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EDITORIAL    

Vendredi 24 octobre


Reprenons nos écritures interrompues mardi. Depuis, la tempête Benjamin a traversé le pays, causant quelques chutes d'arbres sur le pays de Giat mais les dégâts restent très limités. Cette tempête passée, les autres coups de vent qui secouent le monde continuent de le fragiliser par la volonté de quelques chefs et la passivité des citoyens des pays encore libres. En France, le vent souffle toujours sur les bancs de l'hémicycle de l'Assemblée nationale où les députés se disputent pour trouver un budget. Mais il leur faudrait d'abord penser au compromis et à l'état des finances du pays pour trouver une solution : ce n'est visiblement pas l'intérêt de certains d'entre eux qui raisonnent en terme d'élection, qui espèrent une dissolution ou une démission du président de la République, voir les deux, pour prendre le pouvoir tant ils sont sûrs d'y avoir droit. Si cela devait arriver, il ne faudra pas oublier que le résultat sera avant tout un vote de défiance envers ceux qui gouvernent qu'un vote de confiance assumé pour les oppositions auxquelles la majorité des électeurs classent leurs représentants dans le même sac que les autres. Et en premier lieu ceux qui n'iront pas voter. 


Le niveau politique est tombé bien bas, avec des professionnels hors sol, aux mentalités et pensées uniques, sourds aux revendications comme aux conseils des gens de terrain, des gens d'en bas, des gens des territoires loin des cabinets et des grandes écoles parisiennes. En jetant aux oubliettes les cahiers de doléances des gilets jaunes, en passant outre les volontés des commissions citoyennes qu'il a pourtant installé avec la promesse de réactiver une démocratie populaire, en s'arrogeant maître des horloges, le Président de la République a perdu la confiance des français, même de ceux qui le soutenaient à bout de bras. Enfermé dans ses convictions libérales, comme tant d'autres qui ne cherchent pas d'autres solutions aux problèmes du libéralisme, sûrs que c'est l'unique système économique viable pour régenter l'humanité, Emmanuel Macron s'accroche tandis que le pays décroche sur la scène internationale. A la crise économique et politique, s'ajoutent des faits divers inouïs comme le braquage du Louvre, dont l'effet médiatique est désastreux sur l'image du pays. L'incarcération de Nicolas Sarkosy reste du symbole, de justice pour beaucoup, d'incompréhension pour ceux qui n'admettent pas une condamnation bancale. 


Dans nos campagnes, les prochaines élections municipales commencent à être évoquées dans les conversations, tant du point de vue des candidatures à trouver qu'au nouveau mode de scrutin appliqué dans toutes les communes où le panachage est interdit, où la liste de candidats devra être paritaire et complète à deux noms près. Cela va bouleverser des habitudes et un attachement au tir aux pigeons crayonné, mais va faciliter le travail du dépouillement, surtout là où il n'y aura qu'une liste quand il y en aura une. Les citoyens critiques de tout sont invités à se présenter pour gérer les communes de la bonne façon telle qu'ils sont sûrs qu'elle doit être. 


Ce besoin de dire sans participer fait le beau jeu de la haute administration où l'envie de réduire le nombre de communes est une priorité : toutes ces petites communes qui coûtent tant, où le regroupement permettrait des économies qui feraient du bien au budget de l’État, selon eux. On a vu le regroupement des régions et des communautés de communes : les budgets ont explosé dépassant largement le total de ceux des collectivités avant fusion. Mais la doctrine est vivace et tenace : "big is beautiful", mais tellement fragile et éloigné des préoccupations des citoyens, surtout en milieu rural. Il faudra bien arrêter un jour de limiter la gestion des territoires au seul souci financier, sans rapport à la démographie et à la surface. On a créé des territoires pour équilibrer la représentation démocratique : au final des grands pays presque désert doivent être gérer comme des centres urbains hyper densifiés, puisque les normes établies sont destinées à ces derniers. Les ateliers du personnel (un ou deux agents) d'une petite commune doivent quasiment répondre au même cahier des charges que ceux d'une métropole (plusieurs dizaines d'agents). Vouloir optimiser l'unification des textes et règles peut être une bonne idée quand elle est adaptée à des structures de même niveau ; sans tenir compte des différences démographiques, géographiques et culturelles, c'est une erreur fondamentale. 


Ce sont les vacances d'automne pour les scolaires, une période qui va voir les résidences secondaires se fermer pour l'hiver, nous allons nous retrouver entre campagnards pure souche au rythme d'un temps plus calme, mais point d'hibernation : il y a beaucoup d'animations et de manifestations pendant la saison qui commence, la pays n'est pas mort, qu'on se le dise, et qu'on le fasse vivre !


On est bien chez nous, bienvenue aux nouveaux habitants : sortez et mêlez-vous à nous, il y a tant à faire pour s'occuper autrement que derrière les écrans.
 

 

Mardi 21 octobre

 

Il pleut ce matin, ça sent l'automne et la Toussaint, la journée sera grise et ça donne envie de rester au coin du feu ou devant l'écran de l'ordinateur pour écrire ces lignes. Depuis le début du mois, le monde ne va pas mieux et le pays reste enfoncé dans une crise sans précédent. Mais tout ne va pas si mal, loin de là, sauf qu'à nous rabâcher à longueur de journée que c'est la fin du monde, on finit par être démoralisé. 

 

C'est vrai que ce matin, l'ancien président de la République, Nicolas Sarkosy, vit une épreuve à laquelle il n'était pas réellement préparé. Son incarcération à la prison de la santé, décidée par un tribunal indépendant et souverain, alors qu'il a fait appel du jugement et qu'il reste donc présumé innocent, peut interpeler. L'application de la loi, votée par le parlement, est mise en place par les juges, ne saurait être contestée par ceux-là même qui souhaitent plus de fermeté contre les délinquants. Les populistes et extrémistes en première ligne crient à l'injustice quand ils sont concernés, il en est de même avec la liberté d'expression qu'ils mettent en exergue et qu'ils vilipendent quand cela ne leur convient pas. Pour eux, celui qui crie le plus fort à raison, La Fontaine l'a si bien dit dans sa fable du loup et de l'agneau. Donald Trump montre l'exemple dans une démocratie qui tremble sur ses fondements au gré de ses invectives et décisions, réjouissant au passage tous les autocrates, dictateurs, et ceux qui rêvent de pouvoir sans contrainte. L'intérêt général n'est pas à la mode, et il y a des suiveurs de meute qui ne s'en rendent pas compte et qui pourtant seront les premières victimes de leur engouement pour leurs idoles manipulatrices et influentes sur les réseaux sociaux et dans des médias qu'ils ont investis. Ce sera trop tard quand ils s'en apercevront, s'ils s'en aperçoivent, car la liberté est un bien précieux trop précieux, pour le laisser entre de mauvaises mains. 

 

La semaine dernière, l'énième gouvernement du quinquennat a sauvé sa peau face aux motions de censure déposées par les partis qui représentent le mieux les intérêts de ceux dont je parle plus haut. Ils défendent des idéaux d'un autre temps, régressifs mais leur force réside dans le manque de propositions innovantes et convaincantes des partis et des personnalités encore aux manettes, qui n'arrivent pas à s'entendre sur un programme consensuel qui ferait avancer le pays et le sortir de l'ornière. Le bal des egos dure encore et encore, les couteaux jamais loin des perfidies qui polluent le débat. Dans des émissions  "face aux français",  tous sont unanimes pour se désoler du désintérêt de la politique constaté dans la population, l'abstention aux élections reste forte, mais aucun ne remet en question sa façon de faire, considérant être au-dessus de ces considérations. On verra comment cela va évoluer. 

 

Perturber dans mes écritures par des appels téléphoniques qui me déconcentrent, je dois marquer une pause. 

 

Vendredi 3 octobre 


L'automne est là, les couleurs du paysage changent, le rythme de la vie locale ralentit en attendant le soubresaut de la Toussaint qui signera l'entrée de la saison calme du pays de Giat, en dormance comme la nature. 


Et pendant ce temps là, la Terre tourne invariablement, insensible aux mouvements de l'humanité qui la fragilisent chaque jour un peu plus. Tout par à vau l'au dans ce bas monde où personne ne sait plus à qui se fier, tant le flux d'informations est grand et rapide, trop grand et trop rapide pour assimiler et trier le vrai du faux, même pour ceux qui ont les codes, la culture et le savoir. Les révoltes des jeunes générations, la génération Z, au Népal, en Indonésie, à Madagascar ou dernièrement au Maroc montrent l'incapacité des créateurs numériques à maîtriser leurs outils, ou plutôt leur manque de volonté de participer à une modération, à une régulation, parce que l'intérêt financier est tellement immense que le profit immédiat surpasse le danger futur. Ces révoltes n'émanent pas de leaders, elles sont le reflet d'un monde qui s'écroule sans que les élites des générations en place ne comprennent un mouvement social et sociétal qui n'entre pas dans leurs logiciels conçus pour une économie productive et libérale dont seul le rapport et le profit comptent. 


Depuis un demi-siècle, les initiateurs de la mondialisation heureuse ont transformé le monde pour en faire un supermarché planétaire : vendre, produire, capitaliser comme un cercle vertueux, devenu vicieux. L'ouverture des frontières avaient pour objectif le développement commercial sensé apporter le progrès : les pays à bas coût de main d'œuvre sont devenus l'usine du monde  pour inonder les marchés occidentaux où se trouvaient l'argent à récupérer. Sauf qu'il manquait la dernière page du projet, à savoir l'émancipation des pays émergents qui ont émergé, Chine en tête. L'évolution de ces pays, où la recherche et l'innovation ont été mis en avant et accélérés, leur ont permis de rivaliser avec les puissances occidentales, États-Unis en premier. C'est ainsi qu'attaqués dans leur domination, les tenants des vrais pouvoirs ont changé de position, passant en mode défensif pour fermer ces frontières qu'ils avaient ouvertes pour s'enrichir. D'où l'ascension de Trump et autres sbires autocrates prêts à dégainer pour rester aux commandes d'un monde perdu, quoiqu'ils fassent. Question de temps. 


Ceci explique en partie les mouvements de révolte de jeunes qui se sentent abandonnés, voir rejetés, pour que leurs aînés conservent des privilèges acquis au gré de l'exploitation des moins forts, du pillage des matières premières des pays pauvres, des faux espoirs de progrès pour leurs propres peuples. 


Nous vivons une fin de civilisation. Dans les médias, on compare souvent cette époque à celle des années 1930, avant que le monde ne bascule dans la deuxième guerre mondiale, apothéose d'une crise économique telle qu'elle semble être actuellement. La dette française n'est qu'une goutte d'eau dans la dette totale d'un monde qui vit à crédit depuis des lustres, pour le plus grand bonheur des financiers qui font tout pour que ça dure ainsi. Ils ont bien inventé le crédit à la consommation, une manière de gagner à tous les coups, sur le commerce et les intérêts prohibitifs encaissés. Seulement voilà, la source se tarit, comme celle des matières premières naturelles, comme celle de l'eau potable aussi...


Je ne crois pas que notre époque ressemble aux années 30, mais plutôt à la fin de l'empire romain, une agonie de plusieurs siècles qui a changé la face du monde et posé les bases de notre civilisation qui arrive au bout. Le temps s'accélère, et il faudra moins de temps pour voir la transition et s'adapter à un monde dont on ne sait pas ce qu'il sera. Les jeunes ont raison de se rebeller, de demander des comptes. Mais il faut aussi qu'ils réfléchissent aux fondations du nouveau monde qu'ils espèrent, entre utopie et réalisme. Nos générations ne doivent pas avoir peur, elles doivent les accompagner en les laissant faire, ils ont des solutions qu'on n'a pas, parce qu'ils sont nés avec des technologies qu'ils maîtrisent parfaitement et dans lesquelles il existe des moyens pour remettre de l'ordre dans l'organisation de l'humanité. Humanité qui ne se sauvera que grâce à eux, dans une optique plus égalitaire, plus sociale, telle qu'édictée par les textes religieux fondateurs qui ont été détournés largement pour être mis au service de la soumission du plus grand nombre, privant de liberté tant de monde au cours des siècles. 


Le pognon et la religion ont mené le monde depuis leurs inventions, d'autres diront qu'il faut ajouter le sexe car si le nez de Cléopâtre... et tant de petites histoires qui ont changé la grande Histoire : sans cela, l'humanité serait peut-être plus belle, moins violente. Et je ne serais pas là pour écrire ces réflexions parce que l'écriture n'aurait peut-être pas été inventée et servir de support, de propagation à ce qui a fait grandir l'humanité dans ses bons et ses mauvais côtés. 


Vive l'avenir ! il y a tant à espérer des changements, mais il va y avoir des tempêtes et des cataclysmes à surmonter. Souhaitons-nous bon courage. La vie est belle au pays de Giat tant qu'on ne regarde pas trop loin.  

 

Vendredi 12 septembre 


Un mois a passé depuis ma dernière prose, un mois estival où on se laisse porter par l'ambiance plus détendue des vacances même si le monde continue de ne pas tourner rond. On sent bien l'anxiété dans l'atmosphère, ce poison distillé avec constance par les réseaux sociaux, les chaînes d'infos continues, comme si vivre tranquillement, en paix était une anomalie de l'humanité. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter tant les tensions sont exacerbées à tous les niveaux. Pourquoi tant de haine ? pourrait-t-on s'exclamer en regardant le monde qui nous entoure, tout ces gens à qui on ne demande rien et qui se mêlent de tout, tout ces gens qui croient à je ne sais quoi, qui écoutent je ne sais qui, par facilité, plutôt que de travailler à se forger une réflexion qui les rend libres, au sens qu'ils ne se soumettent pas, qu'ils ne suivent pas aveuglément. Vaste chantier en ces temps de développement de l'intelligence artificielle, de manipulation des esprits, de connexions subites. Prendre le large, tout quitter et rester loin de tout ce remue-ménage planétaire qui ne va pas nous sauver. 


A longueur de médias, les mauvaises nouvelles s'enchaînent aux catastrophes, les informations négatives suivent les périls de guerre, les marronniers (ces sujets récurrents comme la rentrée scolaire) en perdraient leurs feuilles. Une brève s'insère de temps à autres pour dire qu'il existe encore de beaux moments, de belles personnes, de jolis territoires. Les écrans sont en couleur, mais le noir et blanc domine la vision du monde. 


Nous sommes en 2025, 24 ans après la tragédie des attentats aux États-Unis le 11 septembre, une date qui marque une époque, et qu'on pourrait définir comme celle du début de la troisième guerre mondiale, cette guerre hybride, polyvalente, sans règles qui touche l'ensemble des pays. La mondialisation heureuse de l'économie telle que la rêvait les libéraux occidentaux se termine par un cauchemar dantesque que quelques autocrates et dictateurs subliment. 
Nous sommes à la fin d'une civilisation, et la période de transition s'avère violente, certainement qu'elle sera assez courte contrairement aux changements précédents qui duraient plusieurs siècles. Le monde va plus vite, pas le temps de s'arrêter pour comprendre, c'est une évolution non maîtrisée que nous vivons, dépassés par une technologie qui s'autoproduit sous l'influence de génies pas toujours bienveillants. 


Des mots, des phrases, direz-vous. Du vent, penseront certains. Certes, mais cela reste humain. 
Plus concrètement, on ne ressent pas forcément et directement les mauvaises ondes qui parcourent ce monde finissant : il suffit de vivre en ermite, sans connexion, pour se rendre compte que la vie peut être belle dans une nature bien attaquée par les changements climatiques mais bien résiliente, sans parasites informels, ni surveillance virtuelle de nos appareils connectés. 


