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EDITORIAL    

Dimanche 22 septembre 


C'est l'automne et le premier jour du nouveau gouvernement dont la composition a été dévoilée hier : le premier ministre, Michel Barnier, nommé deux mois après les élections législatives a mis deux semaines pour former son équipe, non sans mal. Un jeu d'équilibre entre diverses formations politiques qui, ensemble, ne font pas une majorité absolue. Un jeu d'équilibre pour satisfaire les prérogatives présidentielles à l'origine du problème démocratique de la période. 


Heureusement, après l'arrivée en tête de la gauche modérée aux élections européennes, devançant l'extrême droite et laissant le camp macroniste en troisième position, déclenchant la décision historique de la dissolution de l'assemblée nationale et après les élections législatives amenant une coalition bancale de gauche  en première position, mais ne représentant qu'un tiers de l'assemblée, laissant une situation avec moins de marges de manœuvre que précédemment, il y a eu les jeux olympiques. L'organisation, les cérémonies, les compétitions, les victoires et les médailles pour la France, ont enchanté le pays et le peuple, mettant en place une communion, une cohésion comme on n'avait pas vues depuis plusieurs décennies. Chacun a pu s'en féliciter, mais les habitudes ont repris le dessus et les gouvernants, comme leurs opposants, n'ont de ligne d'horizon que la prochaine élection présidentielle dont la limite est mouvante. 


Alors que la guerre en Ukraine perdure avec toujours autant de dégâts et d'incertitudes sur l'avenir de l'Europe, alors qu'Israël joue avec le feu sur la pétaudière du Moyen-Orient, montrant ses forces technologiques pour réduire des ennemis immortels, alors que la position de la France en mode flottement devient inaudible sur la scène mondiale et au niveau européen en perdant un commissaire de première ligne, voici le gouvernement prêt à prendre des fonctions temporaires tant il est certain qu'il ne peut gouverner, tellement éloigné des préoccupations des populations, le regard rivé sur le déficit de l’État qui lui est transmis par des donneurs de leçons qui n'assument pas leur rôle dans la dérive des comptes publics, et rejettent la faute sur les collectivités locales à qui l’État transfère sans vergogne des charges sans compensation, et qui demande des efforts d'investissement qui lui seront profitables. Gérer avec l'argent des autres mérite plus de rigueur et d'honnêteté que ce mépris affiché et cette condescendance d'un pouvoir déchu. 


Sans être devin, il est sûr qu'il faudra passer à la caisse dans un temps futur plus ou moins proche, la réduction des dépenses ne compensera pas l'absence de recettes nouvelles autres que fiscales. Il y a du potentiel à récupérer dans des niches fiscales obsolètes, dans les droits de succession, dans l'imposition des plus riches comme dans la diminution de la bureaucratie, de l'organigramme des services d’État et leur organisation verticale riche de strates trop nombreuses. La loi NOTRe était sensée réduire le millefeuille administratif avec des fusions locales et régionales : pour l'instant, s'il y a moins d'intermédiaires, l'efficacité n'est pas visible et on ne peut que constater un foisonnement de personnels là où il devrait y avoir moins de fonctionnaires territoriaux. Ceci s'explique par le transfert de compétences, de charges, sans pour autant donner de l'autonomie dans l'organisation   du service public de proximité  dirigée depuis les capitales régionales ou Paris mais gérée par les municipalités et les communautés de communes. Et vu d'en haut, les particularités locales s'estompent singulièrement, notamment si elles sont rurales alors que tout est décidé en fonction des métropoles. 


Le gouvernement va devoir plancher sur un budget qui ne devra pas fâcher les différentes tendances du parlement qui peut le soutenir, et qui devra plaire aux institutions européennes appelant à réduire un déficit trop creusé par facilité de ne pas trop déplaire afin de garder le pouvoir. En vain. Mais le courage n'est pas à la mode en politique, l'opportunité est la règle, le court-terme électoral la limite. La Terre tourne, les catastrophes sont annoncées, mais le principe de précaution ne prévaut pas à ce niveau : démerdez-vous ! pourvu qu'on puisse rester en place ! ou la prendre...L'intérêt général à long terme est une vue de l'esprit pour les naïfs qui veulent y croire. La solution reste entre nos mains, à nous de travailler ensemble pour surpasser les problèmes qu'on nous impose, à notre hauteur pour s'élever vers un futur plus heureux. 


C'est dimanche, c'est l'automne, il fait gris. Les  champignons poussent, il reste de la joie de vivre en magasin, profitons-en. Parce qu'on est bien chez nous... 

 

 

Samedi 7 septembre

 

Au regard de la météo du moment, il pleut des trombes d'eau en ce début de samedi après-midi, il n'y a rien d'autre à faire que de patienter pour attendre une éclaircie. Autant passer ce temps à réfléchir pour produire une nouvelle chronique qui semble attendue depuis le déblocage de la situation politique estivale avec la nomination d'un premier ministre le 5 septembre.

 

Reprenons l'ordre des choses de ce fol été français que les jeux olympiques ont enchanté avec un beau prolongement des jeux paralympiques extraordinaires pour faire évoluer le regard de chacun sur le handicap. Le Président de la République n'a pas du passer des vacances tranquilles embourbé dans le marécage qu'il a contribué à créer. Le résultat des élections européennes auront été volcaniques en France avec des conséquences inimaginables : le camp présidentiel a perdu ces élections qui ne devaient pas changer le calendrier de la gouvernance nationale déjà bien complexe sans majorité absolue à l'Assemblée nationale. Certainement vexé, le Président a-t-il eu un coup de sang  pour décider la dissolution de l'Assemblée ? Il faut croire que oui parce qu'après les élections législatives, le brouillard est en place pour naviguer en politique française pour quelques temps encore. Déjà que ce n'était pas simple, c'est devenu impossible. 


L'union électorale des partis de gauche est arrivée première à ces élections, bénéficiant du front républicain dans les triangulaires pour réduire le score du Rassemblement National.  Des députés de gauche ont ainsi été élus, non pour leur programme, mais pour faire barrage à l'extrême droite. Mais ce n'est pas la lecture des responsables de la France Insoumise qui vocifèrent avoir remporté une élection sur le programme du Nouveau Front Populaire, et qui ont exigé l'application de celui-ci avec un premier ministre choisi par eux. La Constitution, qu'ils combattent, comme tout les mauvais perdants, quand elle ne leur convient pas,  donne le pouvoir de nomination au Président. Celui-ci, aussi imbu de ses prérogatives que ses opposants sont persuadés d'être maîtres du jeu, joue un jeu pervers et risqué, avec une stratégie incertaine, pour tenter de maîtriser l'avenir du pays selon ses idées. 


Le roi de la concertation et du dialogue qui ne tient pas compte des avis des autres continue comme si de rien n'était. Il tente le tout pour le tout et sort de son chapeau Michel Barnier, un homme politique expérimenté, ayant le mérite de savoir discuter, droit sans ses bottes, mais qui est le représentant d'un des plus petits groupes parlementaires de l'Assemblée, celui des Républicains. L'homme sera-t-il le messie pour enclencher un consensus qui fera avancer le pays, contre l'avis des gens de gauche-gauche et sans l'aval de ceux de droite-droite ? On verra à l'usage des voltes-faces des députés les moins acharnés à suivre les dogmes,  les présidentiables et tous les égos démagogiques à la tête des partis politiques. Tout ça n'est qu'une question de personnes de bonne volonté, privilégiant l'intérêt général plutôt que les intérêts, aussi louables soient-ils, de groupes de population défavorisés comme très riches. L'équation est à plusieurs inconnus : réduire les inégalités sans compromettre l'action économique ; améliorer les services publics de l'Education, de la Santé et de la Sécurité sans ignorer les défis environnementaux ;  remettre la cohésion au centre du jeu sans augmenter les rivalités des territoires, des campagnes contre les villes, des régions puissantes contre les plus faibles ; garder la culture partout dans le pays sans réduire les investissements ; garder l'agriculture industrielle exportatrice sans détruire l'agriculture familiale vivrière et gardienne des paysages ; ...etc..Les enjeux ne manquent pas. 


Pour cela, il faut aussi remettre de l'ordre dans les comptes de la nation, ce qui semble la base nécessaire sur le long terme. Peut-être que le prochain ministre de l'économie et du budget saura mieux compter que celui qui s'en va et qui a osé pointer du doigt les collectivités locales pour trop dépenser, alors que l'Etat leur serre la ceinture en les contraignant à des dépenses obligatoires qu'il leur a transférées sans les compenser : elles n'ont pas le droit d'être en déficit contrairement à un Etat et ses gouvernements qui ne montrent pas l'exemple et qui se plaignent. L'austérité va arriver, il n'est pas possible de faire autrement, quel que soit ceux qui vont gouverner les prochaines années. Pas la peine de faire des promesses que tout ira mieux...on ne rasera pas gratis d'ici longtemps. 


Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, je dois aller voir ailleurs. Il fait bon vivre au pays de Giat, et c'est bien ce qui compte le plus. 

 

Vendredi 23 août

 

Ce soir démarre la fête de Giat, une manifestation qui marque la fin des vacances dans les esprits depuis des lustres, encore plus depuis que la rentrée scolaire est au début septembre. La saison estivale aura été partagée entre un mois de juillet humide et frais et un mois d'août de saison ponctué de petites périodes caniculaires, mais rien de grave pour la région. Pas de sécheresse en vue cette année, la nature est verte à souhait, la végétation bien consistante. On est bien chez nous. 


Cet été a été marqué par les jeux olympiques de Paris. J'avoue n'avoir suivi que la cérémonie d'ouverture, et constaté les résultats des athlètes à distance. Cette grandiose célébration des jeux et  de l'histoire de Paris, mêlant l'accueil des sportifs du monde entier à des temps artistiques autant osés que féériques, montrant le génie français et une ouverture d'esprit rallumée en ces temps d'obscurantisme rétrograde bien promu sur les réseaux sociaux par des influenceurs  radicaux de toutes obédiences. La fête a été libre et cela lui est reproché par les fanatiques de tout bord, qui n'aiment pas la joie et le plaisir. La parodie du Festin des Dieux a choqué les bons chrétiens obnubilés par le premier degré, souffrant d'un manque d'humour certain, cherchant les poux dans des têtes innocentes. La démonstration du luxe à la française n'a pas été appréciée des pleureuses de la gauche radicale qui ne peut comprendre les subtilités d'un libéralisme décomplexé mis en avant pour valoriser un esprit créatif envié dans le monde entier. Ramener la religion et la politique dans tout jusqu'au plus petit détail est un signe inquiétant de volonté de mettre sous tutelle les esprits indépendants, le principe de la démocratie, le débat pour aboutir à l'asservissement des peuples à la gloire des autocrates, des dictateurs, des potentats religieux, sans que ça fasse avancer l'humanité. La régression de ces progressistes fait le pendant au développement encadré des conservateurs, c'est un paradoxe qui mène le monde depuis sa création. 


Cette parenthèse enchantée des jeux olympiques a fait oublier la politique à tous les niveaux. Depuis les résultats des élections européennes ayant entraîné le séisme de la dissolution de l'Assemblée nationale et l'arrivée d'une nouvelle chambre des députés sans majorité claire, un gouvernement démissionnaire resté en place depuis plus d'un mois, un président de la République qui prend son temps, la vie politique était en vacances et ça fait du bien à l'esprit. Cette semaine, le réveil des jamais contents a été brutal. Le Président les laisse mariner encore un peu, histoire de mieux fissurer des alliances électorales montées trop vite entre gens qui ne se supportent pas à gauche, incapables de pouvoir gouverner avec des compromis, autant dire empêcheurs de bien vivre ensemble, rêveurs de révolution prolétarienne pour purger le pays de ceux qui pensent autrement, défenseurs d'une démocrature plutôt que de la démocratie. Ah ! ils font les fanfarons parce qu'ils sont arrivés premiers, avec des exigences et des vociférations inutiles, des lectures constitutionnelles qu'ils ne tolèreraient pas s'ils étaient au pouvoir, des velléités dangereuses pour la liberté individuelle. Alors que l'extrême droite, plus perverse sans doute, regarde avec jubilation le spectacle de ceux d'en face qui les place en bonne position pour atteindre le pouvoir sans avoir besoin de programme : on  en est arrivé au point où le Rassemblement National rassure plus qu'il n'inquiète, tout l'inverse de ce que voulait dire le Front républicain des élections depuis 25 ans.


Les gens de bonne volonté qui aimeraient s'engager dans des chemins consensuelles ne seront pas assez fous pour rejoindre le panier de crabes des politicards qui préfèrent le chaos à l'efficacité, et pendant ce temps, l'Administration qui a le réel pouvoir dans le pays,  va accroître son autorité sur la vie quotidienne des français, pour un peu plus de bureaucratie et de complexité : tout ce qui faut pour donner du grain à moudre aux râleurs que nous sommes collectivement. 


Nous entrons dans une période d'incertitudes, sans doute nécessaire pour mettre les responsables face à leurs incapacités, à leurs inefficacités, à leur bêtise, eux qui se croient au-dessus de la moyenne, bardés de diplômes qui ne les rendent pas intelligents pour autant, et certainement plus imbus de leur personne que les invisibles qui font tourner le pays, souvent emplis de ce bon sens et de cette sagesse qui manquent tant dans les palais dorés de la République. 


Il fait beau en cette fin de période de vacances, profitons encore de notre beau pays de Giat où il fait si bon vivre, à condition de ne pas vouloir décrocher la superbe lune qui éclaire les nuits de ces jours-ci. 
 

 

Vendredi 26 juillet


Très occupé ces derniers temps par le travail et les reportages causés par les nombreuses manifestations locales, et si on ajoute quelques péripéties techniques, j'ai eu du mal à trouver du temps pour écrire quelques impressions sur ce temps qui passe, riche en rebondissements politiques depuis le 3 juillet.


Commençons par le pays de Giat qui n'a pas été bouleversé par les élections et qui a voté majoritairement pour renouveler sa confiance à Christine Pirès-Beaune, députée depuis 2022, et qui est devenue à la suite de cette réélection questeure à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire trésorière pour faire court.  Cette élue de terrain a la confiance de ses pairs sur le territoire malgré les différences de tendance politique, ici on est plutôt à droite, surtout à Fernoël, où la plus grande partie des électeurs semble craindre l'émigration et l'insécurité plus qu'ailleurs bien qu'il n'y ait pas de problèmes de ce genre localement. Ils ont leurs raisons et c'est très bien ainsi. 


En Creuse, à côté, le département a désormais un député bien à droite, jeune et inexpérimenté, arrivé d'on ne sait où pour remplacer une députée bien à gauche, radicale et si peu présente sur le terrain. La présidente du Conseil départemental n'a pas gagné la triangulaire et réussi son pari d'attirer les creusois pour les représenter à Paris. 


Au niveau national, c'est "tendance bordel". Aucune majorité absolue et trois grandes tendances se partagent l'hémicycle : chacun garde ses prérogatives et le pays n'est plus gouverné, n'est plus gouvernable. Tant qu'une grande partie des députés préfèreront représenter leur parti, ou eux-mêmes, plutôt que les électeurs de leur circonscription, les choses ne bougeront guère. Il serait temps que la classe politique murisse et arrête de regarder dans le rétroviseur, d'évoluer comme la population lui demande pour grandir la fonction, aller vers un consensus acceptable pour aller de l'avant. Face à un président tout aussi immature, qui ne comprend pas que le pays puisse être gouverner sans qu'il s'en occupe exclusivement, ça n'arrange pas la situation. Tout continue comme avant, alors que tout a changé. Chaque parti critique l'autre, alors qu'il ferait pareil dans la même situation, voir pire. Tous ont critiqué le 49-3, ceux qui vont gouverner s'en serviront allègrement bientôt. 


