badinter, homme juste comme le titre La Montagne. Le président de la République a annoncé lui rendre un hommage national. C'est dire que Robert Badinter aura marqué l'histoire du pays : il fait partie de ces grands personnages qui marquent l'évolution de la société, par ses convictions profondes et ses combats acharnés pour la faire progresser . Son humanité, son humanisme, sa soif de justice met en parallèle sa propre histoire de vie qui a été marquée par la shoah au milieu du siècle dernier, par la disparition dans les camps de la mort nazis de son père et d'une partie de sa famille. Il aurait pu avoir la haine chevillée au corps, il aura toujours combattu ce sentiment pour que la justice soit digne. Robert Badinter aura été un ministre de la justice éternel, comme Simone Veil à la santé, Jack Lang ou André Malraux à la culture : ils sont peu nombreux à marquer leur temps, à laisser leur nom dans l'histoire parce qu'ils ont été au-delà des limites qui freinent le progrès de l'humanité, loin des petites querelles de chapelle et de la médiocrité des dirigeants actuels, plus attachés à leurs égos démesurés qu'à l'intérêt général des citoyens. Il n'y a pas beaucoup de grands personnages dans l'histoire, une dizaine par siècle dans chaque pays, mais pour l'instant, ceux qui marquent le début du 21ème siècle ne sont pas prêts d'être à la hauteur de Robert Badinter.
Autre actualité qui marquait les esprits il y a encore quelques jours, le malaise agricole. Le gouvernement, et son nouveau premier ministre, a fait des annonces suffisantes pour calmer les esprits et renvoyer les manifestants dans leurs fermes, libérer les autoroutes une fois pneus et bâches plastiques brûlées, une façon peu écologique de se débarrasser à bon compte de déchets encombrants...et tant pis pour les dégradations dont l'usager ou le contribuable paieront les réparations. Il faut bien dire que les gouvernants attendent trop avant de répondre aux revendications, comme si faire durer les conflits étaient une solution pour faire croire qu'il fallait des contraintes fortes pour prendre en compte des sujets qui sont sur la table depuis bien longtemps. Un peu plus d'écoute et de considération en amont, un peu moins de certitudes et de dogmatismes seraient plus utiles que de rester droit dans ses bottes et d'être arc-boutés sur des systèmes qui ne marchent plus.
Jeudi soir, un documentaire en fin de soirée diffusé à la télévision montrait le combat d'un élu rural sur le suivi des cahiers de doléances écrits par les citoyens pendant la crise des gilets jaunes. ces cahiers sont stockés dans les archives départementales et nationales, numérisées à 90 %, mais ne sont pas accessibles au public. L'organisme qui devait les traiter a été supprimé, et pourtant, d'après les rares chercheurs et cet élu qui se sont penchés sur le sujet, il y avait là matière à comprendre la société, à trouver des pistes pour des solutions d'avenir. Aucun parti politique n'a daigné s'intéresser aux écrits des citoyens qui ont participé à la rédaction de ses cahiers, dont moi. La frustration est grande, les représentants de la politique ont encore perdu une occasion de donner du sens à leurs engagements, laissant croire qu'ils ne s'intéressent pas à autre chose que leur carrière, leur fonction et les intérêts de leurs soutiens. N'est pas Robert Badinter qui veut !
Le gouvernement Attal est enfin au complet, il a fallu racler les fonds de tiroir pour trouver des volontaires et rattraper des anciens plus expérimentés pour limiter les bourdes des boulets trop bien placés, et qu'on garde quand même : c'est le signe d'une étroitesse d'esprit et d'un orgueil exacerbé qui empêche la bonne marche du pays. Il faut dire que les oppositions ne sont pas en reste, incapables de proposer d'autres solutions que celles qui mettront le pays à feu et à sang, surtout pas d'idée de consensus et de rassemblement autre que celui avec ceux qui pensent la même chose. Vive la tolérance et le respect, mais entre nous ! Avec ça, et sans personne au-dessus de la mêlée, on est tranquille pour quelques temps. Ça ne fera qu'amplifier les problèmes, mais tant que ça tiendra...Après nous, le déluge !
Et bien, nous aussi, on ne va pas s'engager et on va tenter de vivre au mieux de nos certitudes, avec nos amis, nos familles, les gens du pays de Giat. Égoïstement, puisque c'est la tendance. N'est-ce pas mieux ainsi ? Dormez, braves gens, les rôdeurs ne sont pas encore là. Et Poutine se rapproche..il est attendu car pour certains, seule l'autoritarisme est valable, pour les autres bien sûr. Il faut savoir être libre, et ne pas suivre des pseudo bergers qui, sous couvert d'idées simples, peuvent nous entraîner dans les abîmes pour nous enchaîner, comme en Russie, en Corée du Nord ou en Chine par exemple... Un homme fort ne fait pas un pays fort, la soumission d'un peuple ne fait pas un pouvoir, la vocifération et la violence ne font pas la paix. Trop d'entre nous ne se rendent pas compte de leur liberté, de leur richesse, de leur confort qu'ils croient acquis : il n'y a rien de plus fragile que la liberté, la garantie de manger sain, de dormir au chaud, de ne pas avoir peur du lendemain. C'est le seul combat qui vaille, mais ce n'est pas en s'enfermant chez soi qu'il va se gagner, ce n'est pas en construisant des murs, en cherchant des bouc-émissaires pour se trouver des excuses à nos propres faiblesses, des arguments à nos impuissances, qu'on résoudra nos problèmes.
Comme Robert Badinter, on peut faire avancer la société sans haine, sans violence, mais les uns avec les autres, pour aller ensemble dans le même sens.
Édition du 1 avril
Transports régionaux
Ligne 259
Felletin - Clermont-Fd
Ligne R12
Ussel - Montluçon
Ligne 53
Giat-Clermont-Fd
Ligne 46
Ussel - Clermont-Fd
N° 6
27/03/2025
Stat
la fréquentation moyenne actuelle s'établit à
431 visites
par jour
Depuis la création du site,
le 6 novembre 2009,
au 23 mars 2025
on comptabilise
1347249 visites
Merci de votre confiance.
La 1.000.000ème visite du site a eu lieu le
lundi 11 juillet 2022
vers 16 heures
Record journalier des visites : 853
03/08/2020
-->la deux millionième le 23 décembre 2029
(recherche successeur)
Plan d'eau du Balbuzard - Condat-en-Combraille
Contact : voussavezqui@wanadoo.fr
Plus d'infos, plus de précisions dans le quotidien régional La Montagne. Chez les dépositaires ou sur http://www.lamontagne.fr