Dans le monde, les guerres en Ukraine et au Proche-Orient ne semblent pas être prêtes de finir, l'embrasement craint est plus d'actualité que jamais. Embrasement qui fait penser aux incendies de forêts gargantuesques de cet été partout en Europe du Sud, mais aussi sur d'autres continents. Des catastrophes naturelles se multiplient comme une vengeance de la Terre contre l'humanité qui la fait tant souffrir. L'économie vacille à cause des dérèglements imposés par Donald Trump et la puissance chinoise. La montée des populismes et le désengagement des citoyens s'expliquent par le ressenti de ces derniers face aux égarements de leurs représentants dans les démocraties, plus enclins à écouter les puissants que les peuples.  

 
En France, le changement de premier ministre n'est pas" bouleversifiant" et il va falloir attendre encore pour retrouver une stabilité politique nécessaire tant la volonté de consensus  est ridiculement médiocre. Ce n'est pas tout de critiquer, aussi faut-il s'engager réellement pour l'intérêt général, mais visiblement, ce n'est pas tendance. Les intérêts particuliers et le bal des égos font bon ménage au point de fragiliser l'unité d'un pays et engendrer des fractures qui dégénèreront en violence, sans résoudre les problèmes, en en  ajoutant beaucoup trop. 


On commence à parler des élections municipales dans les campagnes, chacun s'inquiétant des nouvelles modalités du scrutin plus que de vouloir se présenter sur une liste et participer à la vie collective : il ne faudra pas se plaindre des futures fusions de communes qui risquent d'arriver, faute de combattants pour gérer des petits budgets qui ne permettent pas d'investir suffisamment. Mais peut-être ces  modifications électorales sont voulues pour faire aboutir ce projet de réduction des communes dans les têtes des technocrates depuis longtemps, ceux-là mêmes qui font grossir la bureaucratie et qui demandent de réduire la dépense. N'est-ce pas paradoxal ? 


Allez, bougeons nous si nous ne voulons pas se faire avoir ! Il va falloir être créatif et inventif : les solutions ne sont pas dans le passé, surtout quand elles n'ont pas marché. En attendant, vivons discrètement dans notre cher pays de Giat, on y est pas si mal que ça. Il y en a même qui viennent ou reviennent y habiter. 

 

Mardi 12 août

 

A l'ombre et au frais de la maison, alors que les températures frisent les 35° à l'extérieur, à l'ombre, au plus fort de la journée, je profite d'un répit bienvenu pour mettre en ligne quelques réflexions du moment. Oui, il faut chaud, et si on ne le remarque pas, les médias nous le rappellent tant ils sont en boucle avec ce phénomène météorologique exceptionnel mais nous l'avons déjà connu par le passé avec moins de paranoïa. Le monde actuel est ainsi fait, avec des populations tellement détachées de la nature, qu'il faut leur expliquer les fondamentaux de la vie : boire, rester à l'ombre, fermer la chaleur dehors la journée, aérer la nuit jusqu'au petit matin avant que la température ne grimpe, éviter les efforts sous le soleil...On va bientôt nous dire qu'il faut respirer pour rester en vie ! 


Mais respirer de l'air pur devient difficile, même dans nos campagnes relativement préservées des pollutions : les brassages d'air au-dessus de nos têtes nous ramènent les particules dangereuses produites par l'industrie, les transports, la vie moderne ailleurs que chez nous. Mais le modèle économique libéral n'a que faire de la santé des gens, ni de l'avenir de la planète. Seule la production de richesses est jugée nécessaire à l'avenir de l'humanité, selon les critères de ceux qui ne raisonnent que par l'argent, et qui ont les manettes du pouvoir. 


Je voudrais me tromper, mais je pense que le premier ministre, dans sa volonté de réduire les déficits et rééquilibrer les comptes de la nation, suit les instructions des influenceurs libéraux qui n'ont qu'une méthode de calcul : diminuer les dépenses publiques pour augmenter les fortunes privées. Le grand sujet est de faire travailler plus, en n'étant pas plus payer, pour ramener des sous dans les caisses grâce aux bénéfices fiscaux et sociaux de la production supplémentaire. Donc, faire travailler deux jours de plus gratuitement les salariés, y compris ceux qui ne produisent pas grand chose d'autre que du vent dans les hautes sphères des grandes entreprises ou de la haute administration. Les ouvriers, comme les petits artisans, les auto-entrepreneurs, les employés des hôpitaux et des Ehapd, veulent bien participer un peu plus à renflouer les caisses. Mais ils veulent aussi une contribution équilibrée de chacun, ne comprenant pas que les plus fortunés, les plus aisés dont les revenus ne sont pas issus de leur travail, mais de leurs avoirs dont les rentes sont le produit du travail des salariés des entreprises et de la consommation du plus grand nombre, ne soient pas impactés plus que ça par les mesures de rigueur budgétaires, qu'il ne faut surtout pas appeler de l'austérité. Il faut garder de la marge pour la suite, car le problème est loin d'être réglé ! 


Pour des raisons diverses, le gouvernement de François Bayrou ne devrait pas passer l'hiver tant il manque de courage et d'imagination pour chercher des solutions nouvelles au lieu de recettes éculées inefficaces. Les différentes factions de l'Assemblée nationale ne permettent pas non plus la cohésion nécessaire à la mise en place d'un plan acceptable par tous, tant que les enjeux électoraux resteront supérieurs aux intérêts de la nation. Entre les inepties des extrêmes aux idées simplistes qui ne font que fracturer chaque jour un peu plus le pays et le flou de celles des modérés qui ne savent pas sur quel pied danser, il est évident que ça ne peut durer. 
Et le Président de la République dans tout ça ! Il est un peu l'architecte du bazar qu'on vit, certainement très intelligent et cultivé, mais si éloigné du terrain qu'il regarde de si haut, si imbu de sa personne, qu'il en est devenu le Président de lui-même, laissant échapper la politique dans des mains  d'apprentis sorciers qui rêvent de pouvoir à la mode autocratique en vigueur en Chine, aux USA, en Russie, et bien d'autres pays. La démocratie a du plomb dans l'aile faute de combattants pour la défendre. Les peuples ont visiblement choisi la soumission, par peur de s'engager pour défendre la liberté collective et croire qu'ils vont sauvegarder des libertés individuelles en faisant le dos rond. Ça marchera pour certains, mais jamais dans le temps. 


Revenons au Pays de Giat. J'ai été contrarié dimanche dernier en ne pouvant acheter du pain frais non industriel après 10 heures du matin : du jamais vu dans mon existence ! Je ne vais pas reprocher aux artisans de travailler le dimanche, puisqu'on voit de plus en plus de boulangeries fermées le dimanche, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi tant investir si on assume pas derrière la production attendue par les clients.

Les nouvelles générations veulent de l'argent et travailler, mais sans contrainte, sans trop d'efforts, pour garder assez de temps libre : le contre-champ des idées du gouvernement. Je crains que l'idée de faire produire gratuitement des richesses ne soit pas tout à fait raccord avec les mentalités évoquées ci-dessus. Il y aura peut-être des gens présents au boulot, mais y-aura-t-il plus de production ? cela reste à voir : la résistance passive existe encore. 


L'espoir reste possible, mais il faut dépasser les individualités croissantes de la société. Au pays de Giat, il y a encore de la solidarité, de la vie collective, mais cela est très fragile : il faut aller vers les autres, recevoir et donner. Se parler et faire ensemble pour la collectivité. C'est facile, il faut juste un peu de volonté et d'engagement qui rapportent une richesse humaine à la valeur extraordinaire. On est bien chez nous, on peut être mieux encore en ayant le sens commun.  

 

Jeudi 17 juillet 


Après une période caniculaire fin juin, le mois de juillet se veut estival comme on l'aime au pays de Giat : suffisamment chaud sans excès avec des nuits assez fraîches pour bien dormir. Certes, de la pluie serait bienvenue, mais pour l'instant, il n'y a rien de catastrophique au regard d'autres régions pas forcément très éloignées d'ici.  Les animations et manifestations s'organisent un peu partout, offrant aux habitants et aux visiteurs de quoi s'occuper, se distraire et se cultiver. Mais comme toujours, certains n'arriveront pas à trouver leur satisfaction puisqu'il n'y a jamais rien qui va. 


Ceux-là auront de quoi dire s'ils ont écouté le premier ministre présenter des directions du budget pour remettre de l'ordre dans les comptes de la Nation. Le pays vit au-dessus de ses moyens, ce n'est pas nouveau, mais la situation s'empire sérieusement au niveau de la dette : la Grèce fait désormais mieux que la France dans ses équilibres financiers ! Devra-t-on en arriver à une cure d'austérité magistrale comme ce pays l'a vécue pour revenir à niveau ? 


Le discours du premier ministre était celui de la vérité, enfin d'une vérité selon les critères de l'économie libérale en vigueur depuis plus d'un demi-siècle qui a réglé le monde selon des principes strictement financiers, sans se soucier du reste. Et les gouvernants d'aujourd'hui, comme leurs conseillers et les administrations, ont été bercés par ces orientations. Certes, le libéralisme a permis des progrès, de l'augmentation du niveau de vie pour une majorité de terriens. L'économie libérale est basée sur l'augmentation de richesses grâce à la hausse de production de biens et de services pour satisfaire des besoins des consommateurs toujours plus exigeants. La théorie est bien écrite, mais la réalité semble être toute autre. En effet, le système est conçu pour créer du besoin toujours plus fort, plus cher afin de produire le plus de biens qui auront coûté le moins cher possible aux entreprises : l'objectif de la mondialisation lancée dans les années 1980 pour supprimer les frontières commerciales, favoriser les échanges dans un monde où tout est beau et où tout le monde est gentil ! Cela a eu de l'effet : les industriels ont délocalisé à outrance dans les pays à bas cout de main d'œuvre, et la Chine s'est éveillée...Tant que l'énergie n'était pas chère, la numérisation, l'informatisation, la technologie ont permis de remplacer les ouvriers par des techniciens dans les sociétés occidentales. Tout cela en continuant l'exploitation des ressources naturelles au profit de groupes économiques puissants et en développant le monde virtuel de l'information qui domine actuellement l'économie avec les GAFA, ces géants de la tech dont l'intelligence artificielle est le nouvel eldorado pour garder un monopole. 


En Europe,  les défenseurs du libéralisme au pouvoir, ont été très gentils et très naïfs à laisser le continent se faire avaler par les investisseurs américains et chinois, à se vendre aux banques américaines, parce qu'ils ont cru dur comme fer aux arguments des économistes de la mondialisation heureuse sans se rendre compte que cela n'était qu'une question d'influence et de politique de partage du monde par les plus puissants des états. Enfin, la prise de conscience est arrivée, il aura fallu une guerre aux portes de l'Union européenne et un président américain sans scrupules pour en arriver là. Un peu tard peut-être et la situation est encore très fragile, minée de l'intérieur par des manipulations extérieures efficaces. 


En France, le courage a manqué aux diverses majorités politiques de ces dernières décennies pour prendre des décisions nécessaires et digestes quand il le fallait, préférant caresser dans le sens du poil leurs électeurs pour ne pas prendre de risques électoraux. Cela n'a servi à rien, les alternances bricolées et les dernières vicissitudes  des responsables politiques qui n'ont de vision que la prochaine échéance électorale ont enfoncé le pays chaque jour un peu plus dans le marasme économique au sens libéral du terme bien sûr. C'est ainsi que les propositions courageuses et débiles de François Bayrou occupent les conversations depuis quelques jours. Des recettes éculées à l'efficacité douteuse alors qu'on attend des actions résolument modernes pour résoudre un problème posé depuis des lustres. Comme si ce dernier était apparu brusquement, mais des décennies de réflexion, d'études, de rapports, d'analyses ne débouchent que sur des annonces dignes de la 3ème République. Quelle marche arrière ! La vision à long terme que doit avoir une personnalité politique de premier plan n'est pas à l'ordre du jour. Gouverner, c'est prévoir : il y a bien longtemps que cet adage est passé de mode en France où le regard des gouvernants est plus dans le rétroviseur que sur la ligne d'horizon. 


On reste arc-boutés sur les pressions des marchés financiers auxquels on confie la dette pourtant il serait bon de s'affranchir de ceux-ci. Il me semble qu'au Japon, où la dette est colossale, le problème ne se pose pas dans les mêmes termes : l'Etat emprunte auprès de ses habitants, sans influence des notations des organismes américains, sans être soumis aux diktats de banques étrangères. 


Le libéralisme tel qu'il est pratiqué nous emmène droit dans le mur, il va se détruire forcément, comme tout système. Faudra-t-il en arriver là pour remettre l'humain au centre du monde, à la place de la finance et de l'argent qui ne servent qu'à une petite minorité ? Nous oublions trop souvent que nous avons le pouvoir si on s'unit, mais à trop se regarder le nombril, parce que nous sommes sous influence, nous sommes contraints à subir. Parce que nous le voulons bien. 


Alors, il faudra travailler plus pour gagner moins, mais il y a le choix de vivre plus modestement aussi, tout en étant plus libre et heureux malgré tout. 

 

Jeudi 26 juin

 

Après une nuit orageuse, le calme revient avec un peu de fraîcheur temporaire au pays de Giat, en ces temps de forte chaleur. Le changement climatique existe bel et bien, malgré les volontés de ne pas y croire, les faits le démontrent. A la saint Jean, les agriculteurs ont fini les foins, certains ont déjà engrangé du regain, les moissonneuses sont prêtes à entrer en action : il y a moins de 30 ans, les faucheuses étaient à peine dérouiller ! Constatons aussi la précocité de la nature : les sureaux et les tilleuls sont en fleurs, et c'est même en train de passer. Autrefois, il fallait attendre le 14 juillet pour voir cela. Je ne sais pas si ce sont les conséquences du réchauffement ou les mêmes qui causent ce réchauffement, mais je remarque aussi un appauvrissement impressionnant du peuplement des insectes. Hier, je voyais des vaches à peine contrariées par les mouches alors que je me souviens des colonies de mouches que ces animaux avaient du mal à supporter. S'il y a bien encore des moustiques pour troubler le sommeil, et bien tôt dans la saison, force est de voir qu'il n'y en a quasiment plus d'écraser sur les pare-brises et les phares des voitures. Il y a bien quelque chose de changer en ce bas monde, et les hommes y sont pour quelque chose. 


Il fait chaud à tout point de vue. L'ambiance mondiale est aussi fiévreuse sur les points de tension politiques entre les états, entre les religions, entre les puissants. Le président américain s'honore d'avoir arrêter le conflit israélo-iranien de ces derniers jours, après une intervention militaire de haut vol de son armée de l'air qui ont frappé des installations nucléaires en Iran. Mais serait-ce durable ? Israël continue sans sourciller son écrasement de Gaza, au mépris des vies des civils, mais l'absence d'intérêts stratégiques ou financiers laisse les palestiniens de ce territoire à l'abandon le plus complet, délaissés aussi par leurs soi-disants frères des pays musulmans du Proche-Orient. Donald Trump triomphe aussi à l'OTAN, après avoir fait plier les européens sur le financement de leur sécurité, montrant à la fois la force des Etats-Unis et sa volonté de ne plus défendre le monde libre, seulement vouloir être le plus fort pour dominer. Alors l'Ukraine doit se résoudre à ne compter que sur elle-même d'abord, le soutien des pays européens restant toujours bien timoré par rapport à l'enjeu qui déterminera l'avenir du continent, coincé entre l'hégémonie de la Russie et le lâchage des Etats-Unis. Des européens fragiles et si peu soudés, y compris à l'intérieur de leurs états même, où une guerre d'influence menée par des pays étrangers, radicalisent les positions des citoyens pour mieux fracturer les nations. L'objectif est d'en diminuer la puissance pour mieux contrôler, soumettre. 