Heureusement, aujourd'hui débutent les Jeux Olympiques à Paris : une trêve bienvenue pour apporter un peu de détente, et même l'été semble arriver...

 

Mercredi 3 juillet 


Ce début d'été est extraordinaire, je crois qu'il restera dans les mémoires autant par la météo exécrable que par l'actualité nationale rebondissant de jour en jour depuis le 9 juin dernier, quand le Président de la République a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. 


Depuis le pays de Giat, où je reste très occupé par l'actualité locale très riche de manifestations diverses et variées et par des engagements associatifs et personnels prenants, l'ambiance n'est pas des plus euphoriques qu'il soit. La fraîcheur et l'humidité de la période, qui se répètent depuis la mi-octobre de l'an dernier sans quasiment discontinuer minent le moral des plus optimistes des personnes rencontrées. On essaye bien de trouver de quoi ne pas être trop triste, ça n'est pas facile. 


Depuis ma dernière prose, rien ne semble avoir changé et mes réflexions restent identiques. J'ai plus été chagriné par la disparition de personnes qui m'étaient proches que par les évènements politiques. Il n'y a pas tant de gens intéressants dans nos entourages, et quand il en manque deux, tout notre monde est vraiment dépeuplé pour reprendre ce que dit le poète. Mais la vie continue. Les visites des villages fleuris en Haute Combrailles auxquelles j'ai participé trois jours durant et que je suis depuis plus de vingt ans montrent bien l'évolution de la société : moins de collectif, moins d'engagement, notamment des plus jeunes, dans l'intérêt général. Les personnes qui œuvrent bénévolement à la valorisation du cadre de vie vieillissent et leur remplacement ne semble pas évident. Elles entretiennent ce qui a été entrepris il y  quelques décennies, mais rares sont les nouvelles places des hameaux, les éléments du petit patrimoine à être intégrés dans la démarche. Le citoyen de notre époque demande beaucoup, mais propose peu. 


Les communes, le département sont critiqués parce que les bords des routes ne sont pas fauchés assez tôt, parce que les gravillons gênent la circulation après les travaux d'entretien de la voirie, et tant d'autres remontrances exagérées : je le vois ici et là, des agriculteurs, des habitants prennent le temps de faire ces travaux sans rien réclamer, juste pour le bien commun et ils n'ont pas toujours la reconnaissance des râleurs. Ces derniers ont acquis de la puissance avec les réseaux sociaux et ils n'hésitent pas à donner leurs points de vue, avec des arguments qu'eux seuls comprennent souvent, ou en reprenant la petite chanson du moment qui veut que tout va mal à cause des autres. 


Ah ! qu'il est facile de ne pas se remettre en cause en faisant porter le fardeau par les plus faibles : tel semble le credo de ceux qui voient le pouvoir changer de main pour mettre en place des mesures miraculeuses pour redresser une situation qui n'est pourtant pas si affaiblie que ce qu'ils veulent faire croire. Dans l'opposition, on exagère beaucoup. Aux affaires, ce sera autrement. Il faudra tenir compte du monde tel qu'il est, comprendre que le pays est interdépendant de beaucoup d'autres,  et qu'intérieurement la paix et la sécurité ne se décrètent pas en claquant des doigts. 


Les mesures économiques annoncées en faveur du pouvoir d'achat, d'un côté comme de l'autre, ont-elles des chances d'améliorer la situation des ménages ? A court terme, peut-être. Mais si on regarde les choses d'un peu plus près, la hausse de consommation que cela peut engendrer va-t-elle servir à celle du PIB  ? ou ne va-t-elle pas profiter aux importations, et donc fragiliser les entreprises du pays, notamment les moins importantes ? Parce que les consommateurs les moins fortunés, qui ont du mal à joindre les deux bouts, n'ont pas d'autres choix que d'acheter au meilleur prix, et force est de constater que les produits français sont mal placés. De plus, la concurrence des commerces en ligne ne favorise pas le développement des commerces physiques des petites villes de chez nous. 


De même, la fermeture des frontières aux "étrangers non désirés" ne résoudra pas le problème de l'immigration. Les études sérieuses, dont on ne parle jamais, montrent que le coût de l'immigration est absorbé par la recette produit par les travailleurs immigrés, qui, déclarés, participent au financement de la solidarité dont certains veulent les priver. Construire des murs, renforcer les contrôles, demandent des moyens et donc une participation du contribuable qui trouve qu'il pait assez d'impôts et de taxes. Faire croire qu'avec les économies réalisées en restreignant l'assistanat aux plus pauvres qui ne sont pas français, on va améliorer le sort de ceux qui travaillent comme il faut est une promesse qui n'engage que ceux qui y croient. Il est bon de rappeler que les apparences sont trompeuses, Les gens "assistés" sont en majorité de nationalité française, même s'ils ne sont pas blancs et s'ils n'habitent pas dans des banlieues où sévit la violence. 


Tout ça pour dire que le problème, ce n'est pas la couleur de peau, la religion de l'autre, la nationalité : c'est la misère. En ne voulant plus aider ceux qui en ont le plus besoin, quelque soit le cas de figure, on ne va qu'accroître cette misère, et par enchaînement logique, la délinquance, la violence. La paix sociale a un coût, le réduire a un prix. Et au final, on y perd de la sécurité et de la liberté, sans gagner plus de pouvoir d'achat. 


Les futurs gouvernants, qu'ils soient de la droite radicale et nationaliste, ou qu'ils soient d'un mélange de genres qui va du centre à la gauche modérée, ou encore qu'ils soient de cette gauche qui fait peur, vont avoir du travail, mais certainement pas pour redresser le pays, mais pour qu'il reste un pays respecté dans le concert des nations, pour que ses habitants soient rassemblés. La situation clivante du moment est dangereuse, il appartient à chacun de vouloir faire nation plutôt que de se taper dessus, notre destin est d'abord entre nos mains. Arrêtons de suivre bêtement ceux qui ne rêvent que de pouvoir, pour mieux nous manipuler, nous soumettre ensuite. C'est cela l'enjeu, le seul. Il ne faut pas se plaindre, il faut agir. 


Tous parlent au nom des français, mais aucun ne représente la majorité. Il est notable que ceux qui peuvent gagner le 7 juillet ne parlent plus d'élections législatives à la proportionnelle maintenant qu'ils sont au bord de la majorité absolue grâce au type d'élection en vigueur. Et que n'entendons pas encore les récriminations au sujet de la dérive du pouvoir qui favorise ses amis : attendons le changement de majorité et ce qui a été dit hier, tant sur le 49.3 que sur la volonté de ne pas entendre le "peuple"  risque fort de faire un effet boomerang.  Et si ça ne marche pas, ce sera la faute de l'héritage, de l'Europe, et des autres qui ne comprennent pas...mais on aura tout fait bien ! 


Voilà, maintenant votez pour qui vous voulez, je ne donne pas de consigne, et je n'en demande pas non plus. Quant au front républicain,  il faudrait que ceux qui en bénéficient n'oublient pas qu'ils doivent leur place à des électeurs qui ne pensent pas comme eux, et que ce n'est pas un blanc-seing pour faire la politique qu'ils représentent, et qu'ils doivent en tenir compte. Ce qui n'a pas été fait jusqu'à présent et ce qui explique en partie la situation...Comme je dis souvent à qui veut l'entendre : "il ne fait pas prendre les gens pour des c..., ils s'en aperçoivent toujours !". Le respect. 


N'oubliez pas qu'il y a des fêtes dans le pays, organisées par des bénévoles : allez-y, ça fera du bien au moral, ça montrera l'intérêt porté au territoire, l'envie d'en faire partie. 

 

 

Mercredi 19 juin

 

Au lendemain de l'anniversaire de l'appel du Général de Gaulle le 18 juin 1940 pour refuser la soumission du pays à l'Allemagne nazie, dix jours après l'annonce de la dissolution de l'assemblée nationale par le Président de la République, et autant avant le premier tour de ces élections législatives, je m'essaie à mettre de l'ordre dans mes réflexions bien tourmentées par cette accélération précipitée de l'histoire. 


Le résultat des élections européennes était attendu : une majorité d'électeurs français ont fait de ce scrutin  une élection nationale et un referendum contre le pouvoir en place, se souciant bien peu de l'intérêt de cette élection, qui, pourtant a autant d'influence sur notre vie quotidienne que la vie politique franco-française. Mais voilà, il faudra réécrire la chanson de Sardou "J'habite en France" car si "la France c'est aussi un pays Où y a quand même pas cinquante millions d'abrutis", on peut douter de l'affirmation de 1970. 


Déjà, personne ne le dis très fort, il y a la moitié de la population qui ne s'exprime pas dans les urnes, ce qui relativise les exploits des élus, et les élucubrations  des ténors de la politique dans les médias sont plus proches du coup de vent que du coup de génie. Les analystes pérorent pour expliquer la déshérence des électeurs qui "se sentent abandonnés, rejetés, déclassés" pour se réfugier chez ceux qui leur font croire aux lendemains enchanteurs, ou de ceux  qui "ont peur de l'avenir face à des changements sociétaux qu'ils ne comprennent pas, des bouleversements géo-politiques et climatiques incertains" pour se renfermer avec ceux qui croient les frontières potentiellement hermétiques aux dangers de l'extérieur. Il y a du vrai là dedans, forcément, mais chacun résonne à sa façon et il y aurait autant d'explications que d'individus à fournir.

 

Tous les électeurs qui ont voté Bardella ne sont pas des fachos, des anti-démocrates, tout comme ceux qui votent LFI ou pour les écolos ne sont pas des radicaux profonds qui veulent faire la révolution. Beaucoup votent pour protester, par pour approuver des idées extrêmes. Nous connaissons tous des personnes comme cela, et je l'ai déjà écrit, depuis 2002, aucun président n'a été élu pour son programme, mais pour refuser celui du Front National. Mais aucun président n'a tenu compte de cela, répétant inlassablement que la majorité des français (enfin ceux qui se sont exprimés dans les urnes)  ont adhéré à leurs idées. Terrible erreur et Emmanuel Macron, malgré les alertes puissantes, n'a cessé de s'enfermer dans ses certitudes qui n'ont souvent même pas été en accord avec les plus modérés. Que n'a-t-il pas dit après chaque épisode qu'il allait changer, que n'a-t-il pas fait en ne reprenant pas les conclusions des diverses et nombreuses concertations, conférences, commission citoyennes  qui lui ont été présentées ! Pourquoi les cahiers de doléances rédigés au moment de la crise des gilets jaunes n'ont même pas été lus ? Il ne faut pas s'étonner de voir le pays fracturé comme jamais tant on  a pris les citoyens pour des abrutis, tant les gouvernants, même chez ceux qui aspirent à gouverner, quels qu'ils soient, sont enfermés dans leurs bulles, hors sols, loin des préoccupations quotidiennes des petites gens comme des entrepreneurs. 


Quels que soient les programmes proposés, aucun ne tiendra la route car tous usent de méthodes, de modes, d'idées qu'ils recyclent et qui n'ont jamais marché. On est en 2024, la planète subit les conséquences du réchauffement climatique, le monde est au bord d'un conflit mondial, on sait tous qu'on va dans le mur. Et que nous propose-t-on ? Continuer comme si de rien n'était,  poursuivre les délires économiques du libéralisme, s'enfoncer chaque jour un peu plus dans le totalitarisme des autocrates, perdre ses libertés individuelles et collectives pour être les esclaves des manipulateurs numériques... De grâce, cherchons ensemble des idées nouvelles, il y a un besoin viscéral de révolution qui fait avancer le monde vers plus d'humanité, plus de solidarité, plus de mieux vivre ensemble. On en est loin, très loin. 


Le 8 juillet, il y aura des manifestations euphoriques dans les camps gagnants mais il est à craindre un  désenchantement rapide parce que nous le voulons bien, en attendant que nos vies soient gérées depuis là haut, alors qu'il serait grand temps de se prendre en main, d'arrêter de grogner, de se plaindre, de se bouger pour œuvrer ensemble au plus petit niveau." Aide-toi, le ciel t'aidera" est un proverbe à méditer. 


C'est vrai que la météo n'aide pas, et ceci est aussi une explication de la morosité ambiante. Le beau temps est annoncé dans les premiers jours de l'été : ça va aller mieux.

 

Jeudi 6 juin 


Il y a 80 ans, le débarquement des alliés en 
marquait le commencement de la fin de la seconde guerre mondiale. Cette mobilisation de milliers de soldats de plusieurs nations comme jamais cela n'avait existé pour défendre la démocratie et la liberté des peuples a été décisive dans la quête de victoire. Mais cela aurait pu ne pas marcher. Il s'en est fallu de peu, et alors qu'aurait-il été de l'avenir de l'Europe ? 


Les cérémonies de commémoration organisées ce jour sont grandioses et émouvantes, en raison de la présence des derniers vétérans qui combattaient en 1944 et qui ne seront plus là bientôt. Les chefs d'état ou de gouvernement des pays alliés de l'époque sont là, à l'exception du chef de la Russie, exclu pour des raisons de guerre injustifiées. L'agresseur de l'Ukraine n'est pas là, l'ancienne Union soviétique est représenté en quelque sorte par le président du pays envahi, l'Ukraine. L'histoire est un perpétuel mouvement de balancier, on l'oublie trop souvent. Les puissants d'une époque sont les petits d'une autre. Seuls les temps des périodes fluctuent.


Un vétéran du débarquement déclarait ces derniers jours que l'atmosphère de l'époque ressemblait beaucoup à celle d'il y a plus de 80 ans, quand les puissances occidentales ont laissé monter le nazisme, se sont couchées devant Hitler après ses premières agressions territoriales. Leurs dirigeants voulaient sauver la paix à tout prix, la note aura été finalement très élevée, au prix de millions de morts, de dégâts incommensurables, de crises sanitaires et humanitaires à l'échelle de la planète. Le monde qui en est ressorti s'est lancé à corps perdu dans une course effrénée à la productivité, la consommation pour aboutir à ce qu'il est devenu aujourd'hui. Tout est à refaire tant tout est redevenu pareil, avec des moyens de destructions plus performants, des moyens de propagande très efficaces,  et une perte colossale du sens collectif qui reste la seule valeur pour assurer l'avenir de l'humanité. 


Ce sens de la collectivité, de la communauté a été essentiel pour la réussite du débarquement en juin 1944, une valeur partagée par les soldats bien sûr, et elle l'est encore dans les armées du monde entier par raison d'être, mais aussi par les nations engagées et leurs citoyens solidaires derrière leurs dirigeants, conscients des enjeux, et encore par la majorité des habitants des pays occupés. Les partisans de la collaboration ont joui de privilèges à court terme, sûrs de leur pouvoir de nuisance aux profits malhonnêtes, certains auront su retourner leur veste assez tôt, d'autres auront su se faire oublier, quelques-uns vivront mal l'après-guerre, parfois à en mourir. 


A la veille des élections européennes, les partis nationalistes dont les ancêtres n'ont pas toujours apprécié l'arrivée des alliés en Normandie, ont le vent en poupe parce que les dernières crises ont causé des tensions que les partis traditionnels n'arrivent pas à calmer. Les idées simples, les manières de faire croire que ce qui arrive est toujours de la faute des autres, la volonté de fracturer l'union des citoyens, l'affaiblissement des institutions sont autant d'armes verbales qui fragilisent le pays pour qu'il tombe dans les bras de personnes plus soucieuses des intérêts de leurs idées que de la grandeur du pays contrairement à ce qu'ils affirment. Ils évoquent la défense des libertés, sous-entendues celles qui les concernent. Ils crient aux grands dieux l'interview du président de la République à la télévision à trois jours des élections, comme une ingérence dans la campagne électorale. Cela a toujours exister, d'une manière ou d'une autre : on se souvient du bon choix de Valéry Giscard d'Estaing pour les législatives de 1978 il me semble, par exemple. Et on ne me fera pas croire que les opposants, s'ils étaient au pouvoir en difficulté, n'utiliseraient pas les mêmes méthodes, voire pire encore.  Le consensus n'est peut-être pas la meilleure façon d'avancer en démocratie car ça prend du temps, mais les majorités fortes ne sont pas non plus le plus sûr moyen de réduire les inégalités, de produire de l'unité. 


Contrairement à ce que beaucoup pensent, le devoir électoral de dimanche n'est pas anodin. Il donne le choix aux citoyens de s'exprimer et de participer à la construction européenne, sauf que des partis politiques veulent s'en servir  comme une élection nationale, sachant bien pourtant que cela ne peut avoir d'incidence sur la gouvernance directe du pays à court terme. Alors que le parlement européen agit pour l'avenir du continent et de ses habitants, dans sa globalité, démocratiquement. Accuser l'Europe de tous les maux, c'est oublier que les décisions européennes sont d'abord des décisions nationales de chaque pays, mais c'est tellement plus facile. On le voit bien dans les pays de la communauté européenne où les extrêmes sont au pouvoir, ils sont beaucoup moins eurosceptiques que lorsqu'ils étaient dans l'opposition, parce que sans l'Europe, leur pays ne serait plus qu'un petit pays sans influence, sans pouvoir. 


Souvenons-nous qu'en 1944, la liberté était un espoir retrouvé. Il serait idiot que 80 ans après, au nom de l'individualisme de nos sociétés, la liberté collective ne soit plus la valeur absolue, celle qui garantit une paix vertueuse.  

 

Jeudi 30 mai 


Ce 29 mai 2024 marquera la fin d'un temps : le poulailler de la maison Pruny est vide ! cela n'était jamais arrivé de mémoire d'hommes. Maître Goupil aura eu raison de la chose : depuis un mois, il sévit dans le village, ayant contraint les jeunes voisins à abandonner l'élevage de volailles qu'ils avaient, et une autre voisine à séquestrer le peu de poules qu'il lui reste pour ne pas les voir disparaître. Seul subsiste la basse-cour de la dernière ferme du village où le renard n'est pas encore allé voir. Cet évènement, aussi naturel soit-il mais tellement brutal, ne me laisse pas indifférent : s'il m'ajoute un supplément de liberté relative, il marque réellement la fin d'un époque, la fin d'un attachement au passé fermier de la maison. C'est triste, et la vie continue. 


Je ne vais pas m'apitoyer, il y a tant de mauvaises nouvelles dans le monde et par chez nous, tant de gens qui ne vont pas bien, soumis aux maladies ou aux violences de la nature ou des hommes, parfois des deux, que je suis bien heureux d'être chez moi, à l'abri, avec de quoi bien manger, sans souci du lendemain. Je fais parti des privilégiés en quelque sorte, même s'il y a plus heureux ou plus riche, les deux n'étant pas forcément compatibles. 


Hier matin, alors que mes poules vivaient paisiblement leurs dernières heures, mon déplacement au chef-lieu de la commune m'a amené dans un bourg que j'ai trouvé bien désert à cette heure-là : où sont passés les gens ? Telle est la question. En repassant en fin de journée, j'ai constaté plus de mouvement, le temps s'était donc arrêté en milieu de matinée, comme pour marquer l'isolement des campagnes, le sentiment d'abandon des campagnards. 


Et je repense au documentaire diffusé mardi soir sur TMC : "campagnards et fiers de l'être" dans lequel des jeunes ruraux parlaient de leur bonheur de ne pas vivre en ville, se contentant des petits plaisirs (gratuits) de la nature, des moments de rassemblement pas assez nombreux, de la solidarité rurale, de l'acceptation des autres plus assumée qu'ailleurs... Cette émission était vivifiante et me confortait sur la jeunesse locale qui ressemble à celle présentée : tout n'est pas foutu, oserais-je écrire, il faut avoir confiance dans les générations suivantes. De toute façon, nous n'avons pas le choix : l'avenir, c'est eux ! 


En même temps, l'émission" Bienvenue en terre inconnue" montrait le bon côté de l'humanité sur des iles de la côte ouest d'Afrique : des peuplades face au dérèglement climatique, résignées, et dignes, mettant l'homme au centre du village, et non l'argent comme dans nos pays, cause de nos malheurs, mais ça ne change pas. 


En conclusion, il y a du brave monde partout, dommage que ce soient pas des braves gens qui commandent. 

 

Jeudi 23 mai

 

Voilà bien longtemps que je n'avais eu de temps à prendre pour mettre en prose mes réflexions sur l'actualité du moment. Le dernier édito ne date que de trois jours, rédigé à la hâte dans un temps, ou un ton,  presque philosophique parce que je pense qu'il ne faut pas causer un manque trop fort aux rares lecteurs impatients de me lire.  Je disais alors que l'époque était plutôt calme, mais tout est relatif. 


Le monde ne va toujours pas bien. Le pays n'est pas au mieux non plus. Faisons un tour d'horizon en commençant aux antipodes : un projet de loi a mis le feu à la Nouvelle-Calédonie, territoire français coincé dans le Pacifique sous la pression australienne et chinoise. Territoire sur lequel les autochtones descendants des mélanésiens qui y habitaient avant l'arrivée des colons rêvent d'indépendance. On se rappelle la fin des années 1980, quand les émeutes avaient tragiquement ensanglanté le caillou, quand il avait fallu des trésors d'ingéniosité diplomatique pour ouvrir le dialogue entre kanaks et caldoches, entre indigènes et résidants blancs,  descendants parfois des déportés français dont les communards de Paris. La paix était revenue, une autonomie relative installée, des referenda organisés qui n'ont pas validé le désir d'indépendance des plus radicaux. Le corps électoral est limité aux habitants de long temps pour les élections territoriales, les nouveaux venus étant exclu du vote. Le projet de loi visait à inclure ces derniers s'ils habitaient depuis plus de 10 ans la Nouvelle-Calédonie : une raison d'égalité démocratique théorique qui n'a pas été présentée, négociée avec les calédoniens de tous bords. L'arrogance du pouvoir métropolitain dans toute sa splendeur ou comment allumer un feu sur un  champ de mines.  Nos gouvernants sont très intelligents mais manquent singulièrement de sagesse, pour ne pas dire combien leurs certitudes les enferment dans un monde virtuel qu'ils visionnent sur un petit écran. Que d'erreurs de stratégie politique depuis l'arrivée de cette nouvelle génération de personnalités politiques, centrée sur leur égo plus que sur une vision d'avenir du pays, ignares des réalités de terrains, incapables d'écouter les sons de la base et d'entendre les conseils avisés de ceux qui en savent un peu mieux. Quand les décisions sont prises sans tenir compte des conclusions des concertations uniquement organisées pour habiller un semblant de dialogue citoyen, quand les lois issus des fameuses conférences citoyennes sont écrites sans tenir compte des propositions formulées, quand les consultations des corps intermédiaires ne servent que pour la communication ou leur donner des leçons, et j'en passe, comment peut-on diriger un pays sans créer de clivages ? La fracture sociale que pourfendait Jacques Chirac en son temps n'est pas prête d'être soignée, ni par les uns, ni par les autres, puisqu'aucun groupe politique ne propose de faire consensus. Les dirigeants qui ont le vent en poupe parlent au nom des français, disent ce que pensent les français, comme si leurs idées étaient partagées par tout un peuple. Quelle erreur monumentale au pays des gaulois réfractaires ! 


Eloignons-nous un peu des terres australes pour remonter vers l'Asie. Dans les environs du pays au matin calme, un bouillonnement permanent semble plus dangereux que d'éventuels tremblements de terre ou d'éruptions volcaniques de forte densité, pourtant réguliers dans ce coin. L'économie chinoise butte sur la démondialisation en cours : la complication et le coût de franchissement des frontières américaines aux produits made in China entraînent une surproduction de biens qui vont inonder par ricochet une Europe encore trop naïve et pas assez unie. La fermeture des frontières nationales aux émigrés (africains et musulmans) prônée par certains partis extrémistes en ces temps électoraux pour résoudre tous les problèmes ne semble pas la mesure la plus efficace pour consolider l'économie de pays européens d'autant plus fragile quand elle reste nationale face à la puissance chinoise.  Quand je vous dis qu'il n'y a pas de vision d'avenir à long terme, seule compte l'accession au pouvoir pour des politiques à court terme, à tous les niveaux. 


En Russie, Vladimir Poutine, à l'image de son homologue chinois qu'il est  allée voir récemment, n'a pas ce souci : il n'a qu'un objectif et il se donne les moyens de l'atteindre. Sans demander l'avis de ces citoyens, il ne prend pas de gants ni il ne propose de conventions  de concertations : il rêve de rétablir l'empire des tsars, c'est son unique programme, sans concessions, sans tergiversations.  Il sait qu'une Europe forte et unie contrarie ses projets, il sait manœuvrer et influencer les pseudos nationalistes et populistes pour mieux asservir le continent, avec la complicité involontaire de ceux qui croient aux lendemains qui chantent, aux lessives qui lavent plus blancs, aux paradis enchanteurs des dieux associés aux dictatures. Plus d'ordre, plus d'autorité, rien qui ne dépasse, tous dans le rang et fermez vos gueules : voilà notre avenir si nous n'y prenons garde. Mais ça peut plaire à quelques-uns qui pensent qu'en étant du bon côté du manche, ils s'en sortiront mieux. L'histoire nous apprend que chacun reste finalement à sa place, à quelques individus près, et que ce sont toujours les mêmes qui paient la note des dérives et des aventures politiques, alléchantes mais de mauvais goût.  En Ukraine, l'avenir du pays est entre les mains des alliés occidentaux et la fourniture d'armements : il est plus que temps, l'armée russe a repris du poil de la bête et l'offensive avance. 


Aux Etats-Unis, la liberté d'expression sans limite cause bien des dégâts dans la démocratie : le pays est scindé en deux blocs difficilement compatibles. Les élucubrations de Donald Trump qui fait un show sans avoir honte d'être devant des juges, plaisent à des braves gens enfermés dans leurs croyances d'une Amérique rêvée qui n'existe pas, qui n'existera pas. Le président Joe Biden  est bon gestionnaire, mais le rouleau compresseur de la communication de son adversaire, sans limite, empêche de le faire savoir comme il faudrait. Pour le moment, il a permis d'éviter le chaos, même en Orient, quoiqu'on en dise. La guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza est une horreur, une tragédie : la folie des dirigeants de Jérusalem ou de Gaza tend dans la même direction, le malheur des civils dans chacun des pays. L'orgueil des uns et des autres, l'exacerbation religieuse incompatible par dessus, ne permettent pas de trouver de solutions de paix durable : cela dure depuis si longtemps, et il n'y a aucune volonté d'y arriver. 


La mort accidentelle du président iranien est une conséquence du blocus de son pays qui préfère la course à l'arme nucléaire qu'à la bonne marche du pays : les équipements de mobilité sont vétustes et obsolètes, l'hélicoptère qui s'est crashé était en bout de course, la compagnie aérienne nationale, dont la flotte d'avions est hors d'âge, est rebaptisée par les passagers des vols intérieurs "inch allah airlines" tellement c'est incertain de prendre l'avion. 


Voilà un tour d'horizon succinct, car il y aurait tant à écrire. Tant à réfléchir. Tant à étudier, analyser, en recoupant plusieurs sources d'informations, car je le répète, une opinion ne se construit pas qu'avec un seul matériau, et le ciment pour lier les différentes pierres, pour la bâtir est un mélange de connaissances et de conscience. 

 

Lundi 20 mai 


Je ne sais pas si la saison des pluies qui se prolonge depuis la mi-octobre y est pour quelque chose , ou si l'ambiance globale du monde rendue anxiogène par l'accumulation des mauvaises nouvelles mises à la une des médias et des réseaux sociaux, alors que les bonnes annonces existent bien pourtant, mais je trouve l'époque bien morne. La lassitude et le manque de motivations semblent prendre le dessus. En suis-je une victime collatérale ? Je ne fais pas d'efforts supplémentaires pour satisfaire mes fidèles visiteurs du pays de Giat virtuel qui ne font pas de réclamations, et ça me va bien.

 

La vie n'est toujours pas un long fleuve tranquille, mais chez nous, il n'y a pas d'inondations malgré les cumuls de précipitations importants. La vie s'écoule tranquillement au Pays de Giat, il n'y a pas de révolutions, ni d'évènements remarquables qui bousculent une certaine douceur de vivre comme s'il fallait engranger des souvenirs de bon temps pour faire face aux incertitudes d'un monde en mouvement tempétueux.  Ce monde est fou ! L'humanité perd la tête. Tous les indicateurs sont au rouge, ou presque, et on regarde ailleurs, on refuse d'admettre la nécessaire obligation de changer les choses. C'est tellement plus facile. Le chacun pour soi a gagné mais ne résoudra pas les problèmes.

 

Enfin, rien n'est perdu. Soyons optimistes. Il y a des signes pour le croire, nous ne sommes pas encore complètement abrutis et on arrive à faire de belles choses ensemble. La vie associative reste forte, la solidarité reste présente, la générosité se voit encore. Tout cela n'est pas inné,  chacun doit prendre part à la vie du pays, à la collectivité, comme si on appartenait à une tribu. Il ne faut pas non plus s'enfermer sur soi, croire que mettre des barrières pour rester entre nous, protègerons une façon de vivre. Rien n'est figé, l'ouverture d'esprit va de paire avec l'ouverture des portes, car les échanges en toute réciprocité et respect  ne peuvent qu'apporter des bienfaits. Il faut apprendre des autres et ne pas imposer ses idées, et réciproquement. Les périodes de paix ont fait progresser le monde. Les guerres auxquelles sont tant attachées les pouvoirs autoritaires, les tensions au sein des populations pour les diviser en laissant croire qu'elles apportent finalement la solution aux problèmes sont des messages qui pullulent sur les réseaux pour mieux asservir. Ne soyons pas dupes, les solutions simples, les promesses des lendemains qui chantent, le rasage gratis pour les bons citoyens, ne sont que des chimères pour réduite les libertés et construire des chapes de plomb sur les pays au profit de quelques-uns seulement.

 

Les grands experts de l'économie nous promettent toujours un monde meilleur si on suit leurs idées libérales, les mêmes qui nous ont amené à la situation complexe actuelle, qui ont servi les intérêts financiers et donner des bénéfices, des dividendes exponentiels à des actionnaires aveuglés par les profits faciles sans voir qu'ils participaient à consolider des puissances qui ne pensent qu'à les détruire. L'exemple des investissements occidentaux en Chine au siècle dernier et la puissance du pays aujourd'hui le démontre. On se souviendra que les chinois sont très patients et qu'ils attendent leur heure : ils construisent leur main-mise sur le monde depuis des siècles. Quand les anglais bâtissaient leur empire colonial en s'enrichissant avec la vente du thé, les chinois vendaient le thé brut, mais n'achetaient rien aux anglais. C'était il y a plusieurs centaines d'années...

 

L'occident a dominé le monde en le pillant, maintenant que les réserves s'amenuisent, sa faiblesse apparaît au grand jour et les dominés d'hier présentent la note. La négociation ne va pas être facile par manque de réalisme, de complexe de supériorité qui n'est plus, de volonté partagée de ne pas réussir cette négociation.