Les citoyens sont manipulés sans qu'il s'en rendent comptent, souvent par ceux qui leur font miroiter une vision d'un monde plus libre, plus blanc, plus sûr. Il faut traduire par une bonne dictature, un pouvoir fort et autoritaire qui restreint l'information, l'expression et qui favorise le contrôle individuel le plus poussé, la réécriture de l'histoire, qui réduit drastiquement le choix politique et la liberté de penser. La mariée est trop belle pour croire que les solutions se trouvent dans le repli sur soi, la fermeture des frontières, la fracture sociale qui ne laissent que des avantages à ceux qui les ont déjà et font perdre tous les espoirs des moins nantis condamnés à rester pauvres. Il ne faut pas se tromper de combat, renvoyer les problèmes de la société sur les plus faibles montrent une réelle faiblesse et un manque de courage certain pour la faire progresser et réduire les inégalités. Mais on a les dirigeants qu'on mérite, par manque d'engagement,  par désertion de la vie citoyenne : laisser les autres décider pour nous alors qu'il existe (encore) des moyens de se faire entendre ne peut amener rien de bon. On l'aura bien cherché, il ne faudra pas se plaindre alors, ce sera trop tard. Vous êtes prévenus. 


L'avenir du monde n'est pas entre les mains de quelques autocrates qui bâillonnent leurs peuples,  ni dans les poches de super riches qui captent la majeure partie des richesses de la planète au mépris de l'humanité. L'avenir du monde dépend de l'union des bonnes volontés qui doit être la plus large possible pour faire plier ceux qui ont les manettes. C'est dangereux, risqué, mais qui a dit que la vie, la liberté étaient garanties sans problème. Notre situation plutôt confortable dans nos démocraties occidentales n'est pas arrivée sans sacrifices de nos aïeux, sans combats, sans union. Ils nous ont légué de bonnes choses, à nous de les faire perdurer. 

 

Vendredi 13 juin 

 

Alors que ce mois de juin s'écoule paisiblement et chaudement au Pays de Giat, le monde connaît un nouvel embrasement terrifiant au Moyen-Orient : Israël a mené des actions militaires d'envergure en Iran au cours de la nuit, une nouvelle étape dans ces conflits religieux et territoriaux de cette partie du monde. N'oublions pas que pendant ce temps, la guerre continue en Ukraine où les forces russes pilonnent sans arrêt des villes, causant de nombreuses victimes parmi les civils, au mépris des règles de guerre signées. Mais la seule règle valable en temps de guerre n'est-elle-pas la victoire à tout prix pour ceux qui l'ont déclenchée, qui la dirige. Les conventions internationales ne sont que du papier ! 

 

Jusqu'où cela ira-t-il ? Une petite braise peut être cause de grands incendies. On le voit avec les feux gigantesques au Canada dont les fumées viennent jusqu'à voiler notre ciel et polluer l'air de notre environnement. Nous sommes tous sur la même planète, tout est lié. Les défenseurs des frontières, des nations, ne l'ont toujours pas compris, tellement focalisés sur leur étroitesse d'esprit qui laisse croire la possibilité de ne pas subir les conséquences des phénomènes humains ou naturels déclenchés ailleurs. La théorie de l'effet papillon semble se vérifier chaque jour pourtant. Pour rappel, cette théorie explique que le battement d'ailes d'un papillon aux antipodes peut être à l'origine d'une tempête loin de là. 

 

On le constate : les décisions et indécisions de Donald Trump ont bouleversé l'économie mondiale en mois de quatre mois, l'invasion de l'Ukraine par Poutine a changé durablement la sécurité européenne, la guerre en Orient joue énormément sur les cours du pétrole et les transports de marchandises depuis la Chine, les manipulations de l'information et les influences malveillantes augmentées par l'intelligence artificielle, les marches arrières des gouvernants sur les politiques environnementales à longue échéance ont des répercussions sur chacun d'entre nous, et les luttes seront vaines pour conserver nos modes de vie consuméristes et énergivores. Fermer les frontières coûtera plus cher que d'accueillir et intégrer des immigrés, mais il se trouve toujours de l'argent pour faire le mal alors qu'il faut pleurer misère pour obtenir l'aumône qui sauve le misérable. Dans nos pays riches où la démographie connaît de gros problèmes de renouvellement des générations, se renfermer est synonyme de suicide collectif à long terme. Le Japon est en train de le vivre, sa population baisse grandement, et son vieillissement augure de sérieux problèmes. 

 

Mais revenons à notre beau pays de Giat : ça sent l'été, et fortement. Les chaleurs de ces jours-ci sont ostensiblement au-dessus des moyennes d'une mi-juin, laissant craindre des épisodes orageux violents. Les fêtes sont de retour, et ça fait du bien : les habitants montrent l'envie d'être ensemble, de se retrouver. Un élan collectif qui contre l'individualisme des réseaux sociaux numériques : le véritable réseau social n'est-il pas la compagnie réelle de ses proches, autour d'un verre, à table, dans des moments de vie communs. La diffusion d'un documentaire sur le quotidien de l'Ehpad de Giat "l'Ehpad du bonheur" démontre haut et clair que prendre soin des autres est la meilleure réponse à l'inhumanité causée par la mise au centre de la société de l'argent qui gouverne la marche du monde, au mépris de l'humanité toute entière. Plus que la vision de ce film, c'est la façon dont nous organisons ensemble la société qui donnera du sens à nos vies, en privilégiant l'humain au matérialisme. Laissons les écrans de côté, parlons-nous directement, passons et prenons du temps avec les autres. Il y a tant à apprendre en bonne compagnie. L'engagement bénévole dans la vie associative, communale est un moyen pour y arriver, à condition de ne pas s'en servir pour satisfaire son orgueil, pour s'arroger du pouvoir ; à condition d'être bienveillant, de regarder l'intérêt général.  On n'est sûr de rien, et encore moins de l'avenir, il vaut mieux s'assurer des bonnes relations que de s'enfermer dans des tours d'ivoire, des prisons dorées.

 

Je n'ai pas fait attention aux sujets de philo au bac, mais je crois que  je n'en ai pas besoin pour me titiller l'esprit et partager mes impressions qui n'ont vocation qu'à faire réfléchir, ou simplement à lire sans arrière pensée.  Bientôt les vacances pour beaucoup d'entre vous, on se croisera peut-être et j'en suis déjà très heureux. 

 

Mardi 3 juin 


Après les orages du week-end qui ont causé de gros dégâts dans le secteur d'Ambert dimanche, l'accalmie météorologique donne du temps à la nature pour développer la végétation : une petite randonnée matinale me l'a fait remarqué et j'ai suivi la route pour éviter de me mouiller les pieds. Autant de temps passé à flâner dans ma campagne tout en réfléchissant aux propos que j'allais pouvoir étaler au retour de cette promenade précédant la rédaction de ce texte. 


Les inquiétudes de l'avenir du monde ont été au cœur de ces réflexions, plus que la bonne nouvelle de la victoire des footballeurs parisiens en Champion's League ou la montée en division supérieure de ceux du club local.  La conférence de l'ONU sur la protection des océans qui va avoir lieu me semble un sujet plus universel mais je crains que cela ne reste que de la communication dans un monde dirigé par des gens plus sensibles à leur pouvoir, quitte à nuire, qu'à la survie de l'humanité. La surprise militaire des ukrainiens qui ont réalisé une remarquable attaque en Russie, détruisant une partie du potentiel aérien de leur ennemi, montre les facultés de résilience d'un petit pays face à un monstre invasif dont la réelle force est le peu de valeur donnée à l'homme, à ses citoyens qui sont soumis à un système politique dictatorial. Mais, au regard des résultats des élections présidentielles polonaises qui ont fait gagné le candidat nationaliste et populiste, il semblerait que trop d'européens soient conscients de leur avenir libre et paisible. Les partis extrémistes ont le vent en poupe, surfant sur la peur de citoyens qu'ils influencent en ce sens, leur faisant croire à des lendemains plus blancs, plus sécurisés, plus refermés en manipulant leurs consciences. Avec des idées simplistes, bien rabâchées, pour mieux pénétrer des cerveaux ramollis par les réseaux sociaux notamment, par les médias de propagande, les forces radicales nationalistes se propagent de plus en plus. J'avoue ne pas comprendre comment des gens formés, intelligents, curieux tombent dans un piège qui les aveugle, qui les abrutit, qui les soumet.

Combien de fois n'ai-je-pas écrit sur la nécessité de s'informer en variant les sources d'information, en cherchant des explications profondes, en les croisant pour s'assurer des vérités plutôt que d'avaler des messages sans fondement circulant par milliards sur les plateformes américaines ou chinoises, là où rien n'est vérifiée, là où tout et son contraire peuvent être dits, là où les plus jeunes se forgent une conscience orientée vers la violence, la soumission, la fracture sociale. Ainsi va la vie.

 

Au nom de la liberté et de la sécurité, au nom de la paix et des religions, nous sommes en train de perdre la liberté de penser, de conscience, de circuler. Les gens veulent de l'autorité parce qu'ils se croient en danger jusqu'au plus profond des campagnes,  parce qu'ils croient que les dérives sociétales viennent de l'extérieur, parce qu'ils pensent perdre leur bonheur matériel si chèrement acquis. Pourtant, à bien y réfléchir, construire des murs pour se protéger n'est-il pas aussi s'enfermer dans une prison ? Former des bataillons de sécurité, faciliter l'accès aux données personnelles (des autres bien sûr), augmenter la surveillance électronique, n'est-il pas aussi se priver de libertés fondamentales ? Dépenser plus dans la protection que dans la prévention, dépenser moins dans l'éducation et la recherche que dans la défense, vouloir la garantie de meilleurs services publics sans que ça coûte, n'est-il pas plus risqué d'augmenter la dette que de la réduire ? Je pourrais décliner à l'infini les contradictions et les paradoxes dont on ne parle pas généralement du côté des candidats aux élections. En 2025, on en est toujours aux promesses de raser gratis, alors que la politique est pieds et poings liés aux pouvoirs financiers dont les détenteurs sont eux très unis, contrairement aux peuples fracturés par leur volonté de bien les assouvir. L'union fait la force, tout le monde ne l'a pas compris. Diviser pour mieux régner, certains le maîtrisent très bien.  Et dans tous les cas, c'est toujours les plus faibles qui trinquent. La loi de Darwin sur l'évolution des espèces trouve ici sa déclinaison politique. 


Plaignez-vous, braves gens, tant qu'il vous plaira ! suivez la meute, vive l'uniformité, à bas les différences ! Regardez sans bouger, sans réagir tant que cela ne vous touche pas ! En attendant, ce sont des chaînes qui se mettent en place, des fils qui s'attachent, pour que le peuple soit composé de marionnettes aux cerveaux vidés de l'intelligence individuelle qui font de chaque être humain un être unique, original, pas un robot. Nous avons le pouvoir d'agir, encore, ensemble. 


En bon observateur du monde qui se délite, je me dis qu'on est bien au pays de Giat. C'est parfois bon d'être loin de tout, et proche des gens. Car là est bien la raison d'être des hommes et des femmes, car sinon sur qui compter quand rien n'ira plus. 
Préparons l'été, les jours sont longs, profitons. 

 

Jeudi 22 mai 


Le monde ne va pas très bien, et moi aussi je me sens bien fatigué depuis une semaine. j'espère que ce ne sera qu'une phase momentanée et qu'avec une météo estivale attendue, ça ira mieux. Nous verrons bien, ainsi va la vie.  Il est vrai que nous aimerions voir arriver du beau temps continu et durable pour nous changer de la grisaille qui nous enveloppe depuis tant de temps. Ne nous plaignons pas quand même car dans 'autres régions les orages de ces derniers jours ont été parfois catastrophiques, et il nous faut relativiser et accepter sereinement nos journées de petites averses ponctuées heureusement de quelques moments ensoleillés. La nature ne s'y trompe pas, elle est verte et fournie, belle à voir. 


Dans un monde à feu et à sang comme jamais, en Ukraine, en Asie, au proche et moyen Orient, dans un monde de plus en plus viril et autoritaire, en Russie, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, en Turquie, dans un monde fragile à tous points de vue à cause du dérèglement climatique, des guerres ouvertes, des guerres cachées, des influences néfastes grandissant sur les réseaux sociaux, l'humanité est en danger. Mais cela ne semble pas inquiéter des dirigeants heureux de cette situation qui conforte leurs pouvoirs, ni ceux qui n'ont pas le courage de vouloir changer les choses, bien contents de garder leurs pouvoirs par orgueil. Oh! il y a bien quelques voix qui s'élèvent contre cet état de fait, mais elles restent inaudibles dans le brouhaha de la finance et de la force. L'avenir de l'humanité dépend d'abord des peuples qui sauront s'unir par-delà leurs origines, leurs cultures et leurs croyances pour imposer la seule chose qui vaille, la solidarité planétaire face aux multiples dangers qui guettent,  qui se rapprochent et qui nous rapprochent de la fin. La technologie peut être prometteuse de solutions mais je crains qu'elle ne soit pas suffisante devant l'immensité des changements qui sont en train d'arriver. 


Un petit point d'actualité pour remarquer que tout change mais rien ne change. Le Président de la République n'arrive pas à se remettre en question et continue de parler dans le vide, les forces politiques rament pour tenter d'exister, sauf au Rassemblement national dont la promotion est assurée par ses adversaires déchirés offrant un spectacle rebutant pour les électeurs. Tant que le personnel politique courra derrière les idées des extrêmes plutôt que de présenter des idées originales, fortes, nouvelles pour apaiser et sortir le pays du marasme, l'avenir s'annonce bouché et plus qu'incertain. Les élections municipales de l'année prochaine questionnent dans les campagnes,  entre les maires qui vont arrêter et l'absence de candidats compétents, le prochain mandat va être rock'n roll dans certaines communes, surtout s'il n'y a pas de listes présentes pour le vote. Les citoyens ne s'en rendent pas compte, plus habitués à critiquer qu'à s'engager, mais ils risquent devoir se plaindre autrement, sans interlocuteur à accrocher. Et maintenant, que fait-on ? C'est tellement plus facile de vivre sa petite vie avec plein d'avantages offerts par l'engagement d'élus soucieux de l'intérêt général que de se prendre en main pour apporter du bien à la collectivité. Mais quand il n'y aura plus de collectivités, bonjour le chacun pour soi ! 


Ne parlons pas du reste du monde qui nous pète à la gueule, on a du souci à se faire, mais il y a le choix entre résignation et combat.  Je ne fais que des phrases, j'aligne des mots, c'est ma contribution à la prise de conscience des problèmes de notre époque.  Comme un ermite qui laisse la Terre tourner et qui tournera encore longtemps, même sans les hommes.  Le temps s'éclaircit un peu, il y a toujours un espoir que cela va s'arranger. Et ça s'arrangera, forcément. Ça s'est toujours arrangé. 

 

Mercredi 7 mai 


A la veille de la célébration du 80ème anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale avec la commémoration de l'Armistice signée à la suite de la capitulation de l'Allemagne nazie, on ne peut pas dire que le monde a retenu la leçon des tragédies vécues pendant ce conflit. Certes les états européens ont réussi en partie à rester en paix depuis, mais il ne faut pas oublier le conflit en ex-Yougoslavie où l'éclatement de cette fédération a remis sur le devant de la scène les rivalités religieuses de la région. La paix retrouvée là-bas demeure très fragile et chaque jour, elle peut être rompue sur un simple détail. L'Union européenne reste la meilleure chose qui soit arrivée aux citoyens des états qui la composent : le départ de la Grande-Bretagne a démontré qu'il valait mieux être à l'intérieur de cette union qu'à l'extérieur, une leçon qui a fait réviser leurs convictions aux partis populistes et nationalistes beaucoup moins pressés de retrouver l'indépendance totale de leurs patries qui s'avèrent beaucoup moins fortes qu'ils ne le pensaient. 