 

Mais tant que la source n'est pas tarie, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. On est bien au Pays de Giat, sachons garder notre quiétude et ne pas être influencé par les idées venues d'ailleurs pour nous diviser, et on sera bien encore longtemps.

 

Mercredi 17 avril

 

Voilà un mois écoulé depuis le dernier édito dont l'introduction a suscité quelques émotions chez certains lecteurs qui m'ont fait part de leur inquiétude en prenant des nouvelles de ma santé : ils ont été rassurés, j'ai surmonté la période bronchitique avec succès. Pour autant, ces dernières semaines n'ont pas été reposantes : diverses tâches professionnelles et pas mal de manifestations à couvrir au pays de Giat m'ont bien occupé. Me voilà plus tranquille actuellement, avec du temps disponible faute de fréquentation dans une agence postale locale où j'effectue un remplacement. C'est donc depuis ce bureau que je m'épanche sur l'actualité du pays de Giat et du monde. 


Localement, il n'y a rien de bouleversifiant. Les municipalités et autres organismes ou collectivités ont bouclé leurs budgets avec des contraintes complexes du fait de l'inflation, des taux d'emprunt, des baisses de dotation, et tant d'autres futilités administratives qui font la France et compliquent la vie du pays. En Creuse, la communauté de communes de Marche et Combraille en Aquitaine (Auzances-Bellegarde-Crocq) n'arrive toujours pas à créer son unité, et ses élus n'ont pas réussi à voter le budget : leur territoire prend du retard et perd des moyens.  Dans notre communauté, il faut bien reconnaître que la gestion, certes imparfaite, n'est pas si mal faite, même si les investissements pourraient être un peu mieux orientés dans une dynamique territoriale plutôt qu'en poursuivant un saupoudrage de réalisations locales. L'ouverture de l'espace de travail partagé à Giat semble être une réalisation répondant à une demande, notamment de jeunes et nouveaux habitants du secteur, professionnels engagés à haut niveau dont le télé-travail est une nécessité pour résider à la campagne. C'est une voie de développement intéressante, importante et nécessaire. 


Nous sommes à 100 jours des jeux olympiques de Paris, à six semaines des élections au parlement européen : deux évènements qui semblent ne pas avoir beaucoup d'engouement en dehors des médias et du monde politique. Les citoyens ne s'impliquent plus dans la vie collective, par dégoût peut-être, par individualisme exacerbé certainement. Il est vrai qu'ils n'ont pas d'exemple montré en haut lieu où les candidats aux plus hautes fonctions ne s'intéressent qu'au pouvoir proprement dit et guère à la vie du français moyen ou pas. Ils parlent en son nom mais ne le connaissent pas autrement que sous forme statistique : une valeur électorale ou économique. Le libéralisme qui est en place depuis les années 1980 a réduit l'humanité à une variable financière, faisant peu de cas des êtres humains. On le voit avec la rémunération du PDG de Stellantis (Peugeot) validée à plus de 36 millions d'euros : selon les critères libéraux, elle est justifiée par le succès économique de la gestion du patron, au prix de la réduction des acquis sociaux, d'une gestion salariale rigoureuse, de marges remarquables payées par les consommateurs. Certes, il y avait une situation périlleuse en prenant la direction d'une société au bord de la faillite mais le redressement phénoménal enregistré vaut-il une prime exorbitante ?  Quelle valeur donner au travail manuel car sans lui le résultat financier, pas plus que la firme n'existerait pas ? Le PDG a arbitré des décisions qui se sont avérées positives, il a pris des responsabilités et c'est logique, juste qu'il soit récompensé. Mais un tel niveau de reconnaissance ne peut être compris par ceux qui le construisent et qui n'y sont pas associés pleinement, même s'il faut admettre que des primes conséquentes ont été versées aux salariés du groupe, certainement pas avec l'équité souhaitable. La société dans laquelle on vit est ainsi faite, ce ne sont pas ceux qui nourrissent, éduquent, soignent, sauvent les gens qui sont les mieux vus, ces engagés de la première ligne qui agissent dans l'ombre pour si peu. Il faut faire du fric, à n'importe quel prix, pour être en vu. 


Le gouvernement de la France est à la peine : il doit justement trouver du pognon parce que le pays dépense plus qu'il ne gagne. Le ministre de l'économie, en place depuis sept ans, n'a pas les mêmes résultats que le patron de Stellantis, il n'aura pas de prime exorbitante. Il tente d'expliquer la situation dans un livre qu'il a écrit entre deux réunions, comme pour se donner une importance d'homme de la situation ayant la solution pour redresser des comptes dont il a contribuer à la dégradation : le contexte n'explique pas tout, pas plus que les crises. Alors, il explique devoir réduire la dépense car il ne peux augmenter la recette. Ce n'est pas faux, mais sa méthode interpelle car il propose un plan de petites économies qui mises bout à bout devraient faire des dizaines de milliards en moins dans le déficit du pays. Des petites économies puisées dans les poches de ceux qui n'ont pas le plus : moins rembourser la santé, taxer un peu plus ici et là en toute discrétion sur les charges contraintes des ménages. Par exemple, en doublant la taxe sur les activités polluantes, l'Etat oblige les organismes de collecte des ordures ménagères à augmenter les redevances des usagers, ces derniers incriminent des élus locaux qui sont à porter de baffes pour des prélèvements déguisés de l'Etat. Comme ce ministre a été biberonné au libéralisme, il ne peut pas toucher aux soi-disant créateurs de richesses  que sont les grosses entreprises, les banques et les actionnaires des multinationales,  parce que cela serait contre-productif. Il a un peu raison, mais est-ce plus productif que d'augmenter la misère et la pauvreté pour le pays. 


A l'aune des élections européennes, le Rassemblement national a le vent en poupe : il a réussi à faire de cette élection un enjeu franco-français dans le pays, alors que le résultat n'impactera pas directement et rapidement la vie quotidienne des français. Beaucoup de nos concitoyens voudraient retrouver la grandeur de la France, ce pays que certains disent ne pas reconnaître comme celui que leurs grands-parents ont connu. Le monde change, la France change. Les parents de ces mêmes grands-parents disaient déjà la même chose quand les yé-yés sont apparus, quand Mai 68 a bouleversé la société. Un programme nostalgique d'une époque perdue et qui ne reviendra pas. Aujourd'hui, un rapport démontre que l'Europe a perdu beaucoup en trente ans de politique libérale et mondialiste, qui se voulait vertueuse : le commerce avec les pays tiers sans contraintes a plus enrichi la Chine et les Etats-Unis que le vieux continent dont les dirigeants croyaient à la loyauté de leurs partenaires. Le consommateur européen a bénéficié longtemps de produits bon marché venus d'ailleurs pendant qu'il condamnait les productions locales : au final, l'américain et le chinois ont vu leur pouvoir d'achat croître plus fortement que celui de l'européen qui a pu acheter plus en payant moins, sans gagner guère plus. Faute d'intégration des nations dans une seule entité qui serait mieux armée pour se défendre, pour produire ce qu'elle a besoin, pour ne pas dépendre des autres puissances. Un pays comme la France est trop petit face aux géants qui font face, la grandeur du pays ne se mesure pas à ce qu'il a été mais à ce qu'il va devenir. Vaut-il mieux être un citoyen d'un petit pays intégré dans une communauté continentale ou habité dans un "grand" pays qui sera de plus en plus petit sur la scène mondiale ? Cela est un des enjeux de l'élection du 9 juin. Ceux qui veulent la grandeur du pays lorgnent davantage sur les émoluments des députés européens pour leur service personnel et partisan que sur la volonté de garantir un avenir commun pour vivre ensemble en paix. 


Maintenant, vous avez de la matière à réflexion pour quelques jours, mais n'oubliez pas de prendre du bon temps.  

 

Lundi 18 mars

 

A la calée depuis trois jours à cause d'un méchant microbe, je suis en mode ralenti dans mes activités médiatiques, ayant du annuler des invitations sympathiques et des sorties sur le terrain pour des compte-rendu que je ne pourraient faire. Ce matin est donc calme pour un lundi, alors, malgré la fièvre qui me tanne, je me mets à l'ouvrage ou plutôt à la rédaction d'un nouvel éditorial, attendu par des lecteurs qui apprécient peut-être plus le style que l'analyse, mais le but n'est pas d'influencer, c'est de faire réfléchir. 


Depuis presqu'un mois, le monde, comme le pays de Giat, n'a pas beaucoup changé : il y a bien quelques évènements qui font l'actualité mais qui n'ont rien de "bouleversifiants" comme dirait l'autre.  Tous les jours, la une des médias fait la part belle à telle ou telle information, chassant celle de la veille dont on aurait pu croire qu'elle allait changer notre vie. C'est qu'à force de nous abreuver de scoops qui n'en sont pas, de mettre l'accent sur des détails, on banalise l'information au point de la rendre invisible. Un simple fait divers devient une affaire d'Etat, une affaire d'Etat un simple fait divers. La hiérarchie des nouvelles dépend de leur niveau de présence sur les réseaux sociaux, plus que de leurs raisons d'être. 


Ainsi, une petite phrase sortie d'une interview est mise en exergue pour affoler les rédactions, mettant en branle la machine à vociférations des contradicteurs qui ne sont là que pour occuper l'espace médiatique et afficher leur orgueil malfaisant, créant le buzz (rumeur propagée instantanément et relayée exponentiellement sur Internet et les réseaux sociaux, sans vérification) avec l'appui d'influenceurs qui travaillent dans l'intérêt de puissances qui veulent déstabiliser une entreprise, un pays, une personne.  La façon de dire que la France pourrait envoyer des troupes en Ukraine a mis Emmanuel Macron dans un sacré embarras : cela a créer un vent de panique qui n'avait pas lieu d'être. Mais la course à l'audience grâce à l'affolement des populations, là aussi bien instrumentalisée par ceux qui rêvent de pouvoir, bien orientée en sous-main par ceux qui n'attendent que le foutoir pour prendre les rênes, est plus forte que la raison. Et c'est tout le temps comme ça. Dire une vérité n'est pas toujours bon pour sa cause, mais ne pas la dire ? 


Souvent, ces derniers temps, des chroniqueurs, des journalistes, des diplomates, des personnalités font le parallèle entre la situation en Ukraine et celle de 1938 quand les accords de paix de Munich donnaient blanc-seing à Hitler pour annexer des territoires germanophones d'Europe centrale, pour qu'il n'aille pas plus loin. On connait la suite. Les choses peuvent se ressembler, mais elles ne sont pas pareilles. Comparer ces deux temps historiques est une facilité qui ne répond pas aux questions du moment : comment sauver la paix en Europe sans se mettre à genou devant Poutine ? 


Le dictateur russe a été réélu triomphalement président avec 88 % des suffrages, un score qui l'oblige à progresser dans sa mission de restituer la grandeur de la Russie, telle qu'il l'imagine et non telle que l'histoire l'a faite. Certains parlent de négocier l'arrêt de la guerre en Ukraine, mais du point de vue de Poutine, il n'y a qu'une opération spéciale, et que la seule négociation valable est l'anéantissement de l'Ukraine. Les pacifistes sont sensibles à leur propre sort, un peu moins à ceux des ukrainiens et des russes soumis, sûrs qu'ils échapperaient à une extension de conflit si on laissait tomber l'Ukraine. Rien n'est moins sûr, pas plus que les nationalismes mis en évidence dans la campagne électorale du parlement européen vont redonner leur grandeur soi-disant perdue aux pays qui composent l'union européenne. 


Les élections européennes sont une opération nationale pour les partis politiques en général, et plus particulièrement  les partis populistes et nationalistes. En France, le Rassemblement national et la France insoumise en font un enjeu exclusif de lutte contre la politique d'Emmanuel Macron sur le plan intérieur : ils sont contre l'Europe et l'élection d'élus de leurs partis au parlement de Strasbourg n'a que d'intérêt partisan. Ces partis se servent de l'institution pour la détruire de l'intérieur car ils sont contre l'union européenne qui serait une des causes majeures de tous nos problèmes, mais ils ne détestent pas les émoluments versés aux députés et toutes autres subsides qui facilitent la vie. Comme Poutine, ils aiment croire que la caisse commune est à usage personnel. La notion d'intérêt général de ces gens-là est souvent limitée à celle de leurs partisans. 


Comme la notion de liberté d'expression : ils savent la brandir pour affirmer leurs idées mais ne la supportent pas quand elle va à leur encontre. J'aime à dire que cette liberté est de permettre aux autres de dire ce qu'on n'aimerait pas entendre,  il y a un principe de tolérance et de respect à prendre en compte. 


L'union européenne n'est pas parfaite car elle est en construction, et ses fondateurs n'ont pas toujours eu des successeurs aussi bon qu'eux dans les fondations. Il a été privilégié l'économie et la finance, on a laissé de côté le social, la santé, la défense : autant de points qui affaiblissent le vieux continent aujourd'hui et redresser la barre ne va pas être aisé avec des peuples qui n'ont pas été associés à la construction, qu'on a pas suffisamment intégrés à celle-ci, d'où les relents nationalistes portés par des gens qui parlent au nom des peuples mais qui ne les servent pas car seule la nation a de valeur à leurs yeux. Histoire de nuance : les dictateurs agissent pour leur pays, au nom d'un peuple qu'ils n'hésitent pas à sacrifier pour leur grandeur et accessoirement leur confort. Nonobstant cela, l'Europe depuis plus de 50 ans a montré que l'Union était un facteur de développement, de paix, de démocratie. N'est-ce-pas ce qu'il faut en retenir plutôt que de lui reprocher nos insuffisances à gérer notre pays, qui ne changeront pas après le 9 juin, quoiqu'on en dise ? 

 

Vendredi 23 février 


L'actualité commande d'écrire un nouvel éditorial : le deuxième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe en Ukraine en est la principale raison, mais la colère des agriculteurs, les hommages 
nationaux de la République, sont aussi importants pour de la matière à réflexion du moment. 


La guerre en Ukraine n'est pas une source d'inquiétude majeure pour le français moyen, et la petite musique qui se joue en cette période, orchestrée par les manipulateurs de tout bord qui rêvent plus de pouvoir que d'améliorer la vie du peuple comme ils se vantent, tend à mettre dans les têtes que ce conflit n'est pas notre affaire, que les milliards dépensés pour aider l'Ukraine seraient mieux affectés à la lutte contre l'immigration qui gangrènerait notre société. J'écoute d'ici les grognements de ceux qui sont convaincus par les thèses populistes bien développées et relayées par les réseaux sociaux et médias soi-disant libres, mais en réalité bien verrouillés, et sous influence de puissances étrangères dirigées par des autocrates, des dictateurs. Le pluralisme défendu par ses organismes de communication est limité à une pensée unique qui n'a d'autres buts que la domination des esprits et la soumission des citoyens.  Que ceux qui me lisent aient bien conscience que je peux encore l'écrire, même si cela heurte quelques esprits endoctrinés. 


Oui, je suis persuadé qu'il faille aider l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie, ou plutôt contre les dirigeants de ce grand pays, des mafieux plein d'orgueil, puissants parce qu'ils ont pillés les richesses du pays, qu'ils participent au pillage d'autres pays, qu'ils n'ont que deux arguments : la force et la terreur. La mort de leur opposant, Alexeï Navalny dans les geôles de Sibérie, signe leur impuissance à faire taire la liberté. Cela ne fait qu'augmenter leur degré de violence envers leur propre peuple, qui résiste silencieusement, soumis pour ne pas mourir.  Sous leurs masques de démocrates bienveillants envers les petites gens, les candidats des partis, dits populaires, populistes, extrémistes,  aux pouvoirs de l'Occident, ne sont que des candidats contre les libertés individuelles, dans leur seul intérêt de bande, de gang,  de mainmise sur les richesses des pays. 