Demain, on célèbrera la paix et après-demain l'Europe unie : la guerre que mène la Russie de Poutine à l'Ukraine, corrélée aux soubresauts (pour ne pas dire ruades) de l'administration Trump aux Etats-Unis  a permis de faire prendre conscience aux dirigeants de l'union européenne de renforcer leur puissance qui ne doit pas être que commerciale. La Chine lorgne sur ce marché de 500 millions de consommateurs qui n'a pas su, ou pas voulu, voir les dérives du libéralisme auquel il a adhéré sans trop de garde-fous, créant même ses propres règles de distorsion pour mieux être concurrencé et s'affaiblir. La naïveté des dirigeants successifs est affligeante sur ce point, et il y a  encore bien à faire pour changer leurs mentalités. C'est tout bénéfice pour les partis extrêmes qui n'ont même pas à faire d'efforts pour mettre en avant leurs arguments pseudo-protectionnistes pour être entendus et suivis, tant les pouvoirs en place manquent d'imagination et de courage pour proposer des alternatives sérieuses pour redonner envie aux citoyens de s'engager plutôt que de se soumettre aux idées simplistes des populistes, signes précurseurs des dérives autoritaires décriées quand elles progressent ailleurs mais souhaitées par certains des laissés pour compte des politiques économiques plus favorables aux financiers et autres libéraux, toujours plus riches et puissants, qu'aux braves gens qui font tourner la machine (les fameuses premières lignes félicitées pendant le Covid et bien oubliées depuis). Et comme rien ne change dans le fond, il faut s'attendre à voir arriver au pouvoir en France les partis extrêmes : ça ne résoudra pas les problèmes, bien au contraire, mais il sera arrivé ce qui devait arriver faute de ne pas avoir pris les bonnes décisions au bon moment, faute de laisser courir les problèmes et de procrastiner.


Ces derniers temps, le referendum est à la mode : le premier ministre invoque l'idée pour faire passer un budget, le président veut en annoncer sur on ne sait quels sujets, le ministre de l'Intérieur en verrait bien un pour asseoir ses idées réactionnaires sur l'immigration....Comme si demander l'avis des citoyens devenait essentiel quand le parlement est devenu inaudible faute de majorité et consensus impossible à cause de la bêtise d'élus qui ne veulent pas que ça marche, car ça risquerait de les gêner dans leur carrière, plus importante que le bien du pays. On le voit bien, ce n'est qu'une question d'egos et de personnes, mais ce n'est plus de l'idéologie. L'intérêt général n'est valable que s'il apporte de la plus-value à l'intérêt particulier. 
Ainsi, logiquement, nous devrions être appelés aux urnes bientôt, avant les municipales de 2026. Pour un referendum, des législatives anticipées (une dissolution peut arriver sans crier gare), une présidentielle (ce n'est pas exclu), les possibilités sont nombreuses. Et en mars prochain, élections municipales. Les nouvelles dispositions voulues par les députés, validées par les associations de maires, vont changer la façon de voter dans les petites communes : scrutin de liste, parité obligatoire, panachage interdit. Tout l'intérêt et le charme de cette élection supprimés au nom d'un principe d'égalité quand ça arrange, parce que l'égalité des citoyens des petites communes par rapport à ceux des métropoles n'est pas toujours bien ressentie. La continuité territoriale de la République a des limites au regard des administrations et de l'Etat qui exigent l'application des règles en tout point mais qui rechignent dans celle des devoirs de sécurité, santé et éducation pour chacun des français. Il ne va pas être facile de constituer des listes pour ces élections, et quand cela sera, il n'y en aura souvent qu'une : pourquoi aller voter si le résultat est connu d'avance ? Autant désigner d'office les nouveaux conseillers ! La déconnexion du terrain dans les assemblées, les ministères, les écoles supérieures, est telle que la gestion virtuelle du pays laisse craindre des tensions insurmontables. L'Etat a toujours pu compter sur les communes et leurs maires pour garder la cohésion du pays, mais si les piliers de la République que sont les élus des 35000 communes ne s'engagent plus, c'est la porte ouverte au chaos. On n'a bien vu avec la crise des gilets jaunes, puis avec celle du Covid, combien il était nécessaire de garder le lien avec la base, que les élus de terrain arrivaient à canaliser les agacements légitimes des citoyens face aux directives lunaires venues d'en haut. Mais enfermés dans leurs certitudes et leurs tours d'ivoires, conseillés par des gens qui ont la même façon de penser, les dirigeants ne se rendent même pas compte qu'ils ont allumé la mèche de la bombe qui va les faire sauter. 


Et avec tout ça, me direz-vous, comment ça va bien ? La petite fraîcheur de cette semaine trouble un peu le bien-être au pays de Giat, mais sinon la vie est belle : le printemps est là, l'assiette est bien remplie, le lit est confortable, le travail est agréable, les attentions de l'entourage sont appréciables, et on laisse de côté les petites douleurs, l'actualité morose et les jamais-contents. On attend le nouveau pape sereinement, on est bien avec le peu qu'on a. 
 

Lundi 21 avril 


Le pape est mort ce lundi de Pâques, la nouvelle vient de tomber. L'actualité mondiale va être bouleversé durant quelques temps, mettant les élucubrations de Donald Trump aux oubliettes, la guerre en Ukraine entre parenthèses, le conflit israélo-palestinien en sourdine. Pourtant, le monde va continuer de tourner, et les responsables de ses malheurs vont continuer à mal agir dans l'indifférence des terriens, trop occupés à vouloir vivre ou trop souvent survivre. Il y a quelques jours, j'écoutais un intellectuel expliquait les malheurs des peuples causés par la puissance des riches capitalistes : les riches sont unis, bien tranquilles de l'indivision des pauvres qu'ils entretiennent sans difficultés. J'ai trouvé l'idée bonne puisqu'il suffit d'observer simplement l'évolution de nos sociétés, plus recentrées que jamais sur les individus, s'éloignant inexorablement de l'esprit collectif qui fait avancer la justice et la liberté, et plus largement la paix. Le pape François avait aussi cette volonté de rassembler, et la visite le jour de Pâques, du vice-président des Etats-Unis, pseudo-catholique de circonstances et chrétien intolérant, peut sembler une victoire du diable sur l'Eglise. Les intégristes chrétiens américains ont une vision du monde sans nuance, comme tous les intégristes des autres religions, qui utilisent leurs Dieux plus pour détruire que pour construire, plus pour faire la guerre que bâtir la paix. 


Dans notre Europe qui cherche son unité, ces forces radicales sont à l'œuvre pour faire capoter cette volonté de paix sur le continent, dans un cadre d'alliances contre-nature qui se dénoueront dès l'objectif de fracturation atteint. Tous ces nationalistes, plus ou moins patriotes, tous ces populistes, plus ou moins démagogues, savent manipuler des populations crédules qui se rangent volontiers derrière des idées simplistes, par facilité, par découragement, par dépit. Mais ça ne résoudra pas leurs problèmes, peut-être qu'ils croiront que  ça va mieux parce qu'on leur cachera la réalité comme dans tout bon pays dirigé par un homme fort, qui bâillonne l'information, la liberté de penser, d'agir, qui terrorise en enfermant, en tuant, les opposants, sans procès ou par des jugements fallacieux. Tous les jours, nous faisans face à des fausses nouvelles, nous subissons des influences désastreuses qui dévoient nos réflexions, qui nous poussent à la soumission. 


Nos gouvernants prêchent souvent dans le désert, on ne les écoute pas ou peu, et eux-mêmes ne s'écoutent pas, adaptant leurs discours aux publics, rabâchant sous diverses formes des principes et des concepts dépassés, incapables de chercher d'autres voies, de trouver d'autres pistes  pour améliorer la vie du monde, incapables de se renouveler, de renouveler leurs idées. On n'avance pas, on recule même puisqu'ils essaient de réadapter des solutions d'autres temps, qui ont généralement échouées, aux politiques qu'ils mènent aujourd'hui. Mais ils savent que sans union des pauvres, sans unités des peuples, ils sont tranquilles pour un moment, et nous en crèveront parce que nous le voulons bien. Vive la révolution ! 


Au pays de Giat, les budgets communaux et communautaires viennent d'être votés avec les contraintes de réductions des dotations d'un État aux caisses vides. Les élus terminent leur mandat et les citoyens commencent à s'interroger sur les prochaines élections locales. Plus soucieux de savoir qui va être maire de leur commune, plus pour qu'il satisfasse leurs demande que pour le soutenir dans sa fonction, plus inquiets de ne pas voir qui pourrait prendre la suite de ceux qui ne vont pas se représenter, sûrs qu'ils iront peut-être voter, certains qu'ils ne seront pas candidats parce qu'ils ont de bonnes raisons de ne pas s'engager, de ne pas se mouiller pour l'intérêt général, parce qu'ils n'ont pas ce courage nécessaire, ce besoin de servir la collectivité dont ils sont une composante. On va s'en remettre à Dieu, mais le Pape est mort ! Il n'y a donc pas de solutions pour vivre sa petite vie tranquille et confortable si les autres ne s’engagent pas. 


La vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais chacun sur son radeau est un risque majeur qui peut diminuer en attachant les radeaux en une seule embarcation plus solide, plus solidaire. L'union fait la force, le partage réduit les inégalités, la diversité multiplie les chances d'aller plus loin, plus fort. 


On est bien au Pays de Giat, une gardoise rencontrée à Giat me l'a déclaré spontanément : " ne changez rien chez vous, on est si bien". Mais il faut vivre bien ensemble.

 

Lundi 31 mars

 

Avec le passage à l'heure d'été, l'après-midi se rallonge et de retour d'une petite promenade bien agréable au soleil malgré un petit vent d'est plutôt frais, j'ai un peu de temps pour étaler sur le papier les impressions de mes dernières réflexions. 


"On est bien chez nous" dis-je régulièrement et je suis un peu répétitif de ce côté-là. Mais n'ai-je point raison ? tant le monde part à vau l'eau de plus en plus rapidement au gré du temps qui passe. Chez nous, la perception est atténuée par un environnement naturel préservé, une vie calme et tranquille, sans faits divers ni catastrophes, sans violence extrême et pas trop de tensions dans la population. Certes, cela fait partie des conversations des bonnes âmes inquiètes des incertitudes montantes du moment, mais ça s'arrête là pour l'instant. Pourvu que ça dure !


La gouvernance du pays reste compliquée, avec des retombées au plus bas niveau. Les choix orientés vers la sécurité pour faire face aux tensions internationales qui veulent fragiliser et réduire la puissance européenne, donc nous soumettre à d'autres valeurs et pouvoirs qui remettent en question nos façons de vivre, vont demander des efforts exceptionnels faute d'avoir anticiper la chose. Les progrès des dernières décennies ont été réalisés sur cette fausse idée que la paix était acquise pour toujours. Maintenant que nous sommes au pied du mur, ou au bord du trou, il est plus que temps de réagir. Et tant mieux si nous arrivons collectivement à l'échelle européenne à réussir ce challenge existentiel, mais ce n'est pas gagné. 


Des moyens colossaux ont été trouvés pour avancer dans ce sens : pourtant, quand il s'agit d'améliorer la vie quotidienne des citoyens, ça n'est pas possible. Question de priorité sans doute, ou d'intérêts sûrement. Car tout n'est question que d'intérêt, la morale n'a point de place dans cette affaire. Alors, la condamnation de Marine Le Pen et de ses acolytes du rassemblement national pour détournement de fonds à hauteur de 4 millions d'euros, tout de même, au parlement européen offre une vision des choses intéressante dans l'évolution actuelle du monde. La lourde peine infligée par des juges indépendants a vite été dénoncée par les partis d'extrême droite pour qui c'est une sanction politique qui va empêcher Mme Le Pen de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Peu importe la faute, de leur point de vue, une fraudeuse reste honnête puisque c'est de la politique. La loi qu'ont appliquée les juges a été votée par les députés à la suite de l'affaire Cahuzac, qui n'avait pas été très honnête dans ses déclarations de ressources pour être nommé ministre. Le déni de démocratie que dénonce la Russie à propos de ce procès, où les condamnés ont le soutien du président de la Hongrie, n'est pas franchement surprenant de la part d'autocrates qui bâillonnent au minimum l'opposition dans leurs pays, prônant la liberté de la justice si elle leur est soumise. Avec des soutiens comme ceux-ci, je n'arrive pas à comprendre pourquoi tant de gens arrivent à croire qu'ils sont défendus par des représentants populistes, qu'ils n'admettent pas des décisions de justice qu'ils applaudiraient si elles concernaient leurs opposants. 


Tout est question d'intérêts. Les grandes entreprises, les grosses fortunes influencent les pouvoirs civils pour "libérer les capacités d'entreprendre, limiter les charges fiscales et sociales qui sont des freins au développement". Des arguments repris par les populistes pour dire qu'il faut "moins de ce social qui profite à ces miséreux profiteurs". Mais regardons-y de plus près. A qui profite le crime ? Les bénéfices sont privés, les pertes sont publiques : telle est la base du libéralisme. Prenons la Sécurité sociale : les remboursements des frais de santé, si ils allègent la dépense des malades, nourrissent beaucoup de monde et remplissent les poches des actionnaires des laboratoires pharmaceutiques, des cliniques privées, qui savent bien s'y prendre pour facturer leurs services. Regardons l'aide au logement : la baisse de l'allocation il y a quelques années avait été mal perçue des locataires précaires, mais surtout des propriétaires d'appartements qui n'ont jamais hésité à répercuter les hausses de cette aide dans le prix des loyers. Gagnant-gagnant. Pensons aux subventions pour les chantiers publics des collectivités : le surcoût des travaux engendrés par diverses obligations, règles et normes correspondant aux frais de bureaux d'études est souvent égal aux aides publiques, ce qui fournit de l'activité économique aux frais du contribuable sans valeur ajoutée aux dépenses des collectivités. De même, les gros investisseurs, qui n'aiment pas les impôts,  exigent des collectivités de financer des infrastructures pour accepter de s'installer à un endroit, sans pour autant apporter des garanties d'emplois ou de développement local. 


Réduire les prélèvements est une bonne idée, il faut d'abord savoir où couper dans les dépenses, mais souvent, il n'est pas question de fermer les robinets qui font la fortune de ceux qui en profitent réellement. Il ne faut pas se tromper de cible. La misère peut être une source de profit très rentable pour certains.  


Réfléchissons bien sur ce que nous voulons, la mariée peut être trop belle pour être honnête. Demain, on ne rasera pas gratis, ça n'est jamais arrivé. Les idées simplistes cachent souvent des envies de pouvoir absolu, pas de pouvoir du peuple. Les dictateurs se revendiquent toujours du peuple, parlant en son nom sans jamais lui accorder la parole. Pire, en le privant de parole. Je me dis que je suis en danger si jamais nous devions subir un changement de pouvoir politique. 


Mais comme nous sommes bien chez nous, je suis rassuré. Je vais profiter  de ce beau pays de Giat encore quelques temps, et longtemps si ensemble nous le voulons bien.  

 

Samedi 15 mars


Hier, une lectrice me disait qu'il faudrait écrire tous les jours et moins long. J'ai répondu que l'idée était bien la bonne au départ mais ce n'est pas évident d'avoir cet exercice quotidiennement. Le texte est long, et peut être lu en plusieurs fois bien sûr pour prolonger le plaisir de me lire si tel est le cas. Ce matin, la neige est de retour et la météo chamboule pas mal l'emploi du temps prévu. Bien au chaud, je prends le temps d'écrire ces quelques mots, étant moins bousculé que prévu, sans aller sur les routes. Mes pensées vont vers des proches qui auront une journée bien triste pour dire adieu à une belle personne. 