Les élections européennes vont certainement renforcer les proportions de ces partis au parlement européen. Ils se serviront de leur pouvoir de nuisance pour empêcher la construction de l'Europe, persuadés que la Nation soit la seule entité pour garantir un mode de vie, une sécurité, une "civilisation" pour les habitants de chaque pays. Cela pouvait s'entendre, se comprendre à une autre époque, bien révolue, quand il y avait les moyens d'être indépendants. Mais en 2024, ce discours est impossible dans une Europe qui dépend tant de l'extérieur. Rester entre soi ne résoudra pas les problèmes. Regardons la Grande-Bretagne depuis le Brexit : le pays s'enfonce dans la crise, prêt à revenir dans l'Europe sans qui il n'existe presque plus, et bien que ce soit une île, et malgré des mesures fortes,  il n'arrive pas à juguler l'immigration. En Italie, l'extrême droite est au pouvoir : quels résultats ! A part appeler à l'aide l'Europe, on ne peut pas dire que les solutions nationales aient du succès.  Pendant ce temps, Poutine applaudi, préparant son pays à dominer une Europe affaiblie, parce que construite sur l'idée de paix sans penser  que pour l'avoir, il faut préparer la guerre.  D'autant plus que le parapluie américain est de moins en moins protecteur. 


Oui, l'Europe n'est pas parfaite parce qu'au fil du temps et des gouvernements libéraux du continent, on s'est contenté de faire l'Europe des marchands, préférant la liberté de commerce et de finance à la souveraineté et à la sécurité de la communauté. Les institutions européennes ont engagé la protection des citoyens dans ses directives, ses normes qui leur sont reprochées actuellement. Ce ne sont pas tant ces contraintes qui sont le problème, mais plutôt l'absence de contraintes pour les importateurs à qui on a facilité l'entrée sur le continent, au nom du libre échange, de la mondialisation vertueuse qui n'existe pas. La paix, comme la liberté, ont des coûts qu'il faut assumer. Il serait donc  temps de remettre de l'huile dans les rouages de la construction européenne, de faire des actions sociales, fiscales, culturelles qui parlent aux citoyens, qui les rassemblent. La crise sanitaire de 2020, la guerre en Ukraine ont fait avancer des programmes européens en matière de santé, de défense, mais on est encore loin de programmes solides et communs. 


Dernièrement, le Président de la République a officié dans des cérémonies d'hommage à des personnes convaincues de l'intérêt général : il y a eu l'hommage national rendu à Robert Badinter, puis l'entrée au Panthéon des époux Manouchian, symboles de la Résistance à l'oppression, des étrangers attirés par les valeurs de la République française si remises en cause ces jours-ci par les mêmes évoqués plus haut. Nous avons là des exemples de conviction, comparables à celle de Navalny. Nous voyons des manières de combattre pour faire triompher le bien, jusqu'au sacrifice suprême. Ceux qui dirigent le mal ne prennent pas de risques, ils sont enfermés dans leurs tours de défense, entourés de petits chefs en mal de reconnaissance qui savent envoyer tant de gens à la mort pour leur unique soif de pouvoir qu'ils n'ont réellement  pas au regard de l'Histoire et de la conscience de l'humanité. Ce sont de petits esprits, couards, mais dangereux parce qu'on les laisse faire un temps, et après c'est trop tard. Pourtant, l'Histoire est pleine d'exemples qu'on ne retient pas. 


Revenons plus près du sol : les agriculteurs ne sont toujours pas satisfaits des réponses des gouvernements dans les pays où ils manifestent, tant les revendications peuvent être contradictoires. Les partis nationalistes se frottent les mains pour accuser l'Europe de tous les maux qui pénalisent les exploitants agricoles.  Dans la diversité des productions et de leur manière d'être mises en œuvre, il est impossible de résoudre le problème à coup de prime, de subvention. Il va falloir innover pour garantir des revenus aux producteurs qui ne s'en sortent pas sans trop en donner à ceux qui s'en sortent bien, parce qu'il y a des cultivateurs qui n'ont pas trop de souci, il faut le dire. Ce n'est pas le cas des petits éleveurs de nos campagnes. Mais tant qu'on fera croire au consommateur que le coût de l'alimentation de doit pas beaucoup peser dans le budget des ménages, et que la priorité doit être donnée aux loisirs, aux connexions, aux déplacements, il y aura des problèmes. Il est temps de remettre l'église au milieu du village, d'arrêter de raisonner uniquement dans l'intérêt des financiers, car tout n'est qu'une question de moyens et de volontés, pas d'argent.


Réfléchissons librement, diversifions nos sources d'informations, limitons l'usage des réseaux sociaux contaminés. 

 

Samedi 10 février 


La une de l'actualité met en bonne place la disparition de Robert Badinter, homme juste comme le titre La Montagne. Le président de la République a annoncé lui rendre un hommage national. C'est dire que Robert Badinter aura marqué l'histoire du pays : il fait partie de ces grands personnages qui marquent l'évolution de la société, par ses convictions profondes et ses combats acharnés pour la faire progresser . Son humanité, son humanisme, sa soif de justice met en parallèle sa propre histoire de vie qui a été marquée par la shoah au milieu du siècle dernier, par la disparition dans les camps de la mort nazis de son père et d'une partie de sa famille. Il aurait pu avoir la haine chevillée au corps, il aura toujours combattu ce sentiment pour que la justice soit digne.  Robert Badinter aura été un ministre de la justice  éternel, comme Simone Veil à la santé, Jack Lang ou André Malraux à la culture : ils sont peu nombreux à marquer leur temps, à laisser leur nom dans l'histoire parce qu'ils ont été au-delà des limites qui freinent le progrès de l'humanité, loin des petites querelles de chapelle et de la médiocrité des dirigeants actuels, plus attachés à leurs égos démesurés qu'à l'intérêt général des citoyens. Il n'y a pas beaucoup de grands personnages dans l'histoire, une dizaine par siècle dans chaque pays, mais pour l'instant, ceux qui marquent le début du  21ème siècle ne sont pas prêts d'être à la hauteur de Robert Badinter. 


Autre actualité qui marquait les esprits il y a encore quelques jours, le malaise agricole. Le gouvernement, et son nouveau premier ministre, a fait des annonces suffisantes pour calmer les esprits et renvoyer les manifestants dans leurs fermes, libérer les autoroutes une fois pneus et bâches plastiques brûlées, une façon peu écologique de se débarrasser à bon compte de déchets encombrants...et tant pis pour les dégradations dont l'usager ou le contribuable paieront les réparations. Il faut bien dire que les gouvernants attendent trop avant de répondre aux revendications, comme si faire durer les conflits étaient une solution pour faire croire qu'il fallait des contraintes fortes pour prendre en compte des sujets qui sont sur la table depuis bien longtemps. Un peu plus d'écoute et de considération en amont, un peu moins de certitudes et de dogmatismes seraient plus utiles que de rester droit dans ses bottes et d'être arc-boutés sur des systèmes qui ne marchent plus. 


Jeudi soir, un documentaire en fin de soirée diffusé à la télévision montrait le combat d'un élu rural sur le suivi des cahiers de doléances écrits par les citoyens pendant la crise des gilets jaunes. ces cahiers sont stockés dans les archives départementales et nationales, numérisées à 90 %, mais ne sont pas accessibles au public. L'organisme qui devait les traiter a été supprimé, et pourtant, d'après les rares chercheurs et cet élu qui se sont penchés sur le sujet, il y avait là matière à comprendre la société, à trouver des pistes  pour des solutions d'avenir. Aucun parti politique n'a daigné s'intéresser aux écrits des citoyens qui ont participé à la rédaction de ses cahiers, dont moi. La frustration est grande, les représentants de la politique ont encore perdu une occasion de donner du sens à leurs engagements, laissant croire qu'ils ne s'intéressent pas à autre chose que leur carrière, leur fonction et les intérêts de leurs soutiens.  N'est pas Robert Badinter qui veut !


Le gouvernement Attal est enfin au complet, il a fallu racler les fonds de tiroir pour trouver des volontaires et rattraper des anciens plus expérimentés pour limiter les bourdes des boulets trop bien placés, et qu'on garde quand même : c'est le signe d'une étroitesse d'esprit et d'un orgueil exacerbé qui empêche la bonne marche du pays. Il faut dire que les oppositions ne sont pas en reste, incapables de proposer d'autres solutions que celles qui mettront le pays à feu et à sang, surtout pas d'idée de consensus et de rassemblement autre que celui avec ceux qui pensent la même chose. Vive la tolérance et le respect, mais entre nous !
Avec ça, et sans personne au-dessus de la mêlée,  on est tranquille pour quelques temps. Ça ne fera qu'amplifier les problèmes, mais tant que ça tiendra...Après nous, le déluge !


Et bien, nous aussi, on ne va pas s'engager et on va tenter de vivre au mieux de nos certitudes, avec nos amis, nos familles,  les gens du pays de Giat. Égoïstement, puisque c'est la tendance. N'est-ce pas mieux ainsi ? Dormez, braves gens, les rôdeurs ne sont pas encore là.  Et Poutine se rapproche..il est attendu car pour certains, seule l'autoritarisme est valable, pour les autres bien sûr. Il faut savoir être libre, et ne pas suivre des pseudo bergers qui, sous couvert d'idées simples, peuvent nous entraîner dans les abîmes pour nous enchaîner, comme en Russie, en Corée du Nord ou en Chine par exemple... Un homme fort ne fait pas un pays fort, la soumission d'un peuple ne fait pas un pouvoir, la vocifération et la violence ne font pas la paix. Trop d'entre nous ne se rendent pas compte de leur liberté, de leur richesse, de leur confort qu'ils croient acquis : il n'y a rien de plus fragile que la liberté, la garantie de manger sain, de dormir au chaud, de ne pas avoir peur du lendemain. C'est le seul combat qui vaille, mais ce n'est pas en s'enfermant chez soi qu'il va se gagner, ce n'est pas en construisant des murs, en cherchant des bouc-émissaires pour se trouver des excuses à nos propres faiblesses,  des arguments à nos impuissances, qu'on résoudra nos problèmes.  

 

Comme Robert Badinter, on peut faire avancer la société sans haine, sans violence, mais les uns avec les autres, pour aller ensemble dans le même sens. 

 

Jeudi 25 janvier

 

Ah ! le monde paysan est en colère, et ça se voit. Depuis quelques jours, les manifestations des agriculteurs jusque là limitées au sud-ouest se sont élargies à une grande partie du pays.  Et comme d'habitude, les dirigeants découvrent le mal-être d'une profession dont il est fait écho régulièrement depuis des lustres. Sans que rien ne change vraiment. Mais dans ce pays où il faut casser pour se faire entendre  ( il paraît que cela a toujours été ainsi depuis 1 000 ans), il est étonnant de voir un gouvernement, ou ce qui ressemble à un gouvernement, dire son soutien à un mouvement contestataire, voire même à le protéger, et remettre en cause les décisions qu'il a pu prendre, ou celles prises au niveau européen qu'il a favorisées. Les paysans qui avaient alerté l'opinion qu'on marchait sur la tête en retournant les panneaux de bourg ne peuvent pas mieux dire. 


Les revendications restent les mêmes depuis longtemps : des prix de vente réels plutôt que des aides pour des revenus du travail décents, une acceptation de contraintes environnementales cohérentes et plus souples, une simplification et un allègement des démarches administratives obligatoires. L'agriculteur, l'éleveur veut, souhaite même, produire sain et propre : il ne veut pas être pris pour un pollueur, un criminel parce que des radicaux hors sol préfèrent s'attaquer à eux, sans essayer de comprendre le monde paysan, jouant le jeu de ceux qui profitent de la misère des producteurs en laissant croire aux consommateurs que l'alimentation ne peut, ne doit pas être chère. Le patron de Leclerc a beau expliqué qu'il se bat pour le pouvoir d'achat de ses clients, qu'il se bat aux côtés des producteurs pour faire plier des industriels auxquels il fait porter la responsabilité de l'inflation, il n'empêche qu'il se sert bien au passage en s'offrant de la publicité à moindre coût. On appelle cela de l'hypocrisie. 


Depuis quarante ans, le libéralisme s'est développé en Europe et dans le monde avec pour credo la globalisation et la fameuse théorie du ruissellement issue du développement économique favorisé par des échanges commerciaux sans contrainte qui devait permettre le progrès social à tous les étages.  Alors que les grosses fortunes ne cessent de profiter, la précarité et la pauvreté ne se sont jamais aussi bien portées. Les nuages restent bien accrochées aux sommets. Il n'est pas nécessaire d'avoir fait de grandes études pour comprendre que le libéralisme exacerbé qu'on nous vante depuis les années 1980 ne marche plus. Basé sur l'exploitation de ressources naturelles et énergétiques à bas coût, pillées aux pays pauvres, sur la production de marchandises dans des pays à la main d'œuvre asservie, sur des transports qui ne pèsent rien dans le prix des produits, le système économique a produit d'immenses richesses dont les pays occidentaux ont bien profité parce qu'ils en étaient les financeurs. Et il est la cause de tous les malheurs du moment : réchauffement climatique, guerres, crises sociales, politiques....Mais on est au bout de la chose, il faut repenser à un autre modèle, plus vertueux, plus protecteur de la planète, plus humain. La colère paysanne n'est qu'une expression de la nécessité de changement. 


Seulement, les acteurs du système n'ont pas encore changé de logiciels, ne sont pas prêts à faire la révolution, enfermés dans leurs certitudes libérales qui placent la finance au centre du monde alors qu'il faut remettre l'homme au cœur du développement.  La colère paysanne a entraîné l'ouverture d'un dialogue entre le gouvernement, le président de la République et les représentants syndicaux. La FNSEA est l'interlocuteur privilégié de l’État depuis toujours, le syndicat dit majoritaire co-gère la politique agricole du pays depuis bien longtemps et ses dirigeants ont la culture libérale bien installée, loin de défendre l'agriculture familiale dont rêvent les français, plus prosaïque à promouvoir les grandes exploitations spécialisées intégrées dans le monde agro-industriel. Se souvient-on d'un ancien président de la FNSEA, Xavier Beulin,  qui était aussi PDG d'un grand groupe agro-alimentaire, le groupe Avril (Lesieur, Puget...) ? Et on ne sera pas surpris que celui qui est aux manettes actuellement, Arnaud Rousseau, est aussi céréalier et PDG du même groupe : peut-il être le porte-parole des petits exploitants de nos régions, ceux qui sont vraiment dans les difficultés ? 


Le premier ministre a reçu les doléances de la FNSEA, il va sans doute annoncer des mesures dont le maintien de la détaxation du fuel agricole qui devait disparaître, et quelques assouplissements administratifs qui n'arriveront probablement pas. Ce qui était acceptable avant ne le sera peut-être pas cette fois-ci. Il en faudra plus, et ce serait normal, pour arrêter la crise. Mais les marges de manœuvre sont plus que réduites quand les caisses sont vides, puisqu'au niveau de l’État, on ne sait pas gérer autrement les problèmes qu'avec des chèques. Alors qu'il y aurait certainement des solutions, pragmatiques et de bon sens, sans coût supplémentaire, dont l'application stricte de la loi Egalim par exemple, et la mise en place de contraintes fortes pour ne pas payer les produits agricoles en dessous de leur prix de production, l'alimentaire ne  dois pas être considéré comme une ressource naturelle soumise aux lois du marché. Je l'avais déjà écrit : le producteur agricole est le seul qui ne fixe pas ses prix de vente et qui est soumis au bon vouloir des acheteurs. 