Tandis que les tensions mondiales ne s'apaisent pas plus que ça, même si les curseurs redescendent un peu, les débats citoyens de France reflètent bien la désunion du pays. Aux extrêmes, toujours enclins à défendre la souveraineté et la gloire de la République, la volonté de paix s'affiche dans une drôle de soumission aux idées peu démocratiques répandues par des influences extérieures qui ne nous veulent pas que du bien. Comment peut-on soutenir d'un côté la pleine souveraineté d'un pays tout en le livrant à des puissances impérialistes ? J'ai du mal à comprendre. Les démocrates qui nous gouvernent penchent pour le réarmement de l'Europe dans une union originale pour faire face aux appétits russes et aux dénigrements américains. Cela va coûter et déjà l'inquiétude de devoir payer pour rester libre se ressent : l'individualisme de la société est incompatible avec l'intérêt général. On veut que rien ne change sans participer au pot commun pour que cela soit. De braves manipulateurs d'opinions sont à la manœuvre : l'Etat va piquer notre épargne, ponctionner les livrets ! Voilà une idée qui se répand à la vitesse grand V mais qui n'est à priori pas au programme. En effet, l'appel à l'épargne pour financer l'effort pour garantir la sécurité et la liberté des européens dont nous sommes est d'actualité. Mais la forme, les formes prévues sont moins radicales pour le moment : par exemple et c'est arrivé d'autres fois, le lancement d'un emprunt d'Etat auprès des particuliers semble être une solution envisagé, plutôt que de faire appel au système bancaire qui serait fragilisé par une crise mondiale. Là, on pourrait perdre beaucoup plus d'épargne. 


Oui, on aimerait que le monde ne change pas, continuer à vivre en paix et dans le confort de nos sociétés occidentales alors que beaucoup d'hommes et de femmes sur cette Terre, la majorité, sont dans une relative pauvreté, vivant dans la crainte du lendemain où une crise climatique, une guerre, des attentats, peuvent générer une famine, des épidémies, des déportations, des mouvements de population qui causent l'émigration. Souvent les causes de ces problèmes qui nous sont lointains ont pour origine l'enrichissement et la puissance de quelques pouvoirs financiers, militaires ou politiques rarement sensibles à l'humanité. La loi du plus fort est à la mode. 


Pourtant, nous sommes tous sur la même planète. Et la volonté de dominer le monde a une limite que la nature fixe : la Terre a tourné sans les hommes pendant des milliards d'années, et elle tournera encore longtemps sans eux s'ils se condamnent eux-mêmes à disparaître. Il faut regarder la lune, pas le doigt qui l'indique et voir un peu plus loin que le jour qui vient. 
Au pays de Giat, comme  partout en France, la prochaine échéance électorale doit être l'élection municipale en 2026. Beaucoup de maires en place depuis plusieurs mandats vont laisser leur fauteuil. Dans nos campagnes,  trouver un successeur n'est pas évident car s'engager à ce niveau demande beaucoup d'abnégation, de volonté, de disponibilité pour un travail exigeant, avec des contraintes difficiles, de la diplomatie et du tempérament, pour gérer des dossiers, des personnels, des citoyens qui ont plus de droits que de devoirs mais qui ne prennent pas part à la vie collective. De nouveaux habitants vont peut-être participer et s'engager, ils pourront même devenir maire et les autochtones critiqueront une personne qui n'est pas d'ici prendre en main leur territoire. Il est possible d'éviter cela : se présenter à l'élection. La critique est aisée, et prendre des fonctions l'est un peu moins, les assumer est encore d'un autre niveau : ceux qui ont le courage d'y aller doivent être remerciés et encouragés plutôt que des les dénigrés depuis son canapé. Question d'efforts. 


Ce week-end sera un  peu à la calée,
cela donne du temps à la réflexion. Ce qui ne change pas, c'est que la vie au Pays de Giat se poursuit tranquillement, au gré des saisons :  le printemps arrive, les jardiniers s'impatientent, mais il faut se précipiter lentement pour laisser la nature nous donner des raisons de bien vivre. Profitons de chaque instant, et ça ira mieux. 

 

Mardi 4 mars 


Le monde va mal : je crois qu'on ne peut pas mieux résumer l'époque que nous traversons. Il n'y a pas de quoi être surpris, c'était annoncé. Ne pas vouloir y croire n'a pas suffi à ce que ça n'arrive pas. Depuis une quinzaine d'années que je m'essaie à partager mes réflexions, je me rappelle avoir évoqué le changement de civilisation mais je pensais plus aux conséquences du progrès technologique et de l'installation de l'ère  numérique succédant à l'ère industrielle. Je n'avais pas imaginé une seconde que le monde allait basculé, et aussi rapidement, dans l'obscurantisme et la régression démocratique : la force physique a pris le pas sur l'humanisme, la puissance financière a pris le dessus du pouvoir politique. Seuls les intérêts matériels comptent, peu importe la dignité humaine. 


Depuis le 20 janvier, et la prise de pouvoir légitime de Donald Trump aux Etats-Unis, chaque jour réserve une surprise de mauvais goût. La rencontre à Washington avec le président ukrainien s'est soldée par une défaite cinglante du monde libre : l'administration américaine renie 80 ans de collaboration d'un seul coup en devenant l'allié de la Russie contre les démocraties européenne, lâchant l'Ukraine agressée en soutenant les thèses de l'agresseur russe, pour  récupérer des terres rares nécessaires aux intérêts particuliers de  capitalistes qui ont pour seule patrie leur fortune. 


La majorité des dirigeants du vieux continent sont abasourdis et ils prennent enfin conscience du besoin d'unité au-delà du marché unique qui a favorisé l'économie sans que cela serve à la sécurité. Cette prise de conscience est bien tardive, mais mieux vaut tard que jamais, s'il est encore temps. Cela ne convient pas aux nationalistes et populistes qui ne rêvent que d'indépendance et d'autonomie pour chaque pays. Il faut comprendre derrière ces belles idées qu'il n'est pas question de libertés individuelles. Leur volonté est la prise de pouvoir pour dominer les citoyens, les assouvir pour mieux les contrôler, les soumettre pour mieux les utiliser. Le vice-président américain a fait la leçon aux démocrates européens à Munich en défendant la liberté d'expression bafouée par des règles trop restrictives à son goût. En effet, ces dernières posent des barrières pour favoriser le pluralisme et le respect des idées et des pensées, c'est-à-dire protéger les individus de la diffamation, de l'humiliation publique, d'éviter la propagande des fausses informations et des idées liberticides, de ne pas laisser le champ libre à ceux qui ont les moyens de faire taire les plus faibles. 


On a bien vu la polémique bien entretenue au sujet de l'affectation des canaux de télévision par l'ARCOM, agence indépendante du pouvoir politique qui agit selon des critères du droit fixés par la loi votée par le Parlement. La suppression de la chaîne C8, affiliée au groupe de Canal Plus dont le milliardaire qui le gère ne cache pas sa volonté d'influencer les téléspectateurs en faveur d'idéologie autoritaire et sectaire, a soulevé un certain tollé chez les partisans de la liberté d'expression qui ne va que dans leur sens. La crédulité de certains fans pour l'émission "Touche pas à mon poste" est affligeante, mais sans vouloir empêcher les amateurs de buzz d'apprécier les pugilats médiatiques, il faut admettre que les mises en demeure, les amendes relatives aux écarts de conduite de l'animateur et de son entourage, des condamnations appliquées au regard de l'infraction des lois et des règles, ne pouvaient pas laisser indifférents pour prendre la décision l'attribution des fréquences de télévision auxquelles ont pu prétendre d'autres opérateurs qui ont été retenus. Il ne faut pas confondre les désirs et les réalités, mais c'est vrai  qu'avec un pouvoir autocratique ou dictatorial, ces questions ne se posent pas. Et vive la matraquage de masse, comme si les réseaux sociaux ne suffisaient pas. 


L'éducation de la jeunesse est à surveiller afin qu'elle puisse garder sa liberté de conscience mais elle est en danger, les ingérences des pouvoirs extérieurs sont à la manœuvre, notre naïveté collective sert des intérêts contraires aux nôtres. Il est plus que temps de s'en rendre compte et de travailler à lutter, de résister aux facilités idéologiques présentées sous de beaux atours, mais derrière lesquels se cachent bien des désillusions souvent définitives et brutales. Prenons garde : le besoin d'autorité et d'ordre qu'on nous attribue n'est que l'envie de pouvoir absolu de ceux qui prêchent une soi-disant bonne parole. Rester libre demande des efforts de chaque instant, de la curiosité de tous les instants, pour aller voir derrière les choses, pour comprendre ce qui pourrait se passer si nous ne sommes pas vigilants. L'avenir de la démocratie, donc de la liberté de penser et d'agir, n'a jamais été aussi fragile que maintenant. C'est un mur qui menace ruine parque que les pierres qui en forment la maçonnerie, ce sont nous et le ciment qui les tient, c'est l'unité qui nous rassemble : le respect, la solidarité , la laïcité, la citoyenneté, la liberté, l'humanisme, la protection de la vie et de la planète, le partage, l'égalité des droits...


Tout cela est remis en cause parce qu'on le veut bien, l'histoire s'écrit sous nos yeux, et nous devons en être acteur si nous voulons garder nos modes de vie, si nous voulons que les jeunes aient un futur moins sombre que ce qui pourrait arriver. Le 18ème siècle a été celui des Lumières, le 21ème risque d'être celui des Ténèbres si nous n'y prenons garde. 


Je sens que certains fidèles lecteurs vont trouver que je suis pessimiste : franchement, j'ai du mal à être optimiste ces jours-ci, malgré le beau temps, la quiétude du Pays de Giat, et la relative douceur de vivre que j'apprécie pleinement. Peut-être plus que jamais, car j'y tiens beaucoup et je ne voudrais pas que ça se détériore à cause des fous qui nous gouvernent ou qui veulent accéder au pouvoir avec des idées simples mais qui feront mal à tous. Des américains commencent à comprendre, mais c'est trop tard. On n'a plus besoin de choisir entre Trump et Poutine, les chinois regardent patiemment l'évolution qui joue en leur faveur. En 1816, Napoléon avait raison : "quand la Chine s'éveillera...", une citation reprise en 1973 par Alain Peyreffite comme titre d'un essai que j'avais lu adolescent. Déjà, je m'intéressais au monde ! 


Et il bouge bien, ce monde ! il tangue sérieusement, mais après la pluie, le beau temps. Si ça peut rassurer. 

 

Lundi 24 février 


"L'Occident va laisser l'Ukraine se faire bouffer par la Russie pour se faire croire qu'il va conserver son rayonnement déjà bien terni" écrivais-je le 24 février 2022. Je m'étais trompé : il y a eu une réaction et les ukrainiens ont montré une capacité de résistance qu'on n'aurait pas deviné à ce moment-là. Trois ans plus tard, on repose les mêmes inquiétudes mais il faut faire une mise à jour : Les États-Unis de Donald Trump vont laisser tomber l'Ukraine, mais en se réservant une partie de la curée. Les richesses minières ne pourraient être laissés à d'autres, Vladimir Poutine peut prendre le pays, à condition qu'il laisse les terres rares aux américains. Ne parlons pas des européens,  tant qu'ils restent des clients. Seul l'intérêt financier est un point de négociation pour Donald Trump, le reste est une perte de temps.  


Alors, quel avenir se dessine ? Les divisions européennes, bien entretenues par les influenceurs nationalistes et populistes au service des autocrates russes, américains, turques ou chinois, au travers des réseaux sociaux, sources de propagande solide face à la naïveté des certitudes ancrées dans les esprits pacifiques, montrent la fragilité du vieux continent. Il est temps d'arrêter les palabres, et d'agir en commun parce qu'il y va de la survie de notre modèle de civilisation. Ceux qui n'arrêtent pas de dire que c'était mieux avant pour promouvoir des pouvoirs autoritaires et des frontières imperméables sont des fossoyeurs avérés de notre façon de vivre. Ils ont de belles paroles, savent manier la communication, pour rendre responsables de tous nos malheurs des boucs-émissaires étrangers ou différents. C'est tellement facile, et si pratique pour faire plaisir aux esprits qui ne cherchent pas à comprendre le fond des choses. Pourtant, nous sommes collectivement responsables de ce qui nous arrive, et nous le seront tous ensemble de ce qui va arriver. Il faut arrêter de laisser d'autres gérer notre destinée. Cela passe par l'engagement : la critique est aisée mais l'observateur n'a pas le droit de se plaindre s'il n'est pas acteur. Attendre que les solutions arriveront d'en haut est une utopie qui a la vie dure, les révolutions sont vite récupérées par ceux qui n'ont d'intérêts que leur domination. Les saints sont au paradis, ils n'ont pas d'influence sur des dirigeants qui peuvent se recommander de Dieu mais qui se prennent finalement pour Dieu. 


Depuis un mois, Donald Trump multiplie les initiatives pour mettre en place une politique régressive dans son pays et dans le monde. Les citoyens américains commencent à prendre la mesure des décrets signés et appliqués : l'inflation n'a pas ralentie, des pans entiers de l'économie sont affaiblies du manque de main d'œuvre émigrée qui ne peuvent pas s'en passer, la solidarité se réduit comme peau de chagrin, les institutions s'écroulent sous les coups de butoir d'Elon Musk au point que la sécurité intérieure du pays est menacée (l'agence de sécurité nucléaire par exemple n'a plus assez de personnels pour mener à bien ses missions de surveillance des centrales ; les parcs nationaux vont être à l'abandon cet été avec des visiteurs lâchés dans la nature). L'objectif est la privatisation de l’État au seul profit de quelques-uns, comme en Russie notamment. Et la mise en coupe de l'Europe pour la soumettre. 


Les réunions et les actions d'Emmanuel Macron et d'autres responsables en Europe montrent une certaine fébrilité pour faire comprendre à tous le besoin d'unité, mais les populistes sont devenus puissants : ils rêvent de pouvoirs nationaux indépendants, mais pour quoi faire ? Rendre service à Trump pour mieux lui servir la soupe ! Être dans la main de Poutine pour assurer à quelques-uns les moyens de leur ego !

 

Les manœuvres militaires à la Courtine se multiplient, les exercices de l'armée de l'air au-dessus de nos têtes sont plus fréquents : si ce n'est que du spectacle pour le moment, il faut rester vigilant pour que ça reste ainsi. La récréation tire à sa fin, malgré nous. Être résigné ne solutionnera pas le problème. Le monde change, ne pas le voir est déjà de l'insouciance. 


Le temps est gris ce soir, la pluie attendue demain. Mais profitons de cette douceur de vivre au pays de Giat, en restant conscient que c'est très fragile.  

 

Lundi 10 janvier

 

Cette semaine l'Intelligence Artificielle (IA) est en vedette sur l'ensemble des médias en raison de la conférence internationale sur le sujet ouverte à Paris ce lundi. La veille, le Président de la République, Emmanuel Macron, s'est mis en avant pour prendre fait et cause pour cette technologie qui prend de l'ampleur depuis quelques années. De l'autre côté de l'Atlantique, Elon Musk et ses pairs des multinationales de la Tech, plus que soutenus par Donald Trump, sont à fond pour développer les applications liées à l'IA, sans vouloir accepter des régulations, des freins à tout cela. En Chine, l'IA est déjà passée dans la vie quotidienne, au service de l’État pour mieux surveiller ses citoyens. 

 

Alors l'intelligence artificielle fait peur comme toute avancée : déjà l'invention de l'imprimerie avait secoué le monde au 15ème siècle, jusqu'à bouleverser son évolution dont nous subissons encore les conséquences, et l'IA n'en est qu'une des formes d'aboutissement. Mais au 21ème siècle, la vitesse du progrès est si rapide qu'une génération a du mal à l'intégrer et là se pose le problème. On peut être pour ou contre l'IA, cela ne changera pas grand chose, elle est là et va modifier durablement notre conception des choses. 

 

Il y a deux faces à l'IA comme dans toute chose : une bonne et une mauvaise. Et elle est entre les mains de puissants personnages dont les idéaux ne sont pas toujours clairs, mais il est évident que la soif de richesses, de pouvoir semble supérieure à l'envie de servir l'intérêt général de l'humanité. Certes, il y a des promesses, des arguments pour nous dire que ce sera mieux avec l'IA. Mais mieux que quoi ? Nos ancêtres n'ont peut être pas été malheureux dans leur vie, sans progrès techniques, au plus près de la nature. Une chose est sûre, ils n'étaient pas stressés par le surmenage intellectuel, bombardés que nous sommes par des multitudes d'informations à engranger pour ne pas être éjectés de la société. Leur souci était celui d'avoir un toit, un repas d'abord, de vivre simplement : la société de consommation, de communication nous fait croire que l'essentiel est le superflu. Une belle supercherie !

 

Des bons côtés de l'IA, il y a l'amélioration des diagnostics de santé, l'optimisation de certaines tâches difficiles, l'aide à la recherche... D'un autre côté, il y a les moyens nécessaires à son fonctionnement, car elle est gourmande en énergie électrique la drôle ! et bien sûr, son utilisation sans filtres qui peut aider des personnes bien intentionnées à vouloir plus d'ingérence dans les vies personnelles, dans les actions sociétales, pour mieux contrôler, soumettre, et diriger un monde asservi, réduit en esclavage comme jamais. L'IA peut être une arme redoutable contre la liberté et la culture, deux piliers fondateurs de l'humanité. 

 

J'écris sans son aide, alors ce n'est peut-être pas très bien construit, mais ça reste original : la création de l'esprit est comme la cuisine, il y a du goût dans le fait maison qu'on ne trouve pas dans les plats cuisinés industriels. A nous de vouloir rester libres et conscients, bons vivants ou préférer s'attarder devant des écrans à s'épuiser le cerveau en mangeant de la malbouffe. Nous avons le choix. Mais il ne faut pas se plaindre si on ne fait rien pour changer. 

 

Samedi 8 février 


Une fine pellicule de neige nous rappelle que l'hiver n'est pas fini, et on se souvient qu'il y a 20 ans, la neige tombait tous les jours, ralentissant la vie dans les campagnes sans jamais la paralyser. On imagine si cela devait se reproduire avec la réduction des moyens de déneigement, l'évolution de l'individualisme, la fragilité des équipements des réseaux...la catastrophe comme le décriraient les médias nationaux, alors que ce ne serait qu'un épisode intense de neige, jadis normal. On le voit, comparaison n'est pas raison, et pourtant, tous les jours un bruit de fond nous dit que c'était mieux avant. 


Alors, des responsables ou supposés comme tel, des influenceurs à la solde des mouvements nationalistes, populistes, extrémistes, sans qu'ils s'en rendent forcément compte, nous incitent à passer la marche arrière de l'évolution sociale et environnementale. Pour retrouver quoi ? moins de liberté assurément, des richesses encore moins bien partagées, des mouvements de foule pour diviser le peuple et créer des tensions qui font le lit des autocrates, des dictatures. On ne sera pas plus riches en prenant ces directions, on ne sera pas aussi heureux qu'avant. 


Ceux qui admirent, qui félicitent,  la nouvelle administration américaine, les décrets insensés de Donald Trump, ne se rendent pas compte qu'ils risquent d'en être les victimes dans un avenir proche. Il n'y aura pas que les conséquences économiques de l'évolution des droits de douanes sur les produits français et européens, il n'y aura pas que l'augmentation des risques pour la paix ici et dans le monde, c'est tout une vision d'un monde qui va à sa perte que créée le président américain, allié conscient des gouvernants autoritaires de Russie, de Chine, de Turquie, et de quelques autres pays où le mot démocratie n'a pas de sens. Oh ! il va vider les États-Unis des émigrés clandestins, il va résoudre les problèmes de géopolitique au Moyen-Orient ou en Ukraine, il va partager le monde avec son rival chinois. Peut-être, car Donald Trump est d'abord une personne qui n'a d'autres intérêts que les siens. Il se sert d'Elon Musk pour fonder les bases d'un système économique sans garde-fous, sans autres règles que celles du plus fort. Les deux hommes jouent dangereusement la survie de la planète, mais ça plaît à ceux qui ont perdu la confiance dans un avenir qui ne fait pas rêver. 


Dans leur stratégie libertarienne, qui exclut ceux qui ne pensent pas comme eux, bien qu'ils usent et abusent du droit à la liberté d'expression en mettant en place tous les moyens de faire taire les oppositions, ils cherchent à diviser l'Europe, avec leurs chevaux de Troie que sont les dirigeants populistes au pouvoir ou proches d'y accéder. Ces derniers prêchent pour que le nationalisme soit la norme, redonner un semblant de pouvoir aux États, comme c'était le cas quand l'Europe était en guerre permanente. En 2025, les européens doivent choisir leur destin : abandonner cette idée de vivre ensemble qui a permis le progrès, l'augmentation du niveau de vie, la liberté de circuler sur le continent, d'avoir la sécurité quotidienne alimentaire, sanitaire... pour être des citoyens de seconde zone dans son pays, soumis aux bons vouloirs des alliés de ceux qui seront au pouvoir, à ne pas avoir le choix de ses loisirs, de sa façon de vivre, de son émancipation, de ses rêves. C'est de cela qu'il s'agit, pas de définir qui est le bon français, pas de jeter l'opprobre sur une communauté, pas de croire aux illusions perdues. Veux-t-on vivre dans un grand pays au sein de l'Union européenne, ou veux-t-on habiter un pays indépendant du tiers-monde en devenir ? Parce que croire qu'en fermant les frontières pour empêcher d'entrer personnes et marchandises va donner de la force est une belle supercherie : une porte fermée l'ait autant de l'intérieur que de l'extérieur. Si on ne rentre pas, on ne sort pas. La France est encore une grande puissance, parce qu'elle fait partie de l'Europe, mais seule, elle ne sera qu'un petit pays à l'ombre des américains, des chinois et peut-être à terme une colonie des russes : ce ne sera pas le grand envahissement, mais une occupation bien plus douloureuse. Il faudrait peut-être regarder les vraies priorités plutôt que de s'attarder sur des sujets de façades qui font causer mais qui ne sont pas ceux qui vont peser sur notre avenir. 


Profitons d'être au pays de Giat, nous sommes loin de tout cela, mais attention aux éclaboussures. Nous sommes biens, regardons les bonnes nouvelles : il y en a, et c'est bon pour le moral. 

 

Mercredi 22 janvier


Comme il y a 232 ans, le monde s'apprête à prendre un virage à destination inconnue : la décapitation de Louis XVI avait donné un nouveau sens à la gouvernance de la France, avec des conséquences dépassant les frontières et aux répercussions tangibles. Sans cela, l'histoire aurait pu être différente, Napoléon n'aurait peut-être pas eu le destin qu'on sait, et il n'aurait pas vendu l'Arcadie aux américains : les États-Unis ne seraient pas ce qu'ils sont devenus. Et donc nous ne vivrions pas ce nouveau bouleversement mondial qu'est en train de créer Donald Trump et sa clique, à nos risques et périls. 


Depuis deux jours, le monde a les yeux rivés sur Washington, sidéré, consterné par le 47ème président des États-Unis qui n'a d'autre politique que ses intérêts, sans aucune compassion pour le reste du monde, avec condescendance pour tout ce qui n'est pas américain, avec dédain pour qui préfère le débat à la négociation musclée. A son investiture, le gratin des milliardaires du monde, qui s'épaissit chaque année un peu plus, côtoyait celui des réactionnaires populistes mêlé aux courtisans alléchés par les miettes du pouvoir. 


Vu d'Europe, certains rêvent de voir la même chose arrivée sur le vieux continent, mais chacun pour soi. Alors que la puissance décuplée de l'économie outre-Atlantique grâce au libéralisme sans limite va mettre la pression sur l'économie mondiale, croire que chaque état peut se renforcer sans union forte de tous les pays européens relève du déni et de l'inconscience pure, voir du suicide collectif. L'Europe est au pied du mur, les bisounours doivent se réveiller pour sortir de leur innocence béate qui pensaient à un monde idéal de justice, d'équité, d'humanité. Le réveil ne suffira pas, il va falloir s'activer vite et fort pour ne pas se faire avaler, pour se défendre dans un premier temps contre le reste du monde qui lorgne sur le marché de 450 millions de consommateurs pour en faire une terre soumise. Les temps vont être durs, très durs : affaiblie par les divisions entre les pays, et dans les pays, entretenues et développées par les puissances étrangères qui veulent dominer le monde, l'Europe de survivra que par l'union à tous points de vue : économique, politique et défensive. Le retour aux états pleinement souverains n'entraînerait que le chaos, la misère, la violence.

 
La loi du plus fort que préconise Donald Trump, l'abolition des règles que souhaite Elon Musk, la soumission que veut Vladimir Poutine, l'aspiration des richesses que prône Xi Ping, pour ne citer que ceux-là peuvent , doivent nous inquiéter et ce n'est pas en regardant l'évolution du monde sur son canapé, derrière des écrans, que nous nous en échapperons. Veux-t-on être des esclaves des technologies  numériques et de leurs maîtres, veux-t-on être dépendant du bon vouloir des gouvernants autocrates, veux-t-on perdre sa liberté contre une sécurité immersive....Chacun de nous a le pouvoir d'agir et de choisir, quoi qu'on dise. Encore faut-il le vouloir ! 


Qu'on se rassure, nous avons du bon temps à prendre pour le moment, chassons les idées noires et profitons de ce qu'il y a de mieux  : le pays de Giat où les tensions du monde sont encore loin, coupons les écrans et passons du temps ensemble, ce sera bien plus intéressant et on dormira beaucoup mieux. Mais restons vigilants, car ce monde là est très fragile, sa solidité est faite du ciment de notre union, de notre intelligence collective, de la force de notre solidarité. 


On est bien au pays de Giat, parce que nous le voulons bien. 

 

Mercredi 8 janvier


Les frimas de l'hiver restent faibles pour l'instant, mais la grisaille humide persiste après quelques jours de temps beau et sec autour de Noël. Alors ça tousse pas mal dans les chaumières du pays de Giat, c'est de saison.  Autrement, les vicissitudes du monde qui nous entoure et sur la planète ne troublent pas outre mesure la vie locale, tranquille et calme. Les cérémonies de vœux des maires, les assemblées générales des associations donnent le tempo à la partition du territoire. La foire à Giat du 7 janvier était bien représentative du climat local : peu de marchands et peu de clients, mais chacun a trouvé son compte à la veille des soldes. 


Alors, si c'est bien calme par chez nous, ça bouge un peu plus ailleurs. Le nouveau gouvernement prend ses marques tant bien que mal, cherchant une direction pour éviter de tomber et donner une direction au pays, tandis que le trouble-fête de ces dernières décennies, Jean-Marie le Pen, levait l'ancre définitivement pour un voyage sans retour après avoir bien changé le paysage politique national. L'économie patine, les agriculteurs doivent élire leurs représentants dans les institutions, et choisir entre la gouvernance partagée avec les gouvernants ou défendre leurs intérêts réels d'indépendance vis-à-vis des structures multinationales tout en renforçant la sécurité alimentaire du pays. Les élus locaux préparent les budgets des collectivités, dans l'incertitude des dotations, dans l'inquiétude du renouvellement des conseils en 2026. 


La chaos mondial se précise chaque jour un peu plus : la ligne d'horizon se rétrécit en Ukraine, menaçant l'intégrité d'un pays et au-delà fragilisant celle de l'Union européenne, seul rempart, à consolider, pour résister aux hégémonies de puissances autocratiques. La Russie est affaiblie, mais la Chine est en appui pour mieux prendre le contrôle du monde, prête à affronter les Etats-Unis de Trump, dont le futur président se soucie peu de ce qui n'a pas d'intérêt pour lui, et pour son pays accessoirement, tant que ça lui va. Au moyen-Orient, les nouveaux gouvernants de la Syrie tentent de se donner une image acceptable en Occident pour remettre le pays en état de marche, mais la religion n'est pas loin pour la marche arrière. 


La religion, aux principes de paix et d'amour des uns les autres, est prise en otage par des représentants qui s'arrogent des interprétations autoritaires et criminelles pour asseoir des pouvoirs et des soumissions sur les peuples. Le dixième anniversaire des attentats de Charlie le rappellent : la liberté de croire n'est qu'une liberté parmi d'autres, la tolérance exige d'accepter les différences, le respect n'interdit pas la contestation. Nous habitons encore dans un pays où cela a du sens, malgré les influences, les injonctions distillées par les réseaux sociaux manipulés par des puissances ou des individus qui n'ont que faire des idéaux humanistes, démocratiques, sociaux. Toujours un problème de domination et d'intérêts particuliers. 


Ce n'est pourtant pas très compliqué de se parler, de regarder dans la même direction, mais c'est tellement plus simple de se laisser guider, de se soumettre : réfléchir, penser par soi-même, être libre demandent de l'énergie et du travail personnel, du temps qu'on ne se donne pas pour préférer le perdre en scrollant sur un écran de téléphone et donner son âme au diable. Ce n'est pas une question d'âge, c'est un problème de lucidité, de volonté, de courage. 


Nul doute qu'il y aura des bons moments cette année, et avant d'aller dire un dernier adieu à une bonne personne pour qui j'étais quelqu'un de cher, je me dis qu'il nous faut profiter de la vie et ne se souvenir que des bons moments. Sans chercher à atteindre des sommets inaccessibles,  juste à être en paix et rester en bonne santé. Tant qu'on a à manger, un toit sur la tête et des personnes bienveillantes autour de nous, on sera bien chez nous. 

 

Mercredi 25 décembre

 
Dans ce matin calme de Noël, j'ai un peu de temps pour me pencher sur d'autres écritures que celles des articles qui m'ont bien occupé ces derniers temps et j'ai encore à faire, mais je fais relâche aujourd'hui. Plus d'un mois sans éditorial est un record que j'assume facilement, car j'ai l'impression que le temps avance mais rien ne bouge vraiment. 


Il s'en est passé des choses dans l'actualité pourtant, qui ont bien occupé les médias sans forcément intéresser des citoyens lassés, dépités, désœuvrés. En attendant l'installation de Donald Trump à la Maison blanche dans quelques semaines, le monde attend de voir ce qu'il va advenir.


Plus en détail, en France, les députés ont fait tomber le gouvernement Barnier, sans voter de budget malgré une situation financière déplorable. Mais les égos ont plus d'intérêts que celui du pays qu'ils sont censés servir. La difficulté à constituer un autre gouvernement montre à quel point la classe politique est stupide, rivée sur les échéances électorales sans se soucier de la vie quotidienne des français, défendant des dogmes dépassés par l'évolution du monde, plus nombrilistes qu'inquiets de l'avenir. Nous avons les représentants qu'on mérite puisqu'on ne se présente pas : la critique est aisée, je le reconnais. Mais que diable ces gens-là ne comprennent-ils pas ? Enfermés dans des convictions d'un autre âge, incapables de surmonter leurs concepts inefficaces et leurs rivalités de bas niveau, les personnels politiques sont devenus inaudibles, repoussants, désespérants. 


François Bayrou a pris le pouvoir de Matignon, nommé malgré lui par Emmanuel Macron. Le premier ministre voit son rêve de toujours réalisé : il a toujours travaillé pour cet objectif personnel, plus que pour satisfaire les besoins de la nation. Ce n'est pas tout d'arriver au sommet, encore faut-il s'y installer ! Cahin-caha, un gouvernement est né avant Noël.  Son annonce m'a fait l'effet de l'arrivée d'un train fantôme dans une gare déserte, au crépuscule. Il démontre malgré tout la force de la ténacité puisque des revenants, et pas des moindres, ont repris des fonctions de haut niveau, sans avoir fait la preuve qu'ils étaient bons précédemment. Le droit à une seconde chance ne doit pas être refusé à quiconque, mais pour certains, c'est une prime d'endurance à la médiocrité morale. L'avenir nous dira la durée de vie de ce gouvernement, mais il a une santé bien fragile, et ce n'est pas rassurant dans un monde chaotique.  La réouverture de Notre-Dame de Paris aura été la bonne nouvelle du moment, tandis que le désastre à Mayotte ajoute du malheur au pays, à près de 8 000 km : ce petit bout de France délaissé se rappelle aux bons sentiments d'un État qui ne regarde que ses métropoles. 