Non, la crise agricole n'est pas finie. J'ai toujours dit qu'agriculteur était un métier d'avenir, et j'en reste persuadé. Mais si nos dirigeants n'en prennent garde, la souveraineté alimentaire ne sera plus garantie et les émeutes de la faim ont toujours été à l'origine des révolutions réussies. Qu'ils s'en souviennent !


Sinon, la douceur revenue après une période hivernale est appréciable, ce qui me permet de conclure : on est bien chez nous. 

 

Mercredi 17 janvier 


La moitié du premier mois de l'année est passée sans prendre le temps d'écrire un éditorial, trop occupé par des assemblées générales, des cérémonies de vœux et la rédaction des compte-rendu, avec en bonus un peu de remplacement d'agent communal. Je profite de l'actualité du moment pour me remettre au clavier et coucher sur l'écran des impressions et réflexions qui n'engagent personne d'autre que moi. La liberté d'expression est un droit cher à mon cœur,  qui exige par ailleurs le respect, sans approbation induite, de ce que d'autres peuvent dire. Sans oublier que toute vérité n'est pas bonne à dire, et que tout ce qui est dit n'est pas parole d'évangile. En se forçant un peu, on se forge une pensée personnelle qui ne doit pas être la soumission à ceux qui crient le plus fort.

 
L'actualité du moment, c'est ce "grand rendez-vous" qu'avait donné le président de la République à la télévision ce mardi soir, entre discours et conférence de presse, plus de deux heures de parole pour expliquer sa vision politique du temps présent et de l'avenir. J'avoue ne pas avoir suivi le show, préférant Indiana Jones à la recherche du cadran de la destinée : en parallèle avec Emmanuel Macron qui semble avoir perdu un peu l'orientation de ses promesses initiales. J'ai écouté les commentaires des experts et des personnalités politiques : j'ai l'impression de ne pas avoir loupé grand chose. Le Président reste campé sur ses positions, fait des annonces et communique, fixe un cap que seul lui voit, pourfend mollement les extrêmes, cherche un soutien impossible. Je n'ai pas le sentiment qu'il comprenne la société, il reste décidément arc-bouté sur ses croyances libérales, empêché de bouger pour innover, et faire avancer dans le même sens tous les français. 


Le ministre de l'économie, et du reste, est lui aussi droit dans ses bottes : seule la réduction des dépenses  et des avantages sociaux permettront l'équilibre budgétaire, jamais il n'est question d'augmenter les recettes par l'impôt direct des plus fortunés, mais sur les taxes que tout le monde paie, on y va à fond. La réduction promise de baisse des impôts pour les classes moyennes ne se verra pas dans le pouvoir d'achat des ménages concernés, mais  nul doute que les moins riches risquent de rester encore plus pauvre. Le doublement de la franchise des médicaments, sensé réduire la consommation, n'aura qu'un effet : améliorer les comptes de la sécurité sociale pendant que certaines professions médicales continueront de multiplier des actes, des analyses, des protocoles pas toujours nécessaires mais bien pratiques pour leur niveau de vie.


Il y aura bien eu de bonnes choses dans le discours présidentiel, mais rien de transcendant, rien qui fera revenir les français vers la politique. Pas mieux dans les oppositions ou dans la majorité, on voudrait ne pas intéresser les citoyens à la vie publique qu'on ne s'y prendrait pas autrement, et ceux qui s'y intéressent un peu plus penchent pour ceux qui leur offre les idées qu'ils veulent entendre, simples et faciles à dire, mais dangereuses à appliquer. La hausse de l'émigration et la baisse de la natalité ne se voient pas de la même façon selon les idéologies et pourtant le principe des vases communicants est une des explications de la hausse de la population du pays, avec celle du vieillissement. 


L'avenir de l'Europe a été évoqué, les élections de juin sont un enjeu crucial mais comme les partis politiques vont ramener l'enjeu à des problématiques nationales, les électeurs voteront pour ou contre Macron. Ce qui serait une erreur : le quotidien de chacun d'entre nous dépend plus des décisions européennes que des actions nationales, et ceux qui croient favoriser la nation en se désolidarisant de l'Europe se trompent lourdement car le monde est globalisé depuis des lustres : la France est un tout petit pays, certainement pas la super puissance qu'elle a été il y a plus de cent ans, et le pays sans l'Europe sera soumis aux aléas des crises mondiales crées par les vraies grandes puissances, les rivalités économiques (Chine - Etats-Unis),  territoriales (Russie - Ukraine / Chine - Taïwan), religieuses (Moyen-Orient : Israël - monde arabe / Chiites - sunnites / ottomans - kurdes), ou la folie des dictateurs ou radicaux (Corée du Nord, Amérique du Sud, Trump, Poutine...), sans oublier les problèmes climatiques, environnementaux et naturels qui ajoutent de la tension à la tension. 


Il n'est plus jamais que temps d'aller tous dans le même sens, avec plus d'humanité et moins d'orgueil. Mais l'homme n'est jamais plus humain qu'au bord du précipice, alors tant pis. 
On va s'adapter du mieux qu'on peut, et tant qu'on aura la santé, un toit et de quoi manger, rien ne sera perdu. Restons modestes, c'est une garantie pour l'avenir. 

 

 

Dimanche 1 janvier 

 

"Alors, l'année sera belle, même si elle sera difficile car on ne maîtrise pas tout, mais de rien on peut faire beaucoup, et les petits plaisirs additionnés donnent le sentiment du vrai bonheur partagé avec les autres. Profitons de ce qui est bien, le reste peut s'oublier." Ainsi se terminait l'édito du 2 janvier 2023. Un an plus tard, je ne pourrais pas dire mieux pour 2024. 

 

Mardi 26 décembre


Pour ce dernier édito de l'année, je pourrais faire le bilan des douze mois écoulés de façon chronologique mais je ferais plutôt une synthèse de ce que j'ai retenu. 2023 n'aura pas été une mauvaise année de mon point de vue depuis le pays de Giat, ce qui serait différent si j'étais ailleurs. Je veux croire qu'on n'aurait pas pu être mieux qu'ici, loin des catastrophes, loin des guerres, loin de la misère, loin de beaucoup de souffrances que vit une grande partie de l'humanité. 


Je ne crois pas qu'en ces temps, l'herbe soit plus verte chez les autres, ou alors il faut bien choisir. Ce qui n'empêchera pas nombre de gens d'ici râler, se plaindre, vociférer parce qu'ils ne sont pas contents de leur sort, parce qu'ils ne savent pas mesurer leur chance de vivre ici. Certes, c'est loin d'être le paradis, un monde idéal. Avoir un toit sur la tête et les pieds au sec, pouvoir manger à sa faim, être soigné à peu près comme il faut, être libre d'aller et venir, de s'exprimer, sans danger sont des avantages que certains trouvent normaux, mais qui sont des privilèges extravagants dans beaucoup d'endroits de la planète.  J'ai bien conscience qu'il y a des personnes insatisfaites, qui se croient en danger permanent, qui ont peur des autres qui sont très loin, parce qu'elles écoutent les chaînes d'information en continu dont les nouvelles rabâchées sont anxiogènes, rarement expliquées, simplifiées au maximum pour faire le buzz, pour avoir de l'audience parce que les auditeurs aiment le malheur des autres qui les rassurent d'un côté et qui les inquiètent d'un autre. Sans jamais avoir un libre arbitre et penser sans influence. 


Cette année, au pays de Giat, la vie est redevenue à peu près normale, comme avant les crises sanitaire, économique, sociale qui ont frappé le pays, l'Europe et le monde. On a retrouvé de la vie collective, des manifestations festives joyeuses auxquelles la jeunesse locale a pris goût. Le climat a été clément, levant les inquiétudes de restrictions d'eau et de sécheresse qui auraient pu être dramatiques l'été, sans catastrophe venue du ciel par les orages ou le vent, même la pluie abondante de ces dernières semaines n'aura pas abîmé le pays comme dans le Nord, les Charentes ou les Alpes du Sud par exemple. Les évènements internationaux n'ont pas eu de conséquences directes : la guerre en Ukraine est intégrée dans l'économie mondiale, celle d'Israël contre le Hamas n'a pas encore bouleversé l'ordre des choses. 


En France, l'inflation marque le pas, les boucliers brandis par le gouvernement ont fait leur effet et amorti les conséquences qui n'ont pas été supprimées mais étalées dans le temps . Mais cela passera mieux. La loi réformant les retraites est passée, pas comme une lettre à la poste, et les différents ajustements des acquis sociaux en réduisent leurs avantages un peu plus pour une grande partie des français, heureux de payer moins d'impôts directs et qui devraient être conscients que le transfert des charges publiques d'Etat vers les collectivités territoriales, les mutuelles de santé, les services privés ne va faire qu'augmenter leurs dépenses obligatoires. Avec une bonne communication, on s'en rend moins compte.


Enfin, grand débat de société, l'immigration est présentée comme le fléau de l'époque, source de tous les problèmes, par ceux qui sont incapables de trouver des solutions pour remettre en ordre de marche le pays. Plutôt que de s'attaquer aux freins administratifs, réglementaires ou normatifs qui paralysent le développement économique, plutôt que de mettre le paquet sur l'éducation et la formation, plutôt que d'assurer des moyens pour la santé, il est plus facile de s'en prendre aux plus malheureux étrangers qui viendraient piller un pays trop généreux en prestations sociales versées trop largement. Alors une loi a été présentée, et les députés écologistes, dans leur naïve sincérité de solidarité, ont permis le rejet du projet, causant un séisme politique majeur qui fragilise le gouvernement et renforce leurs adversaires de la droite radicale : une loi a été votée. Mais quelle loi ! un texte de 92 pages, dont un quart est inconstitutionnel, et une grande partie inapplicable. Ceux qui l'ont votée sont aux anges, ils ont fait avancer leurs idées et c'est tout. Une trentième loi en 40 ans sur le sujet, et qui aboutira à rien, sauf à favoriser l'immigration clandestine, donc à augmenter la misère des plus précaires, l'insécurité, l'esclavage ou l'emploi non déclaré, parce qu'il y a besoin de main d'œuvre, et que le besoin va croître.  Oui, le pays va moins distribuer d'argent aux étrangers, mais il y aura moins de cotisants sociaux, plus de risques sanitaires faute de donner des soins, plus de besoins de forces de police pour contrôler l'immigration : où est l'économie ? Ceux qui croient qu'ils gagneront plus parce qu'il y aura moins d'immigrés se mettent le doigt dans l'œil.  D'après le patron du Medef, il va y avoir un besoin de 4 millions de travailleurs étrangers dans les prochaines années pour assurer la relève et le développement national, la faute au vieillissement de la population. 


Les frontières sont perméables, elles l'ont toujours été, même avec les murs les plus hauts, les mieux gardés. L'empire romain en est mort et combien d'autres ont été vaincus. Même la muraille de Chine n'a pas arrêté les invasions. On ne veut pas des africains et des arabes, qu'on se rassure, l'avenir est dans leurs pays où il y a de la jeunesse et il n'est pas dit qu'un jour  les jeunes européens  soient  obligés d'émigrer dans ces contrées devenues prospères. Et l'évolution climatique n'est pas rassurante pour tout le monde... Comme quoi, on a une nouvelle loi, et puis c'est tout. 


Il a fait beau à Noël comme jamais, comme un dernier clin d'œil heureux de cette belle année 2023. 
On est bien chez nous, ne le répétez pas, c'est un secret. 

 

Vendredi 8 décembre


En assistant à la plantation d'arbres fruitiers sur le territoire en compagnie des écoliers invités à parrainer un pommier, un poirier, un prunier, ou un autre producteur de fruits, pour les inciter à prendre conscience des bienfaits de la nature nourricière qu'il faut protéger, nous étions loin des commentaires du rapport PISA qui vient de paraître, faisant remarquer une baisse du niveau des petits français en mathématiques et compréhension du langage.  En parallèle, une polémique sur les propos grossiers du président du Sénat à l'encontre d'un responsable politique en pleine dérive agressive et autoritaire, tout autant vulgaire que désobligeant, montrait une baisse du niveau des représentants de la République. 


Je pourrais conclure que le niveau intellectuel du pays descend plus vite que celui des cours d'eau ces derniers jours après les pluies incessantes durant plusieurs semaines. Mais je ne le ferais pas, parce que ce serait un raccourci trop facile qui plairait à trop de gens qui pensent n'avoir aucune responsabilité dans l'état du pays pour en accuser pêle-mêle tous ceux qui les dérangent, accusant le système, les politiques, les financiers, les émigrés, les pauvres, l'Europe et tutti-quanti de leurs problèmes sans jamais se remettre en cause.  C'est bien plus aisé de réfléchir comme cela, et de suivre comme des moutons les beaux parleurs qui leur font croire qu'ils ont raison de penser ainsi. 


Quand on regarde l'histoire d'un peu près, les invectives des politiques d'aujourd'hui sont plutôt sobres par rapport aux débats dans les assemblées de la troisième république, mais cela restait à l'intérieur de l'hémicycle, débordant parfois dans quelques journaux mais bien plus tard. L'actualité n'était pas instantanée comme aujourd'hui et on ne commentait pas les choses à chaud, sans avoir pris le temps d'analyser les faits. L'époque était pourtant bien plus violente que maintenant, mais on ne le savait pas. Si une panne géante des réseaux de communication arrivait, je crois qu'on verrait qu'il n'y a pas tant de problèmes que ça dans son entourage et qu'on se morfondrait pas de ceux qui arrivent à l'autre bout du pays, et les conflits du monde auraient moins d'influence sur notre moral. 


Le niveau baisse dans les écoles : le constat n'est pas neuf, mais tout n'est pas de la faute de l’Éducation nationale et encore moins des enseignants qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, tant les moyens pourtant faramineux ne servent pas à l'efficacité du travail fourni. Il ne faudrait pas oublier que les apprentissages ne se limitent pas au temps scolaire,  des études montrent que le temps hors scolaire n'est plus utilisé aussi largement pour approfondir, poursuivre, continuer les leçons données par les instituteurs, que les temps de jeux ne sont plus aussi formateurs parce que les jeux vidéos, numériques n'incitent pas la création, au développement de l'imaginaire, mais juste à faire des choix sans comprendre forcément leur aboutissement. Les enfants ne sont pas plus bêtes qu'avant, loin de là, mais ils ne vivent plus dans le même monde. Et nous non plus. 


Je l'ai déjà écrit, les actions, les décisions, les réflexions des dirigeants actuels sont d'un autre temps, leurs modes de pensée, leurs façons de voir, d'entendre sont dépassés. Ils comprennent l'évolution du monde selon des schémas qui ne correspondent pas à ce qui se passe, cela s'explique parce que c'est très rapide, qu'il est compliqué de maîtriser une marche en avant fulgurante. Il faut inventer le futur, un futur tellement différent de ce que l'on connaît, qu'il faudra bien faire confiance aux jeunes pour le construire, notre expérience et celle des anciens n'est plus d'actualité. Nous changeons de civilisation comme de monde, la planète elle-même est bouleversée, et il serait temps de regarder loin devant, plutôt que de passer le temps l'œil dans le rétroviseur.  Parce que les solutions d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier. 


Plutôt que de récriminer la jeunesse, plutôt que de se replier sur soi pour fuir des réalités auxquelles nous n'échapperons pourtant pas, il serait temps de penser que c'est ensemble qu'il faudra s'en sortir, nous sommes tous des citoyens du monde. 