Dans le Monde, le Moyen-Orient reste à feu et à sang, Israël bombarde, la Syrie a fait tombé son dictateur mais n'est pas encore redevenu un pays souverain, le Liban est au fond du trou, l'Iran a perdu un peu de sa puissance. La Chine avance toujours ses pions sur la planète, forte de la puissance que lui a conférée la mondialisation libérale organisée par les États-Unis, pris au piège de leur conception économique instaurée dans les années 1980. Nous vivons un changement de société auquel nous n'étions pas prêts, et il est rapide, donc plein de dangers, plein de risques que vont subir les populations les plus faibles comme toujours. Ceux qui font croire que le repli sur soi pour retrouver une puissance qui fut est une solution ne fait qu'aggraver la situation. 


Mais c'est Noël, réjouissons-nous d'être en bonne santé, de se retrouver en famille, de ne pas oublier les personnes seules, de se repaître de bonnes choses, de voir des enfants trop gâtés. Profitons de ces bons moments, parce qu'on est bien chez nous, loin des conflits de tous ordres. Soyons bons envers les autres, ça aide à bien digérer et à bien dormir. 

 

Jeudi 21 novembre 


C'est le jour du Beaujolais nouveau ce jeudi, et aussi celui de la première neige : une fine pellicule recouvre la campagne autour de chez moi, à 800 mètres. Ainsi va la vie, intemporelle et évolutive à la fois. Parce que s'il reste des marqueurs fixes, des repères qui rassurent, il y a beaucoup de mouvements dans l'humanité qui inquiètent à la fin de ce premier quart du 21ème siècle. 


Dans deux mois, Donald Trump et sa clique prendront les rênes des Etats-Unis, pour appliquer leurs règles et au reste du monde de s'adapter. On ne sait pas de quoi sera fait l'avenir de l'Amérique, mais il y aura des conséquences dans nos vies personnelles directement et rapidement. D'un autre côté, cela va aussi impacter la suite de la guerre en Ukraine et là aussi, nous en subirons les effets. Il peut y avoir la paix, mais quelle paix et à quel prix ? Stopper le conflit demande l'accord des belligérants , qui ne peut exister sans la défaite de l'un d'eux. Sur le papier, l'Ukraine va devoir céder, car il est probable que ce pays sera sacrifié par la volonté, ou l'absence de soutien, des pays occidentaux désunis. L'Europe va couler et sa puissance décliner encore plus, minée de l'intérieur pas la montée des nationalismes et du populisme produite par la désespérance de citoyens à laquelle ne savent pas répondre les dirigeants des pays, trop endoctrinés par les concepts mondialistes et libéraux qui ont menés le monde depuis les années 1980,  pourtant causes des problèmes d'aujourd'hui après une euphorie économique glorieuse qui a permis l'émancipation de la Chine, devenue l'usine du monde, mais aussi une puissance qui dame le pion à la suprématie américaine. 


Donald Trump n'a d'intérêts que les siens, et quels que soient les accords qui interviendront avec lui, ils ne seront pas équilibrés, tout au plus peut-on espérer qu'ils ne soient pas destructeurs. Mais l'Europe n'y gagnera rien, et la France encore moins. Doit-on se résigner à devenir un petit pays ?  Pourquoi pas ? Le Costa Rica s'en sort très bien, c'est un pays où il fait bon vivre, où les libertés sont respectées,   où il n'y'a plus d'armée depuis 1948.  Le Costa Rica peut  ainsi affecter son budget à la qualité de vie de ses citoyens , à l’ensemble de ses universités et à ses trois principaux hôpitaux. L’espérance de vie est élevée,  le taux de mortalité a chuté et l’éducation a fait un bon en avant. Le pays présente aujourd'hui un taux d’alphabétisation proche de 100% et et s’appuie sur une sécurité sociale relativement efficace. Bien sûr, avec des voisins militarisés et parfois agressifs, il faut avoir des alliés puissants (les USA et le Brésil). 


Dans notre pays, on retrouve les agriculteurs agacés sur les routes comme en début d'année : leurs revendications de l'époque n'ont pas changées parce qu'il n'en a été fait aucun cas au sommet de l'Etat. Il y a eu des promesses qui n'ont pas été tenues : les bouleversements politiques avec la dissolution de l'Assemblée nationale ne l'auraient pas permis. C'est en partie vrai, mais il faudra bien qu'un jour, on arrête de prendre les citoyens pour des gogos, c'est d'abord une question de volonté et un choix de priorités, une vision du monde. Malgré tous les signes qui démontrent que la politique libérale suivie nous emmène dans le mur, rien n'y fait, les dirigeants n'ont aucune imagination pour proposer de nouvelles idées. Pas mieux avec les opposants qui ressortent sans cesse des vieilles recettes qui n'ont pas mieux marché, pas plus capables de trouver des idées nouvelles ! C'est vrai qu'ils ont les mêmes cursus de formation, fréquenté les mêmes écoles supérieures où la diversité des idées n'est pas la chose la plus remarquée ! On n'a les élites qu'on mérite, parce que nous sommes complices de tout cela, volontairement ou pas, mais nous avons collectivement une responsabilité dans la gestion du pays. Soyons-en conscients, avant de critiquer sans agir. 


Le monde va mal, et ça n'a pas l'air de s'arranger. Mais au pays de Giat, on ne devrait pas trop se plaindre, surtout au chaud, avec un toit sur la tête, une assiette bien garnie, des gens qui se parlent, et qui écoutent encore, mais qui regardent trop loin parfois pour ne pas remarquer les belles choses à côté d'eux. On est bien chez nous. 

 

Mercredi 6 novembre 


Après le mardi noir de l'économie française qui voit Auchan supprimer près de 2 400 emplois et fermer des magasins dont Auchan Nord à Clermont-Ferrand, et Michelin fermer deux usines dans l'Ouest de la France, ce mercredi n'est pas plus réjouissant pour l'avenir avec l'élection de Donald Trump aux États-Unis. Si des français de premier rang, comme Eric Ciotti, s'en réjouissent, il est probable qu'ils ne riront pas très longtemps. Les eurosceptiques peuvent avoir le sentiment que leurs idées ont le vent en poupe avec la déferlante du populisme dans les démocraties occidentales, ils pourraient bien comprendre rapidement que l'isolationnisme américain aura des répercussions sur leur quotidien rapidement. 


Les États-Unis vus par Donald Trump peuvent se permettre de verrouiller leurs frontières pour limiter les importations et l'immigration car ils en ont les moyens, forts de leur indépendance énergétique, de leur monnaie, de leurs puissance numérique. Tandis que les jérémiades nationalistes européennes démontrent l'impuissance de notre continent, qui n'est que somme des impuissances de chaque pays obnubilé par un orgueil patriotique dépassé qui au final affaiblit les uns et les autres. Le président hongrois Viktor Orban dont certains applaudissent ses positions anti-européennes, est aux anges : avec ses amis Poutine et Trump, il triomphe en mettant son pays dans leurs mains. Il peut être fier de l'indépendance qu'il défend, éloignée des règles de la communauté européenne en matière de liberté, de justice, de défense mais totalement soumis à son voisin russe, tel un vassal qui n'a d'yeux que pour le pouvoir et reste aveugle du quotidien de son peuple. 


Bien sûr, les tenants du populisme et du nationalisme se vantent de servir les peuples au nom de la défense des traditions, des frontières, d'une certaine histoire quitte à la réécrire, au nom d'une puissance révolue qui ne reviendra pas, bien au contraire. Mais leurs enjeux ne sont que la mainmise sur le pouvoir, rien d'autre. Croire que ces vociférateurs veulent le bien des populations est une chimère comme le démontrent les faits du passé, l'intérêt collectif n'est pas dans leur programme. Et tous les moyens sont bons pour y arriver : Viktor Orban a muselé la presse libre, et la propagande est diffusée à grande échelle grâce aux réseaux sociaux américains ou chinois. Les fausses informations pullulent, les vraies informations ne sont pas aussi bien relayées, et on ne croit que ce qu'on veut croire, sans chercher à comprendre. 


Les prochains mois seront intéressants pour voir si le désenchantement gagne les esprits gangrénés par les promesses de solutions rapides et sans douleur pour que tout s'arrange, ou si la Résistance des bonnes volontés pour un monde plus juste, plus sain arrive à se coordonner pour faire face au chaos. 


Depuis 15 ans et le premier éditorial qui parlait de l'exode rural,  et de la métropolisation en marche, il y a eu une évolution du monde inquiétante, mais au pays de Giat, on ne se rend pas toujours compte du changement parce qu'on est bien chez nous, veillons à ce que cela dure. 

 

Mardi 29 octobre

 

Il semblerait qu'enfin une période de beau temps assez longue s'installe sur le pays de Giat et cela fera du bien au moral dans un temps où la durée du jour raccourcit et qu'il fait nuit plus tôt à cause du passage à l'heure d'hiver. Et pour un peu qu'on évite de trop s'intéresser à l'actualité du monde et de la France, on sera de bonne humeur, loin des bruits de bombes, loin des éclats de voix.  La nature est si belle pendant cet été indien qu'il serait bête de ne pas en profiter. 

 

Mais si on regarde un peu l'actualité, force est de constater que ça va de mal en pis. Il faut reconnaître que les gouvernants y mettent du leur pour que ça ne s'arrange pas, et que les citoyens les aident bien en restant spectateurs de leur avenir. Dans quelques jours, on commémorera la fin de la première guerre mondiale, la fameuse "der des der" qui a enfanté beaucoup d'autres conflits depuis jusqu'à nos jours. Les hommes aiment la bagarre jusqu'à s'entretuer allègrement, c'est ainsi depuis des millénaires, mais les moyens de tuer se sont améliorer si bien que les civils sont plus en danger que les soldats, même loin des lignes de front. Et ceux qui commandent sont bien au chaud dans leurs palais, souvent coupés des réalités qui leur font prendre de mauvaises décisions, conseillés par des orgueilleux sans foi ni loi que leur soif de pouvoir, de richesses rendent plus bêtes que les animaux, inconscients de la souffrance du monde et de sa fragilité. 

 

Au niveau du monde, les canons sont en action sur beaucoup de terrains : l'Ukraine est la plus proche, mais la poudrière du Proche-Orient est en train de sauter brillamment. La mer de Chine est un endroit de tensions extrêmes, les tiraillements ethniques ou religieux d'Asie ou d'Afrique sont causes de conflits locaux pas moins meurtriers. Les grands pays, États-Unis, Chine, Russie, Turquie, Iran, producteurs de pétrole ou d'armes (comme la France) redoublent d'efforts pour sauver la paix à condition qu'elle leur rapporte, mais pour le moment, la guerre est plus profitable, et l'ingérence, l'influence sont plus destinés à soumettre qu'à libérer. Sans vouloir être pessimiste, il y a fort à craindre pour notre qualité de vie dans un futur pas si lointain. Comme si le changement climatique ne suffisait pas à fragiliser nos existences, à remettre en cause toute une façon de vivre. Mais pour s'adapter à ces évolutions, les moyens à mettre en œuvre demandent des investissements plus complexes à trouver que pour détruire des pays entiers.  Dans une semaine, les résultats de l'élection américaine donneront le la pour les quatre ans suivants : l'Europe doit se consolider et se renforcer, quoiqu'en disent les nationalistes qui revendiquent des indépendances impossible à sauver sans une Europe encore plus forte. Ce n'est pas une question de choix, c'est une évidence pour ne pas devenir des vassaux de ceux qui veulent avoir la mainmise sur la planète. La liberté en Europe ou la soumission dont certains rêvent, au nom de la patrie. 

 

En effet, des dirigeants de partis politiques veulent redonner de la grandeur au pays, sauver la civilisation, et bien d'autres choses qui avaient du sens en d'autres temps, mais à force de regarder le passé, ils oublient l'avenir réel. En idéalisant ce qui n'est plus, ils font croire que cela peut à nouveau exister, et des gens pensent qu'ils ont raison. Nous sommes en 2024, la France est devenu un pays qui pèse peu sur la balance mondiale mais sa parole a encore du sens, à condition qu'elle soit associée à celle de l'Europe qui est une réelle puissance économique mais dont les divisions nationalistes l'empêchent de devenir une vraie puissance politique. En voulant garder leurs prérogatives et ne pas renforcer l'union, les états risquent leur survie : il suffit de voir les élections en Géorgie. L'indépendance de ce pays dont les citoyens rêvent d'être européens, pourrait se réduire à être le jouet de la Russie. On ne peut être un pays fort en Europe que si on joue la carte de l'union européenne. 


Et la situation en France, me direz-vous ? Les débats au parlement montrent qu'on n'est pas sorti de nos tracas pour un bon temps. Le compromis n'est toujours pas un mot du vocabulaire politique et chacun reste bien enfermé dans des convictions surannées. Un gouvernement hétéroclite propose des solutions alambiquées pour redresser des comptes plombés, des députés s'opposent en ne proposant pas grand chose de concret : l'innovation n'est pas au pouvoir c'est sûr. Alors qu'il faudrait imaginer des solutions durables, qu'il faudrait tenir compte des avis d'experts comme des avis de citoyens sensés, on nous ressort des recettes de grand-mère qui n'ont jamais marché, qui ne sont plus adaptées à l'époque. On impose des choix sans concertation comme si on voulait faire un peu plus de grabuge qu'il n'y en ait. La proposition de réduction du nombre de fonctionnaires, à laquelle on ajoute une reconsidération des droits d'être malade, sont complètement absurdes car elles ne résolvent pas le problème, ni même une partie du problème, mais vu d'en haut et les yeux rivés sur un tableau excel, comment comprendre la marche du pays ? C'est le statut même de la fonction publique qu'il faut remettre à plat ! et j'entends déjà les syndicats vent debout face à cette idée révolutionnaire ! Mais comment peut-on continuer à gérer la fonction publique avec des méthodes d'un autre temps, comment peut-on continuer à payer les agents avec des grilles indiciaires, liées à des grades, des échelons qui ne riment plus à grand chose. Si cela avait du sens dans les années 1950-1960, au nom de l'équité quand les tâches étaient similaires par niveau, il n'en est plus rien. Chaque poste est différent selon la collectivité, l'institution, l'organisme public où l'agent exerce ses fonctions mais son traitement est le même, et dans les fonctions de base, il n'est pas très élevé même à grade et échelon supérieurs. Il y a des fonctionnaires qui se la coulent douce certainement, mais ce n'est pas forcément ceux de la base, comme d'ailleurs dans l'ensemble des métiers de la première ligne. Rendez-vous compte : le salaire de base d'un fonctionnaire est fixé en dessous du SMIC, il existe un indice de compensation pour être aligné sur la règle, une ligne de plus sur un bulletin de paie qui n'a pas de raison d'être par exemple. Mais on va continuer de mettre des emplâtres sur des jambes de bois pour remettre le pays à flot. Je ne suis pas certain qu'on réussisse, mais on le veut bien. Il faut du courage parfois pour faire avancer les choses et les gens, c'est ce qui manque le plus dans ce pays qui se croit fort, qui veut donner des leçons au reste du monde. Mais pour la marche arrière, il y a pléthore de volontaires.

 

Voilà quinze ans que je m'exerce à donner des pistes de réflexions, à dire une façon de voir le monde, à rappeler l'histoire qui nous a amenés là où nous en sommes, sans aucune arrière-pensée, parce que je place la liberté au-dessus de tout, et que je m'affranchis des discours bien-pensants, des avis bien tranchés, des convictions sans appel et du qu'en-dira-t-on. Chacun pense ce qu'il veut, mais qu'il laisse penser les autres en toute bonne foi. Et je le rappelle, pour être libre, il faut être curieux et faire sa propre opinion avec l'ensemble des idées, des réflexions, des informations données, pas en s'abreuvant à une seule source. Le goût unique n'est pas toujours bon, ou parfois trop bon, c'est de la diversité qu'on se forge le caractère, l'esprit, l'intelligence. 

 

En ces temps de Toussaint, l'esprit des morts est en nous, pas au cimetière, c'est aussi une manière de se rappeler que nous sommes faits de ce qu'on nous a appris, de ce qu'on nous a fait voir. 

 

 

Jeudi 17 octobre

 

Il y a  un an débutait une saison des pluies qui ne semble pas s'achever : ce 17 octobre 2024 est encore bien arrosé ! et enfin, je retrouve un rythme de vie plus calme après quelques mois intensifs. Mais en ce premier jour allégé, je me plonge dans l'écriture, alors que j'aurais dû ne rien faire, pour me reposer le cerveau qui est bien fatigué. Il ne faut pas s'arrêter trop brusquement, paraît-il...Une citation sur l'écran me donne des idées : 


"La liberté commence où l'ignorance finit" a écrit Victor Hugo tant il est vrai que savoir permet d'être moins soumis , à condition de connaître les bonnes sources d'apprentissage et d'information. L'école devrait être le lieu idéal pour le premier et elle devrait être sanctuarisée dans ses moyens qui ne sauraient souffrir de cures d'austérité. Le budget présenté par le gouvernement, même s'il a été concocté dans l'urgence et face à une situation financière inédite par son déficit et sa dette, ne répond pas à cette évidence. La suppression de 4 000 postes d'enseignants dans le primaire et le secondaire est une annonce complètement incompréhensible. Certes, l'embauche de 2 000 personnes pour répondre aux besoins d'aide aux enfants en situation de handicap est un bon point mais ce ne doit pas être ce qui doit faire passer la pilule. Parce que, du point de vue rural, il y a à craindre pour les écoles de campagne. Qu'on réduise les effectifs de l’Éducation nationale, cela doit être nécessaire : "il faut dégraisser le mammouth" comme disait M. Allègre, mais certainement pas au niveau des enseignants.  Dans les services des inspections, des rectorats, et du ministère, des serre-à-rien, des branle-manettes trop payés encombrent des bureaux pour faire quoi ? pondre des directives, des circulaires, faire des statistiques inutiles, écrire des rapports qui ne sont pas lus, faire de la communication à deux balles en inondant les établissements et les collectivités de prospectus qui finissent à la poubelle, de messages qui inondent les messageries, de vidéos sur les réseaux qui rapportent plus à ceux qui en font des parodies. Et c'est valable pour tous les ministères, tous les organes qui en dépendent, tous les comités et commissions créés à chaque fois qu'il y a un problème ou une tension sans pour autant apporter des solutions. Que diable ! avoir le courage de réduire la bureaucratie, d'alléger la charge administrative des citoyens et des entreprises procurerait certainement plus d'économies pour longtemps que de réduire l'accès à l'école. 


D'autres représentants de la nation bien à droite diront qu'il n'y a qu'une seule solution pour ramener de l'ordre dans les finances de l’État :  supprimer l'immigration parce que les immigrés coûtent cher au pays, et sans rire, ils ajoutent que c'est la source de tous les maux qui gangrènent la société. Et de braves citoyens qui n'ont jamais vu d'immigrer, qui n'ont jamais eu de problème de violence ou d'insécurité, boivent ces paroles bien diffusées par des médias qui s'érigent en défenseur de la liberté d'expression, sous-entendu que ceux qui ne pensent pas comme il faut, les empêcheraient de parler. Rien que de dire cela montre qu'ils sont dans un pays où il est libre de s'exprimer, mais il y a des règles de respect, de démocratie, d'honnêteté intellectuelle, de contradiction à suivre. Il est insupportable de faire croire que la liberté d'expression est en danger parce qu'on est pas d'accord, surtout de la part de gens qui sont d'accord avec le président hongrois ou d'autres autocrates qui réduisent au silence les médias qui ne leur sont pas acquis. Les promesses que tout peut s'arranger par la fermeture des frontières aux immigrés, par la préférence nationale sont une arnaque magistrale. Ce n'est pas qu'à droite, mais ceux qui parlent au nom des français, n'ont d'autre ambition que de prendre le pouvoir, sans se soucier plus que ça du bonheur des citoyens. On promet de raser gratis, de faire payer les riches pour réduire la pauvreté, de rester entre nous pour que ça aille mieux. 


Mais dans quel monde croient-ils que nous vivons ? Ils sont sur leur planète sans trop de contrainte et on a l'impression qu'il y a beaucoup de planètes dans notre pays.  L'Italie montre qu'elle réduit l'immigration en délocalisant en Albanie l'accueil des personnes qui traversent la Méditerranée, au péril de leur vie, fuyant les misères et les violences de leurs pays d'origine. Misères et violences créées par les tensions mondiales entre les dictateurs d'Asie, de Russie, et les démocraties occidentales sur fond d'influence économique et militaire qui nous permettent encore de vivre richement et en paix relative.  35 000 étrangers en moins pour l'Italie, mis à l'écart en Albanie : le gouvernement de Giorgia Meloni peut afficher sa satisfaction au grand jour, mais il ne dit pas combien cela coûte, car ce n'est pas la généreuse Albanie qui finance cette solution au problème migratoire, c'est le contribuable italien et européen.  Nos grands théoriciens de la France rêvée, sans étrangers, exigent une énième loi sur l'immigration, incluant plus de contrôles aux frontières, moins de générosité sociale envers les travailleurs non français. Ce qui se traduit par plus de moyens   sécuritaires, plus de travailleurs clandestins : augmenter le budget du ministère de l'intérieur, avoir moins de recettes sociales. Sans compter le rapatriement forcé qui a un coût aussi. Sans compter les répercussions sur les contrats commerciaux avec des pays qui déjà lorgnent vers la Chine par exemple. Ce pays, comme la Russie ou la Turquie, exploite les gisements de matière première des pays africains au profit d'une mafia locale complice des gouvernements sans aucun scrupule à piller des richesses, réduisant les habitants en main d'œuvre corvéable et soumise, coincés dans la misère : une façon d'affaiblir l'Occident en favorisant l'émigration, car ces peuples ne sont pas accueillis en Chine, en Russie ou en Turquie, ni en Hongrie d'ailleurs. 


Voilà quelques réflexions sur l'état du monde pour comprendre que les solutions simples qui nous sont proposées pour un avenir meilleur n'existent pas, et surtout qu'elles ne viendront pas d'en haut : c'est à nous de nous prendre en main, collectivement. Individuellement,  ce ne sera que pour se battre à un moment ou à un autre, ça ne marchera pas et ça fera le jeu de ceux qui ont le pouvoir : mieux diviser pour mieux régner. Encore, faut-il se bouger, sortir d'un relatif confort qui risque de ne pas être éternel,  s'engager pour le bien vivre ensemble. Mais c'est tellement plus facile de regarder les réseaux sociaux, de parler à des personnes éloignées qu'à ses voisins, de croire aux fausses informations qu'à chercher la vérité,  d'avoir des illusions que de vivre dans le monde réel. 

 

Dimanche 22 septembre 


C'est l'automne et le premier jour du nouveau gouvernement dont la composition a été dévoilée hier : le premier ministre, Michel Barnier, nommé deux mois après les élections législatives a mis deux semaines pour former son équipe, non sans mal. Un jeu d'équilibre entre diverses formations politiques qui, ensemble, ne font pas une majorité absolue. Un jeu d'équilibre pour satisfaire les prérogatives présidentielles à l'origine du problème démocratique de la période. 


Heureusement, après l'arrivée en tête de la gauche modérée aux élections européennes, devançant l'extrême droite et laissant le camp macroniste en troisième position, déclenchant la décision historique de la dissolution de l'assemblée nationale et après les élections législatives amenant une coalition bancale de gauche  en première position, mais ne représentant qu'un tiers de l'assemblée, laissant une situation avec moins de marges de manœuvre que précédemment, il y a eu les jeux olympiques. L'organisation, les cérémonies, les compétitions, les victoires et les médailles pour la France, ont enchanté le pays et le peuple, mettant en place une communion, une cohésion comme on n'avait pas vues depuis plusieurs décennies. Chacun a pu s'en féliciter, mais les habitudes ont repris le dessus et les gouvernants, comme leurs opposants, n'ont de ligne d'horizon que la prochaine élection présidentielle dont la limite est mouvante. 


Alors que la guerre en Ukraine perdure avec toujours autant de dégâts et d'incertitudes sur l'avenir de l'Europe, alors qu'Israël joue avec le feu sur la pétaudière du Moyen-Orient, montrant ses forces technologiques pour réduire des ennemis immortels, alors que la position de la France en mode flottement devient inaudible sur la scène mondiale et au niveau européen en perdant un commissaire de première ligne, voici le gouvernement prêt à prendre des fonctions temporaires tant il est certain qu'il ne peut gouverner, tellement éloigné des préoccupations des populations, le regard rivé sur le déficit de l’État qui lui est transmis par des donneurs de leçons qui n'assument pas leur rôle dans la dérive des comptes publics, et rejettent la faute sur les collectivités locales à qui l’État transfère sans vergogne des charges sans compensation, et qui demande des efforts d'investissement qui lui seront profitables. Gérer avec l'argent des autres mérite plus de rigueur et d'honnêteté que ce mépris affiché et cette condescendance d'un pouvoir déchu. 


Sans être devin, il est sûr qu'il faudra passer à la caisse dans un temps futur plus ou moins proche, la réduction des dépenses ne compensera pas l'absence de recettes nouvelles autres que fiscales. Il y a du potentiel à récupérer dans des niches fiscales obsolètes, dans les droits de succession, dans l'imposition des plus riches comme dans la diminution de la bureaucratie, de l'organigramme des services d’État et leur organisation verticale riche de strates trop nombreuses. La loi NOTRe était sensée réduire le millefeuille administratif avec des fusions locales et régionales : pour l'instant, s'il y a moins d'intermédiaires, l'efficacité n'est pas visible et on ne peut que constater un foisonnement de personnels là où il devrait y avoir moins de fonctionnaires territoriaux. Ceci s'explique par le transfert de compétences, de charges, sans pour autant donner de l'autonomie dans l'organisation   du service public de proximité  dirigée depuis les capitales régionales ou Paris mais gérée par les municipalités et les communautés de communes. Et vu d'en haut, les particularités locales s'estompent singulièrement, notamment si elles sont rurales alors que tout est décidé en fonction des métropoles. 


Le gouvernement va devoir plancher sur un budget qui ne devra pas fâcher les différentes tendances du parlement qui peut le soutenir, et qui devra plaire aux institutions européennes appelant à réduire un déficit trop creusé par facilité de ne pas trop déplaire afin de garder le pouvoir. En vain. Mais le courage n'est pas à la mode en politique, l'opportunité est la règle, le court-terme électoral la limite. La Terre tourne, les catastrophes sont annoncées, mais le principe de précaution ne prévaut pas à ce niveau : démerdez-vous ! pourvu qu'on puisse rester en place ! ou la prendre...L'intérêt général à long terme est une vue de l'esprit pour les naïfs qui veulent y croire. La solution reste entre nos mains, à nous de travailler ensemble pour surpasser les problèmes qu'on nous impose, à notre hauteur pour s'élever vers un futur plus heureux. 


C'est dimanche, c'est l'automne, il fait gris. Les  champignons poussent, il reste de la joie de vivre en magasin, profitons-en. Parce qu'on est bien chez nous... 

 

Samedi 7 septembre

 

Au regard de la météo du moment, il pleut des trombes d'eau en ce début de samedi après-midi, il n'y a rien d'autre à faire que de patienter pour attendre une éclaircie. Autant passer ce temps à réfléchir pour produire une nouvelle chronique qui semble attendue depuis le déblocage de la situation politique estivale avec la nomination d'un premier ministre le 5 septembre.

 

Reprenons l'ordre des choses de ce fol été français que les jeux olympiques ont enchanté avec un beau prolongement des jeux paralympiques extraordinaires pour faire évoluer le regard de chacun sur le handicap. Le Président de la République n'a pas du passer des vacances tranquilles embourbé dans le marécage qu'il a contribué à créer. Le résultat des élections européennes auront été volcaniques en France avec des conséquences inimaginables : le camp présidentiel a perdu ces élections qui ne devaient pas changer le calendrier de la gouvernance nationale déjà bien complexe sans majorité absolue à l'Assemblée nationale. Certainement vexé, le Président a-t-il eu un coup de sang  pour décider la dissolution de l'Assemblée ? Il faut croire que oui parce qu'après les élections législatives, le brouillard est en place pour naviguer en politique française pour quelques temps encore. Déjà que ce n'était pas simple, c'est devenu impossible. 


L'union électorale des partis de gauche est arrivée première à ces élections, bénéficiant du front républicain dans les triangulaires pour réduire le score du Rassemblement National.  Des députés de gauche ont ainsi été élus, non pour leur programme, mais pour faire barrage à l'extrême droite. Mais ce n'est pas la lecture des responsables de la France Insoumise qui vocifèrent avoir remporté une élection sur le programme du Nouveau Front Populaire, et qui ont exigé l'application de celui-ci avec un premier ministre choisi par eux. La Constitution, qu'ils combattent, comme tout les mauvais perdants, quand elle ne leur convient pas,  donne le pouvoir de nomination au Président. Celui-ci, aussi imbu de ses prérogatives que ses opposants sont persuadés d'être maîtres du jeu, joue un jeu pervers et risqué, avec une stratégie incertaine, pour tenter de maîtriser l'avenir du pays selon ses idées. 


Le roi de la concertation et du dialogue qui ne tient pas compte des avis des autres continue comme si de rien n'était. Il tente le tout pour le tout et sort de son chapeau Michel Barnier, un homme politique expérimenté, ayant le mérite de savoir discuter, droit sans ses bottes, mais qui est le représentant d'un des plus petits groupes parlementaires de l'Assemblée, celui des Républicains. L'homme sera-t-il le messie pour enclencher un consensus qui fera avancer le pays, contre l'avis des gens de gauche-gauche et sans l'aval de ceux de droite-droite ? On verra à l'usage des voltes-faces des députés les moins acharnés à suivre les dogmes,  les présidentiables et tous les égos démagogiques à la tête des partis politiques. Tout ça n'est qu'une question de personnes de bonne volonté, privilégiant l'intérêt général plutôt que les intérêts, aussi louables soient-ils, de groupes de population défavorisés comme très riches. L'équation est à plusieurs inconnus : réduire les inégalités sans compromettre l'action économique ; améliorer les services publics de l’Éducation, de la Santé et de la Sécurité sans ignorer les défis environnementaux ;  remettre la cohésion au centre du jeu sans augmenter les rivalités des territoires, des campagnes contre les villes, des régions puissantes contre les plus faibles ; garder la culture partout dans le pays sans réduire les investissements ; garder l'agriculture industrielle exportatrice sans détruire l'agriculture familiale vivrière et gardienne des paysages ; ...etc..Les enjeux ne manquent pas. 


Pour cela, il faut aussi remettre de l'ordre dans les comptes de la nation, ce qui semble la base nécessaire sur le long terme. Peut-être que le prochain ministre de l'économie et du budget saura mieux compter que celui qui s'en va et qui a osé pointer du doigt les collectivités locales pour trop dépenser, alors que l’État leur serre la ceinture en les contraignant à des dépenses obligatoires qu'il leur a transférées sans les compenser : elles n'ont pas le droit d'être en déficit contrairement à un État et ses gouvernements qui ne montrent pas l'exemple et qui se plaignent. L'austérité va arriver, il n'est pas possible de faire autrement, quel que soit ceux qui vont gouverner les prochaines années. Pas la peine de faire des promesses que tout ira mieux...on ne rasera pas gratis d'ici longtemps. 


Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, je dois aller voir ailleurs. Il fait bon vivre au pays de Giat, et c'est bien ce qui compte le plus. 

 

 

 

 

 

 

 Édition du 25 octobre

Transports régionaux

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