 

Mardi 28 novembre 


Hier lundi, M6 diffusait une émission évoquant 100 ans d'agriculture en France,  autour de témoignages de familles d'agriculteurs aux profils variés. J'ai regardé et je me suis un peu retrouvé dans cette histoire qui m'a rappelé l'évolution de ma propre famille, issue de petits paysans dont l'héritage n'a pas eu la suite logique d'une relève pour assurer la continuité d'un métier fondamental pour l'humanité.  


Mes aïeux ont travaillé la terre d'ici, dur labeur qui cependant suffisait à nourrir trois générations présentes dans la même maison il y a un siècle. Depuis 1992, l'exploitation familiale n'est plus : l'espoir de reprise qui reposait sur ma tête est resté vain pour ceux qui, au nom de la tradition, auraient aimé me voir à la tête d'une ferme. Mais jamais je n'y ai réellement songé, de mon plus jeune temps. Je n'ai pas été attiré par  l'élevage, je ne suis pas sûr que mes parents aient choisi de le faire mais qu'ils ont fait ce qui devait être fait à l'époque. Ils ont vécu le modernisme qui a conduit aux dérives dont les conséquences apparaissent depuis quelques temps : les problèmes de santé,  la pression des normes et la rentabilité inatteignable entre des coûts de production toujours plus élevés face à des prix de vente qui n'augmentent pas suffisamment, quand ils ne baissent pas. La mondialisation a favorisé le consommateur pour qui la part du budget de l'alimentation dans les dépenses des ménages a fondu au cours des cinquante dernières années, laissant croire que cette part essentielle devait être logiquement faible face aux dépenses de communications et de loisir, la part du logement restant la plus forte.  La société a réussi a faire croire que l'alimentation se produisait à bas coût, grâce à un système de commercialisation et de distribution qui gagne à tous les coups. 


Les images des maisons cossues, des intérieurs spacieux des logements des participants à cette émission auront pu faire penser aux citadins logés dans des petits appartements des métropoles que les paysans n'étaient peut-être pas aussi malheureux que ça. Il faut rappeler qu'avec le prix de leur appartement, ou du prix du loyer,  dans certaines villes, les urbains pourraient s'offrir d'aussi belles maisons en milieu rural. Il faut aussi remarquer que les conjoints, quand il y en avait, travaillaient parfois en extérieur,  permettant à l'agriculteur de travailler beaucoup pour un revenu de misère, les investissements nécessaires aux exploitations sont gigantesques : l'éleveur de la Nièvre en montrait l'exemple lié au problème du nombre de suicides dans la profession. 


Agriculteur un jour, agriculteur toujours n'est plus une vérité. Pourtant l'agriculture est un secteur d'avenir qui va devoir faire une nouvelle révolution pour sauver son outil de production, la terre, des risques climatiques, environnementaux pour nourrir des populations qui doivent prendre conscience que l'alimentation a un coût à prendre en compte pour se recentrer sur l'essentiel plutôt que privilégier l'inutile devenu indispensable par soumission aux dérives consuméristes des grandes sociétés jamais assez rassasiées de profits pour leurs plus gros actionnaires qui se gavent comme jamais. 


Alors que la COP 28 s'ouvre à Dubaï en même temps que la planète subit les assauts des dérèglements engendrés par l'activité humaine du siècle passé, dont les agriculteurs ont payé et paient le prix fort, notamment par la disparition d'un grand nombre de fermes,  qu'en est-il du soutien de ceux qui ont le pouvoir pour enrayer la chute ? leur manque de courage entraîne une fuite en avant mortelle et crée des brèches où s'engouffrent les extrémistes de tout poil, plus assoiffés de domination que de partage. 


Au pays de Giat, il reste encore des éleveurs qui font bien leur travail, ils veulent de la reconnaissance et moins de tracas administratifs, parce qu'ils sont des paysans d'abord, ils ne veulent plus être une variable d'ajustement dans la marge bénéficiaire de ceux qui profitent réellement du commerce alimentaire, ils ne veulent plus être les seuls à faire les efforts au point d'en mourir misérablement parfois, ils comptent sur les consommateurs pour les aider car d'un côté de la chaîne comme de l'autre, on a l'impression qu'il y a des pigeons qui se laissent trop facilement plumés, ou des moutons dociles pour se faire tondre. 


J'écoute souvent dire que "les paysans ne sont pas si malheureux que ça", je répondrai qu'il ne faut pas généraliser car s'ils étaient si bien dans leur métier, comment expliquer qu'il y en ait de moins en moins, comment croire qu'il y en ait qui arrêtent le métier. Souvent, ils souffrent en silence, faute de vie sociale forte, de manque d'écoute, de repli sur soi. Bien sûr, il y a des paysans heureux, qui s'en sortent, et heureusement,  mais ils exercent un métier plein de fragilités, et ils ont bien du courage pour le faire. 

 

Samedi 18 novembre 


Enfin ! je peux prendre le temps d'un nouvel édito. Un mois a passé depuis le précédent sans mettre en ligne mes réflexions, mes attendus sur ce monde qui avance d'une drôle de manière. Comment décliner tout cela depuis la plus grande échelle universelle jusqu'au détail de notre vie quotidienne au pays de Giat ? Ce n'est pas une mince affaire.

 
Si une mallette à outils s'est perdue dans l'espace, échappée des mains d'un astronaute de la station spatiale, n'aura aucun effet sur l'évolution de la terre, les recherches sur la procréation en apesanteur progressent "pour être prêt à aller habiter sur Mars" disent les spécialistes. Pendant ce temps, l'humanité, au travers de ses élites, continue d'abîmer la planète, par goût du profit et du pouvoir, exclusivement. La France est plutôt bon élève dans sa volonté de bien faire pour protéger l'environnement, même si c'est loin de ce qu'il faudrait faire, mais faut-il encore s'en donner les moyens. Mais l'action dans ce pays ne pèse pas lourd dans la solution mondiale du problème, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas le faire : on est bien chez nous et ce n'est pas en nous abaissant aux modèles étrangers polluants, dangereux, totalitaires qu'on améliorerait une situation pas si mauvaise que ça. Arrêtons de nous plaindre sans cesse de nos problèmes de pays riche et regardons ce qui va bien. C'est à dire ne pas rester coller aux réseaux sociaux ou aux chaînes d'info en continu. 


Les évènements climatiques de ces dernières semaines n'ont pas été traumatiques dans notre campagne, il n'y a pas eu de tensions liées au conflit israélo-palestinien, les cérémonies du 11 novembre, plutôt bien suivies, ont rappelé le nécessaire devoir de mémoire pour vivre en paix.... Cette paix est si fragile, ce dont beaucoup trop de monde ne se rend pas compte, préférant s'agacer sur des détails, sur des petits problèmes de voisinage, sur des choses qui ne les concernent pas. Mettre de l'huile sur le feu semble être à la mode,  valoriser le dialogue, les rencontres n'est pas tendance. Comment faire avancer la société dans le bon sens sans des leaders qui n'en ont pas la volonté, qui n'ont pas le sens du sacrifice pour l'intérêt général, pour le bien de tous, préférant cliver les uns contre les autres pour satisfaire des égos surdimensionnés qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs ambitions personnelles. 


La saison des banquets débute ces jours-ci. Entre les repas des anciens, les sainte-barbe des pompiers, des soirées gourmandes associatives, et même le bal des Catherinettes,  beaucoup de moments agréables seront partagés : voilà des actions qui rassemblent, des endroits où on se parle, où on fait des connaissances. Il faut parler de ce qui fait du bien, il faut participer à ces réunions, sortir de son confort isolant et s'immerger dans le monde des bons vivants. 


Ces derniers jours, j'ai rencontré des étudiants toulousains assistant à une cérémonie du 11 novembre, ne tarissant pas d'éloges sur la sociabilité locale, là où l'individu n'est pas noyé dans la masse de la métropole, là où chacun à une personnalité. J'ai rencontré un commerçant briviste à la foire du 15 novembre qui s'extasiait d'une fréquentation extraordinaire à ses yeux,  même quand je lui disais qu'elle n'était pas exceptionnelle cette année. J'ai rencontré un couple de creusois qui viennent de fêter leurs noces de platine : 70 ans de vie commune sans accrocs, une ode à la tolérance, une définition de la vie à deux respectueuse. J'ai fait connaissance de nouveaux habitants venus d'assez loin, enchantés de leur nouvelle vie dans un territoire préservé, calme et respirable. Ils ont envie de s'intégrer sans s'imposer, cela leur donne une chance d'avoir de bons rapports avec des voisins certes accueillants mais pas toujours prêts aux concessions.

On ne peut pas se plaindre de la désertification et ne pas accepter les nouveaux venus qui amènent de la diversité, des idées , de la richesse parfois, qui ouvrent des maisons restées trop longtemps fermées...


Tout n'est pas fini, et c'est tous ensemble qu'on écrira les prochains chapitres de la vie locale, car en restant chacun dans son coin, ce ne seront que des pages éparpillées qui ne feront pas le livre qu'on aimerait lire. 

 

Mercredi 18 octobre 


Le monde s'enfonce chaque jour un peu plus dans les ténèbres, et malgré tout l'optimisme qu'on voudrait dégager, on subit la violence de l'actualité qui nous percute jusque dans nos campagnes pourtant encore bien éloignées des lieux frappés. On se met à rêver d'un monde, comme jadis, quand l'information ne se vivait pas en direct, quand les histoires d'ailleurs n'arrivaient pas jusqu'à nous, quand l'Histoire ne s'apprenait que bien plus tard dans les écoles où les professeurs, autant hussards de la République fussent-ils, n'étaient pas en danger pour apporter un savoir qui libérait les jeunes consciences des obscurantismes, sources de soumissions, de privations de libertés, d'accomplissements personnels. "Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas" aurait dit Malraux :  les attaques, les guerres, les tensions de ces derniers jours semblent lui donner raison. Bien que les Dieux invoqués n'y soient pour quelque chose, bien indifférents à ce qui se passe en ce bas monde, laissant les humains s'étripaient en leur nom, pour des intérêts pourtant bien éloignés des préceptes originaux vantés dans les livres sacrés. Les religions monothéistes qui se font face en ce moment, contre leur gré, sont toutes issues de la même histoire, aux fondations situées sur ces terres en guerre aujourd'hui dont chacune revendique l'appropriation. On tue, on torture, on soumet au nom de Dieu, comme pour justifier de terribles choses sans avoir besoin d'argumenter avec de solides raisons. Grâce aux réseaux sociaux et aux opérateurs avides de gains qu'ils procurent et qu'ils laissent débridés, tout et son contraire sont dits, conditionnant des esprits peu formés, fragiles ou encore paresseux pour ne plus avoir de libre arbitre à vouloir comprendre les choses. Qu'a-t-on à gagner à suivre tel un ou tel autre, à s'imprégner d'idéologies qu'on ne comprend pas mais qui attirent par leur simplicité, leurs fausses promesses ? Le pire certainement, mais il est souvent trop tard quand on s'en aperçoit. 


De grâce,  soyons prudents dans nos paroles, tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Les bons ne sont pas tous ici, les mauvais ne sont pas tous là-bas. Les morts sont souvent innocents, les combattants défendent parfois de mauvaises causes   cachées derrière de réels évènements, obéissant à des chefs qui n'ont d'autres visions que celle de leurs intérêts, de leurs égos démesurés. Seuls les gens de paix se battent pour les peuples, les gens de guerre ne s'intéressent pas aux humains, se battant pour la grandeur d'on ne sait quoi, pour des idéologies qui ne servent qu'à celle-ci, qui n'asservissent que pour celle-ci. 


La liberté est une valeur fragile, qui demande des efforts pour l'obtenir, pour la conserver. Elle s'apprend, elle se renforce chaque jour par des actes, des réflexions, de la tolérance doublée de fermeté. La liberté d'expression n'est certainement pas un blanc seing à tout dire, à tout montrer. Elle a des limites à ne pas dépasser, cela s'appelle le respect, la bienveillance, bien éloignés de la propagande, du matraquage qui marque les esprits plus accrocs aux images fortes des écrans qu'aux lignes des textes qui les expliquent objectivement. 


Forger l'esprit, apprendre et comprendre, élaborer une conscience ne s'improvisent pas : le rôle des enseignants est primordial, l'exemplarité des parents est essentielle, les comportements dans la société sont marquants. L'enfant devient adulte de la façon dont vit son entourage et il peut s'améliorer par les connaissances à découvrir dans les livres, les arts, la culture, les échanges avec d'autres personnes. Les rencontres peuvent changer la vie, en bien souvent, en mal parfois, cela dépend de ce qui a été écrit au-dessus pour affirmer son libre arbitre, sans influence. Vaste programme, mais un homme libre travaille à sa liberté chaque instant, chaque jour et ce n'est pas de tout repos.


Ayons une pensée pour ces professeurs sacrifiés, pour ces innocents de toutes confessions, de toutes origines, victimes de la folie de leurs dirigeants, de leurs croyances, de l'obscurantisme. Ayons conscience que nous vivons dans un pays riche de sa liberté, de sa laïcité qui sont combattus par des forces du mal aux pensées venues d'ailleurs ou des profondeurs des pages sombres de l'histoire. Soyons vigilants, ne fermons pas les yeux, osons affirmer nos modes de vie, notre liberté, refusons de ne pas voir les petites choses qui se passent à côté de chez nous sans rien dire : le silence est la première phase de la soumission.

 
Les tensions sont fortes, mais nous ne les vaincrons ensemble, au grand jour. Si on reste chacun chez soi en attendant que ça passe, ça ne passera pas, et on en souffrira encore plus. 
En attendant, allons nous promener dans la campagne, loin de tout ça : il faut se garder des temps de pauses, pour se vider l'esprit, pour réfléchir aussi en pensant que le monde est beau quand on ne l'abîme pas. 

 

Mercredi 11 octobre 

 

L'été indien tire ses dernières cartouches, jamais il n'a fait aussi chaud au début octobre et nous profitons allègrement de ces belles journées ensoleillées et chaudes au point de ne pas avoir encore allumé le chauffage. Des économies appréciées en espérant qu'il n'y ait pas un contrecoup plus tard.  Il pourrait bien arriver avec des problèmes d'eau, la sécheresse sévit même si ça ne se vois pas trop en surface, mais les nappes phréatiques baissent dangereusement un peu partout. On aura aimé le beau temps, il faudrait supporter une saison des pluies pour ramener de l'équilibre. Outre ces constats climatiques, on ne se plaindra pas plus que ça et on aurait bien tort malgré de relatives difficultés pécuniaires qui peuvent toucher les gens ici et là. 


Parce que chez nous, et j'y pensais avant de m'endormir, on écoute pas le bruit des bombes, des tirs, des cris de terreurs que vivent tant de civils dans le monde. L'attaque surprise du Hamas en Israël en fin de semaine dernière n'en est que le dernier exemple, la folie des hommes ne s'arrêtera pas au nom de Dieux, de convictions pseudo-historiques, de certitudes irréelles, d'intérêts puissants bien éloignés des réalités quotidiennes de ceux qui sont en première ligne. Déjà, on aurait tendance à oublier l'Ukraine, l'Arménie, les Ouïgours, les kurdes, et pas mal d'africains : tout ça nous semble si loin, et pourtant la planète est de plus en plus petite : les conséquences nous atteignent indirectement comme des répliques de séismes. Comme les virus, la contagion n'est pas impossible et nous n'y sommes pas préparés. 


L'actualité horrible de ces derniers jours a chassé les punaises de lit qui ont occupé la une des médias pendant quelques jours, signe  d'un temps qui montre la fragilité des sociétés modernes sûres de leurs progrès, confiantes dans leurs technologies mais qui sont impuissantes face à des petites bêtes.  C'est toute la relativité de notre époque qui exaspère les grands de ce monde qui aimeraient tant maîtriser la nature et l'univers, pour satisfaire leurs égos surdimensionnés qui les rejoindront pourtant dans leurs tombes, là où cessera enfin  leur pouvoir de nuisance.


Hier soir, j'ai regarde un excellent documentaire "nous les ouvriers" retraçant la condition ouvrière depuis la fin du 19ème siècle à nos jours, de l'exploitation de l'énergie humaine aux combats pour la dignité des travailleurs, du peu de considération permanente pour ces employés de la première ligne sans qui le monde ne tournerait pas au profit de quelques-uns seulement. L'utopie de l'union des travailleurs pour un monde meilleur y était bien montrée, parce que là, comme ailleurs, l'homme reste d'abord proche de lui-même, incapable de former une force collective qui pourrait changer l'humanité : l'intelligence est rarement partagé, rassemblée. Toujours, les espoirs communs s'effacent devant le pouvoir d'un individu, charismatique certainement, égoïste sûrement, pour le bien comme pour le mal, aimantant les foules pour le suivre parfois jusqu'en enfer. L'asservissement commence subtilement et il est souvent trop tard pour s'en rendre compte, ou pour l'ignorer afin de rester en vie. Les bonnes causes ne produisent pas toujours les bons effets : les révolutions accouchent plus du pire que du meilleur, le pouvoir est une drogue dangereuse pour ceux qui le subissent. Il faut être vigilant, ne pas succomber aux sirènes des solutions faciles, aux charmes de l'autorité flatteuse, portés massivement sur les écrans par des belles images, des slogans avantageux, des propagandes assommantes. Être libre est un travail de chaque instant, qui demande de l'attention, de la réflexion, et une forme de courage aussi. 


L'histoire est un éternel recommencement dont on ne retient pas les leçons, et cela durera tant qu'il y aura des hommes. Une balade sous le soleil, en attendant une poussée de champignons qui tarde, sera un bon moment à passer, se vider la tête des pressions du monde, ressentir son corps dans la nature en ayant les pieds sur terre, lui dire merci pour le bien qu'elle nous fait, lui présenter des excuses pour ceux qui l'abîment. Il en faut peu pour être heureux : une bonne santé, un toit, un repas chaud, un bon livre...Le reste n'est que du superflu...ou presque !

 

Jeudi 21 septembre


A la veille de l'automne, il est temps de se remettre à niveau des réflexions  après plus d'un mois écoulé depuis l'écriture du précédent éditorial. Certains lecteurs s'impatientent de me lire et  me flattent pour que je me remette à l'écriture. L'époque a été un peu dense et la motivation n'était pas au plus haut tant rien ne change en ce bas monde qui n'est pas au mieux de sa forme . 


Dans notre petit coin entre Auvergne et Limousin, l'été a  été beau. Nous avons échappé aux catastrophes météorologiques, la campagne est encore verte en cette fin septembre. Alors qu'à d'autres endroits du pays et de la planète, incendies de forêts, inondations, tornades, tempêtes , tremblements de terre causent des dégâts incommensurables, souvent dans des pays moins riches, parfois très pauvres. Les derniers évènements au Maroc ou en Lybie s'ajoutent aux malheurs de l'Afrique, sans que nos sociétés occidentales soient plus émues que ça, offrant une aide d'urgence, un soutien temporaire pour passer le cap. Mais avant ou après, la prédation des ressources de ces pays va continuer pour que nous puissions garder notre niveau de vie, fruit d'un progrès réalisé sur le dos des pays colonisés, pillés depuis le 15ème siècle au profit des puissants européens et américains, avec la complicité de parvenus  qui ont préféré leur soif d'or au bien être de leurs compatriotes miséreux. 


L'arrivée de milliers de réfugiés à Lampedusa au sud de l'Italie est la parfaite illustration des conséquences d'une histoire de soumission confrontée au dérèglement climatique. La tempête Daniel qui a sévit plusieurs jours en Méditerranée a empêché la traversée des boat-people depuis la Tunisie et la Lybie, mais les passeurs affairistes ne pouvaient pas perdre de temps. Une fois le calme revenu sur la mer, ils ont lancés tous les bateaux restés à quai plusieurs jours : c'est la raison principale de l'arrivée massive des réfugiés qui se serait étalée sur une plus longue période sans la tempête, et personne n'en aurait parlé. Alors, sur fond de conquête de pouvoirs dans nos démocraties, les responsables politiques, notamment d'extrême droite, ont fait feu de toute la démagogie possible pour crier à l'invasion, au grand remplacement, au pillage de nos campagnes (comme leurs ancêtres ont pillé les pays d'origine des réfugiés).  L'Italie est en première ligne face au problème humanitaire causé par ces arrivées régulières depuis plus de 10 ans, qui ont connu une baisse sensible ces dernières années avant de remonter cette année. L'arrivée au pouvoir des partis anti-migration n'a pas changé la donne, et ils appellent cette Europe dont ils ne veulent pas qu'elle s'immisce dans les affaires nationales à les aider à se sortir du problème dont leurs amis français ou des pays de l'Est tiennent à ce qu'il reste à l'intérieur des frontières de chaque état. Le chacun pour soi qui en dit long pour les méthodes de gouvernement qu'ils préconisent. On peut penser qu'une fois en place, seuls leurs amis seront concernés par leur politique : il n'y a qu'à regarder en Russie, en Chine, en Turquie comme cela se passe. Il vaut mieux être d'accord avec le chef, et tant pis pour la liberté. La visite du pape François à Marseille rappellera aux bons chrétiens qu'il n'y a pas de sélection dans le niveau des valeurs et que l'humanité aura plus à gagner en étant solidaire plutôt qu'à choisir ceux qui doivent être sauvés. 


Le faste de la visite royale de Charles III d'Angleterre en France, dont le dîner à Versailles, met en parallèle les inquiétudes de la plupart des citoyens face à l'inflation qui frappe le monde depuis près de deux ans. Le gouvernement palabre beaucoup pour limiter l'augmentation des prix en tentant de faire pression sur les producteurs et les distributeurs. L'effet est maigre, et la drôle d'idée de proposer de vendre à perte les carburants montre une certaine tension dans les ministères, autant qu'une réelle impuissance pour inverser la tendance. Après avoir annoncé la suppression du remboursement de certaines taxes sur le gasoil non routier (GNR) pour les professionnels en dehors du transport, comment peut-on demander à des commerçants de perdre de l'argent sur la vente du carburant ? et mettre en péril les pompistes indépendants ? 


Un des problèmes de ce pays, et des autres aussi certainement, c'est que les décideurs sont restés dans un monde idyllique et virtuel qui ressemble à celui du milieu du siècle dernier quand tout était possible. Pourtant, ce sont ces mêmes personnes qui créent les réglementations, les normes pour corriger les erreurs de ces époques et qui pénalisent l'investissement, soit par l'augmentation des coûts, soit par la durée des études obligatoires et des temps d'instruction des dossiers, et autres, qui démobilisent les plus motivés. Il serait temps de comprendre qu'en 2023, on ne raisonne plus comme en 1963, ou 1983. Les temps changent, vite, très vite. Il faut aller de l'avant sans trop regarder dans le rétroviseur car ce ne sera plus comme avant, quoi qu'on fasse, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise. 


Cet été, les manifestations festives ont été particulièrement bien fréquentées et on ressentait du plaisir chez les participants comme on ne l'avait pas vu depuis 2020. Le moral a remonté, parce qu'on ne peut rester déprimé sur la longueur. L'appréciation des petits plaisirs et d'être avec du monde reste une base du bonheur. J'ai rencontré et passé un peu de temps avec la jeunesse d'aujourd'hui, celle qui sort de la période de confinement et de crise, celle qui travaille au pays : sa mentalité est belle à voir. Les jeunes ont soif de vie, plus que de matérialité contrairement à la génération de leurs parents. Ils savent, ils ont compris les défis à relever. Je crois qu'ils sont prêts malgré les difficultés, et ils ont bien compris que rien ne pouvait se faire seul.  Certains d'entre eux se sont investis dans les associations pour animer le pays, et ils ont réussi à faire de belles choses pour toutes les générations. On peut avoir confiance en eux pour l'avenir, plus qu'en nos gouvernants hors sol pris en otage par les puissants de l'industrie, la finance, la technologie. 


Je vous laisse méditer, car il me faut penser à l'hiver et scier un peu de bois pour réchauffer la maison quand la mauvaise saison sera là. Et j'ai d'autres écritures à faire aussi. Pas le temps de s'ennuyer ! 

 

jeudi 17 août

 

La dernière partie de la période des vacances estivales est arrivée, la durée du jour raccourcit, l'annonce de la fête de Giat sont des signes qui ne trompent pas. C'est un temps où les touristes sont les plus nombreux dans le pays, pour autant, on n'a pas l'impression qu'il y a beaucoup de vacanciers. Il y en a cependant : les diverses manifestations de ces dernières semaines ont une affluence remarquée et il y a des têtes nouvelles. J'ai ainsi fait quelques rencontres intéressantes, dont de nouveaux habitants en Creuse qui ont l'air de bonne compagnie. Foire, fête, concerts, randonnées , et moments gourmands, sont au programme encore quelques temps avant de reprendre un autre rythme, plus sage. 


L'été n'est pas de tout repos dans l'actualité même si les médias sont en mode allégé. Le quotidien régional délaisse les pages locales au point de passer les annonces après la date programmée, de retarder des publications de plusieurs semaines, peut-être de ne pas les éditer : tout fout le camp, ma pov'dame. On ne pense qu'à soi même si ça contrarie les autres qui veulent bien être gentils, quitte à abuser en squattant de la place pour ne pas être déranger chez soi. Après on se plaindra des querelles de voisinage, pare que les contrariétés, ce n'est pas bon pour le moral et pour le sommeil. J'écris ça avant de partir faire une fête des voisins dans un beau village où la convibialité est exemplaire. 


Si cela semble être calme au pays de Giat, le monde est de plus en plus cahotique. Les catastrophes dites naturelles sont en forte expansion, conséquences d'un dérèglement climatique annoncé que les puissants ont voulu ignorer, faute de courage pour prendre les bonnes décisions, à cause des (gros) intérêts à court terme, laissant la responsabilité de gérer le désastre débutant aux générations suivantes. Souvent, je dis qu'on est bien chez nous, parce que regarder les incendies de forêt au Canada, en Grèce qui sont inimaginables, les inondations, les coulées de boues, les tornades, la grosse grêle, qui sont incroyables, il faut être heureux de vivre là où on ne subit pas ces traumatismes insurmontables. A cela, peut s'ajouter les guerres, les conflits, dans lesquels des hommes avides de pouvoir n'hésitent pas à sacrifier leurs peuples, à trucider les autres. Enfin, il reste encore une belle et méga éruption volcanique pour compléter le décor de fin du monde dont le peintre de l'univers commence le chef-d'œuvre. 


On va me dire que je suis pessimiste, que je ne suis pas gai en ce moment. Je passe du bon temps, j'en profite sans penser au lendemain, comme s'il fallait vivre pleinement le temps qui passe car il n'y a plus de certitudes. Il y a bien longtemps que j'ai fait mienne la devise "carpe diem", chaque jour suffisant à sa peine. Il va faire très chaud, je resterai à l'ombre et au plus frais possible, parce que ce qui ne sera pas fait aujourd'hui attendra demain : " aujourd'hui peut-être, ou alors demain. 
Ce sacré soleil me donne la flemme, j'écrierai ... té : après-demain...".

 

Jeudi 27 juillet

 

Ces dernières semaines ont été plus intenses que les précédentes et mon emploi du temps un peu plus chargé à cause d’un regain de manifestations dont découlent une série de reportages pour rendre compte aux lecteurs intéressés par la vie du pays de Giat. Cette relative augmentation des activités n’est pas exceptionnelle, c’est juste un retour à la vie d’avant la crise sanitaire de 2020. Mais il faut se remettre dans le bain avec trois ans de plus au compteur : la réadaptation au rythme estival est plus lente que par le passé. Il y a dix ans, j’aurais pu prétendre à la retraite, mais en 2023, je dois cotiser encore plus de trente mois : les acquis sociaux du siècle dernier se réduisent un peu plus chaque année. Et il me faut rassurer les visiteurs sur ma capacité d'observation du monde, de ma compréhension des choses, de mon interprétation qui ne vaut que ce qu'on veut bien l'estimer. 


Ce qui nous ramène à l’actualité nationale : la réforme des retraites est donc passée, actée et le gouvernement s’est sorti de cette mauvaise passe non sans mal grâce aux artifices constitutionnels. Dans les cent jours décrétés par le président pour définir une pause politique et atténuer les tensions avant de prendre la parole pour s'adresser aux français, il n'y aura pas eu de miracle. Certes, les actions de lutte ont cessé, et du côté du front social, la trêve est une réalité, renforcée par le temps des vacances. Mais ce n'est toujours pas une joie délirante qui parcours les territoires : les émeutes qui ont suivies les incidents de banlieue ont été virulentes, et le déploiement important des forces de l'ordre ont permis le retour à la paix dans les grandes villes, et garanti la célébration de la fête nationale sans incidents. Une réorganisation du gouvernement, avec des postes affectés à des technocrates en place de personnalités de la société civile, sans changement de première ministre, doit rendre la gestion du pays plus efficace selon le président qui veut de l'ordre et de l'autorité renforcer les missions de l’Éducation nationale, poursuivre plus fort et plus vite la transition énergétique, développer la relocalisation des industries. La parole présidentielle n'est plus écoutée si on en croit les retours, la parole politique de l'opposition non plus tant qu'il n'y aura pas de proposition et que de la contestation, le citoyen ne se reconnaîtra pas dans ceux sensés le représenter. 


Alors, chacun a ses propres préoccupations, et les médias font la une avec les malheurs du monde ; la guerre en Ukraine n'a plus l'attention qu'il faudrait car elle est encore un facteur majeur de la géopolitioque mondiale qui nous concerne ; les effets de la sécheresse et de la canicule autour de la Méditerranée occupent les rédactions par l'intensité des incendies de forêts qui se propagent un peu partout, semant la destruction et la mort parfois; l'économie tangue sous l'effet d'une inflation pernicieuse qui réduit les pouvoirs d'achat des consommateurs sans pour autant diminuer les revenus des actionnaires du monde libéral. Cependant, le monde continue de tourner comme si de rien n'était, les dirigeants de la planète restant sourds et aveugles aux changements qui s'opèrent, bien assis sur leurs certitudes d'un autre temps. 


Et bien, nous aussi, pour le moment, nous  gardons nos habitudes parce qu'après tout, chez nous, on est bien et ça ne va pas si mal que ça. 

 

 

 

 

 

 

 Édition du 3 octobre 

Transports régionaux

Ligne 259

Felletin - Clermont-Fd

TER17

 

Ligne R12

Ussel - Montluçon

TER12

 

Ligne 53

Giat-Clermont-Fd

Transdôme53

 

Ligne 46

Ussel - Clermont-Fd

AURAbus 46

01/09/2024    

Stat

la fréquentation moyenne actuelle s'établit à  

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-->la deux millionième le 28 avril 2030

(recherche successeur)

 

 

 

La chenille du paon de nuit observée par Alain et Maryse R. 

Condat en Combraille - 8 août 

 

Elle s'est transformée depuis :

la chenille est devenue larve 

image du 25 août

Vestiges de l'agriculture d'antan - Saint-Avit

Plus d'infos, plus de précisions dans le quotidien régional La Montagne. Chez les dépositaires ou sur http://www.lamontagne.fr